WITH MERCY

J’aurais pu m’y prendre un petit peu plus tôt, mais je n’avais pas trouver le courage. Et oui, il m’arrivait d’avoir des baisses de régimes de temps en temps. Je faisais déjà le rangement de la chambre ainsi que le ménage, puis la cuisine. Non pas que ça me dérange de faire tout ça, car rendre service aux autres me fait plaisir, mais personne ne devait se plaindre du fait que je prenne un peu de retard. De toute façon, personne ne se préoccupait de ce genre de petits détails et je n’étais même pas sûr que les candidats connaissent cette pièce, en même temps je pensais aussi que la production allait nous laver nos vêtements. Il ne fallait pas trop rêver, nous n’étions pas en colonie de vacances. Ce qui y mettront les pieds seront les plus curieux et ça avait été mon cas il y a quelques jours de cela. Aujourd’hui, une corbeille de linge dans les bras, je m’y l’intégralité du contenu dans la machine à laver avant de la fermer et de la lancer. Le temps qu’elle tourne, je pouvais vaquer à des occupations bien plus instructives que regarder un tambour tourner pendant une heure. Ma poignet sur la porte, je la poussa avant de me retrouver nez à nez avec Mercy, ma partenaire. Je reculai pour éviter de la percuté, pris de surprise. « Hey ! Tu allais toi aussi… » je me tournais vers les machines à laver lui faisant comprendre ainsi la fin de ma question. Si elle aussi comptait venir ici pour laver son linge.

Je n'avais jamais été fan du ménage. J'étais et je serais toujours la plus grosse des flemmardes en ce monde. Cela ne me dérangeait pas, de vivre dans un capharnaüm. J'évitais juste d'inviter des gens chez moi, car mon appartement regorgeait de saleté en tout genre. Cendres de cigarettes, bouteilles de whisky, de vodka, canettes de bières, sous-vêtements laissés dans un coin à la volée... Il fut un temps où je nettoyais mes affaires quotidiennement mais lorsque la poussière a prit le dessus, je ne savais plus par où commencer. Alors, en arrivant ici, je m'étais dit que je pourrais tranquillement continuer à tracer mon chemin avec mes cochonneries mais la production n'était pas du même avis. Je croyais que du personnel allait s'occuper des tâches ménagères. Mais ce n'était pas le cas. Alors que j'avais déjà goûté au rangement et à la vaisselle, je devais en plus faire la lessive. Et pas seulement la mienne, en plus ! Au début, j'avais laissé les autres laver mes fringues, me les repasser, mais ma flemmardise n'était pas passer inaperçue et on m'avait vite remarquée. J'étais donc là, portant une énorme corbeille remplie à ras bord, essayant tant bien que mal d'ouvrir la porte de la buanderie. Alors que j'avais enfin réussi à attraper la poignée, la porte s'ouvrit brusquement, laissant apparaître Elias, mon binôme. « Hey ! Tu allais toi aussi… » fit-il en désignant les machines à laver. J’acquiesçais en hochant la tête et laissais m'échapper un long et larmoyant soupir. Je posais le panier à linge par terre. « Malheureusement pour moi... Tu sais comment ça marche, ces trucs là ? » dis-je, en pointant du doigt les grosses montres de ferrailles blanches qui émettaient déjà un bruit de tonnerre.

La réponse était évidente en voyant la demoiselle munie de sa grosse panière à linges. Je regardais les grosses machines à lavées capable de contenir le linge de toute une équipe et la laissa pénétrer dans la buanderie, posant sa corbeille par terre. Ce devait être lourd, mais je ne sous-estimais pas sa force. Je m’emparais de la corbeille, la posant à côté d’une machine libre. Ce serait bien plus simple de la mettre à hauteur d’Homme plutôt que de devoir se baisser à chaque fois, c’était un coup à se coincer ou encore se casser le dos. « Je vais t’aider si tu veux » dis-je un sourire aux lèvres tandis que je m’étais les premiers vêtements dans le trous de l’électroménager. J’avoue avoir moi-même demandé au début, à la production, le fonctionnement de ces gros tas de ferraille, mais au final, avec le coup de main, c’était un jeu d’enfant. « Tu es du genre à faire le ménage souvent ou pas ? » à la tête de Mercy, ça m’avait mis le doute, je ne savais pas si elle était du genre maniaque ou bien tout le contraire, mais autant en apprendre d’avantage sur sa personne.

Pourquoi ma vie était-elle un mensonge ? Cette question tournait en boucle dans ma tête. J'avais menti à tout le monde. J'avais caché la vraie moi au fond d'un tiroir, un jour, et elle n'est jamais ressortie. L'autre Mercy. La fille simple, celle qui aime rigoler, qui déteste la cigarette et les alcools. Elle ne s'était pas montrée depuis tellement longtemps. C'était malheureux pour elle. La fumée des pétards que j'avais fumé l'avait emprisonnée, l'avait blessée. Était-elle morte ? Quelqu'un réussira t-il à la retrouver ? Si seulement je croyais un tant soit peu à la magie de l'amour. L'autre moi pouvait aimer comme personne. Sauf que je n'étais plus cette jeune fille et je faisais croire à Elias qu'il pouvait espérer quelque chose de moi. Je n'étais qu'une lâche. « Je vais t’aider si tu veux » me dit-il avec un sourire. Non, non, ne m'aide pas et va t-en. Pars en courant, j'ai déjà fait trop de mal autour de moi. Je suis trop dangereuse pour les autres. « Oui, je veux bien. » fis-je, malgré moi. « Tu es du genre à faire le ménage souvent ou pas ? » Très drôle ! Moi, faire le ménage ? Il se fout de moi, c'est ça ? Je secouais la tête, et baissais les yeux. « Franchement, non pas du tout. Je ne m'occupe de tout ça que très rarement. » Pour pas dire jamais. Je désignais du menton la corbeille qu'il avait gentiment déplacé. « Et toi? »

J’avais visé juste, mais au départ je ne voulais pas mettre des jugements de valeurs sur la demoiselle. Le fait de ne pas savoir s’utiliser de ces grosses machines ne voulaient absolument rien dire, vu que moi-même j’avais eu besoin de quelques explications et pourtant, le ménage et moi, ça me connaît. Légèrement maniaque, la chambre des Abelia se trouvait être tout le temps rangée, ne pouvant supporter de nous retrouver dans un bazar monstre. « Oui, au moins une fois par semaine » lui avouais-je. Suite aux clichés mis dans la tête des gens, les hommes n’étaient pas fait pour le ménage, c’était soit disant réservé aux filles et d’ailleurs, ils ne savaient même pas se servir d’un balai, moi je n’étais pas d’accord du tout. Je faisais le ménage comme toute personne normale et en même temps, vivant seul chez moi, je n’avais pas franchement le choix. Je venais tout juste de finir de mettre les vêtements de la corbeille à l’intérieur, les entassant bien comme il le fallait, avant de la refermer. « Tu veux que je t’explique comme ça fonctionne ? » mon index venait désigner la machine à laver, poussant alors un peu plus loin, le panier.

Je n'étais pas celle que je laissais croire. J’espérais qu'Elias ne se suffise pas de la Mercy à la surface. Qu'il chercherait plus loin que celle qui ne savait ni faire la vaisselle, ni le ménage, qui pouvait embrasser n'importe qui sans gêne. Celle qui se baladait en soutien-gorge dans toute la maison et qui n'en n'avait rien à foutre. Celle qui ne manquait pas une seule occasion pour se bourrer la gueule. Parce que, pour une fois je ne vais pas vous mentir, je suis plus que ça. Il fallait seulement persévérer pour voir la vraie moi montrer le bout de son nez. Si j'avais été mise en binôme avec Elias, ce n'était sûrement pas pour rien. Il avait des points communs avec l'autre moi, celle qui tapit dans l'ombre, attendait son heure. Il était serviable, intelligent et beau. Il avait tout pour lui. Mais lui faire confiance était certainement une autre paire de manches. « Oui, au moins une fois par semaine » avoua t-il. Mais il savait tout faire ou quoi ? Il mit gentiment mon linge dans la machine à laver et me demanda si je voulais qu'il m'explique son fonctionnement. Je hochais la tête alors qu'il désignait la machine de son index. « Ça sera sympa de ta part. Je suis un peu perdue, entre tout ces trucs. » fis-je, en regardant avec incompréhension le devant du gros engin blanc, rempli de boutons de différentes couleurs et tailles.

« Tu verras, c’est moins compliqué que ça en à l’air, moi-même j’étais perdu en voyant ces lave-linge » dis-je en rigolant. C’était aussi pour la rassurer, comme quoi elle n’était pas la seule à être effrayé devant ce genre d’engin. J’avais à présent toute son intention et lui expliquait, mêlant les gestes à mes paroles, comment fonctionnait cet électro-ménagé en espérant être le plus clair possible. En quelques secondes c’était fini. Après avoir tourner le bouton sur le bon degré, j’appuyai sur le bouton marche et me retourna vers la demoiselle. « Maintenant tu pourras le faire toute seule » lui dis-je en souriant. « Sinon, tu te plais bien ici ? Tes camarades de chambres ne sont pas trop dur ? » mon regard se posa directement sur la panière à linge à présent vide. À en observer la situation, ils lui avaient refiler les tâches ménagères. Mais, je voulais aussi savoir comment allait le moral de ma partenaire depuis le début de l’aventure.