WITH GABRIEL

Je n’étais aller qu’une seule fois dans la salle de jeu et j’avais pu jouer une agréable partie d’échec en compagnie de Sunny. Sunny qui n’était plus là d’ailleurs, mais je trouverais sans doute d’autres candidats adepte de ce jeux de réflexion et stratégie. Après tout chaque semaine des candidats savent très bien nous montrer à quel point ils savent être stratégique. Je venais d’entrer le premier et à quelques minutes d’intervalles Gabriel fit de même. « Hey ! » notre dernière conversation remontait à la semaine dernière où nous avions pu parler secret, mais plus précisément où nous avions put poser des questions sur le secret de l’autre. Ça avait d’ailleurs suscité par la suite, le buzz de Gabriel. Maintenant il était temps de se la jouer stratégique avec un bon jeu d’échec. Après l’avoir saluer, une question me passa par la tête. Une question qui me turlupinait. « Dit moi Gabriel, tu n’as jamais parler de ton petit séjour dans la pièce secret, j’aimerais bien savoir qu’est-ce que tu faisais toute la journée là-bas » nous nous étions sûrement tous posé la question de savoir quel était son rôle là bas.

Ô grand jamais je n’ai mis les pieds dans cette salle. Du moment que j’ai su qu’elle n’abritait qu’un jeu d’échecs, je l’avais fui. Allez-y, prenez moi pour un illettré qui fuit toute forme d’exercice intellectuel, je dirais rien. Quoi qu’il en soit, je m’y rendais aujourd’hui. J’entrais dans la pièce juste après Elias ; lui, en revanche, je n’étais pas étonné de le voir ici. Je suppose que cela doit être son truc, les échecs. J’arrivais son conviction, les mains dans les poches ; mon regard, lourd, se posa avec lassitude sur l’autre candidat. « Salut. » je lui réponds mollement. Après tout, les banalités, je m’en passe. Directement, Elias me demande ce que j’avais fait durant la semaine où j’avais été isolé du jeu. Semaine que j’aimerais tout autant oublier vu à quel point je m’étais ennuyé. « Pas grand-chose. J’ai joué avec des balles en boules de chaussettes tout en vous regardant à la télévision, puis Asling et Charlize sont venus me violer à tour de rôle. » Plaisanterie de mauvais goût. J’étais relativement amer aujourd’hui, c’était sûrement pour ça. Je ne souriais même pas à ma propre connerie. Moi qui sais si bien me trouver con au point d’en rire tout seul. Je passe à côté d’Elias et m’installe sur une des chaises qui borde le plateau de jeu, côté des pions noirs. Je pose le coude sur la table, le menton au creux de ma main, tandis que de l’autre je jouais avec l’un des fous du jeu face à moi. Le doigt sur le sommet de la pièce, je le faisais tourner sur son propre socle inlassablement. A la réflexion, j’aimais bien cette pièce. Pas trop de bruit, pas trop de lumière, pas trop de gens.

Gabriel avait l’air extrêmement blasé aujourd’hui. Soit c’était moi qui l’ennuyait tellement qu’il faisait la gueule en me voyant, ou bien il pouvait s’être levé du mauvais pied, avoir mal dormi ou encore être encore fatigué. Je n’avais pas oublié que Gabriel affectionnait beaucoup les grasses matinées. Un salut des moins agréable à entendre, mais soit. J’avais continué sur ma lancé avec l’une des nombreuses questions qui me turlupinaient et je trouvais ça étrange que Taziah l’est envoyé dans une pièce secrète sans but précis. Il me répondit en blaguant. Blagues qui était pour lui, même pas drôle. Je le regardais s’asseoir mollement à la table de l’échiquier avant de jouer avec l’un de pion se trouvant sur le plateau de jeu. « Donc ils t’ont envoyés là bas sans but précis ? » je tournai autour de la table avant de venir m’asseoir en face de lui et regarder ses faits et gestes. « Tu sais que ce n’est pas comme ça qu’on joue » demandais-je innocemment en le voyant martyriser le fou.

La logique de la question d’Elias était à couper le souffle, dites-moi. J’ai dû me gourer, ce mec est agent du FBI en réalité. Implacable. Oui, si je n’ai rien fait de spécial dans cette pièce annexe, c’est que j’y étais sans but. Ou alors, il y en avait un, et je n’étais même pas au courant. « On dirait ouais. Faut continuer de mener l’enquête, Sherlock. » On dirait que je me fous rien qu’un peu de lui. Faut dire que lorsque je suis dans cette humeur, pas loin d’être complètement blasé, je ne deviens pas de la meilleure des compagnies. J’redeviens un bon gros chieur. Je fais mumuse bêtement avec les pièces de l’échiquier, quand Elias me fait remarquer qu’on ne joue pas comme ça. « Sans blague ? » je rétorque plus froidement que prévu. Il a fini d’me prendre pour un idiot ? « Allez, j’te fous ta pâtée, on va voir lequel peut dire à l’autre comment on joue. » A moins que ce mec soit champion d’échecs, il n’avait pas l’ombre d’une chance.

Bon, je laissais tomber la question de la pièce secrète et toute autre question, car de toute évidence Gabriel était loin d’être de bonne humeur et en général, j’évitais d’adresser la parole aux personnes s’étant levé du mauvais pied. Je préférais les laisser ronchonner dans leur coin et surtout, une chose que j’évitais de faire, leur demander qu’est-ce qu’ils avaient. J’aurais très bien pu prendre la décision de me lever et partir de cette pièce le laissant dans son coin histoire qu’il aille mieux, mais j’avais mis les pieds ici bien avant lui et ne pouvait refuser une partie d’échec avec le candidat. « Si tu veux… » dis-je d’une voix lasse dut aux propos qu’il tenait. La prochaine qu’il se lève plus tard, il sera sûrement de meilleure humeur !

Pouah, ct’élan de conviction et d’enthousiasme dans la voix d’Elias ; je me demande à quoi ça servirait que je sois de meilleure humeur pour le coup. Passant vite là-dessus, j’hausse les épaules et remets mon fou à sa place. Ayant les pièces noires, je ne pourrais jouer qu’après le premier tour de l’autre candidat. J’avais donc tout le temps de choisir en combien de coups j’allais le mettre en échec. D’un côté, j’avais bien envie de véritablement lui mettre une pâtée rapide et efficace. De l’autre, cela risquait d’être plus amusant de prendre mon temps. Qu’Elias puisse gagner ? Très drôle. « Tu commences. » je lance. Sa pièce bougée, je laissais quelques secondes s’écouler, regardant le plateau l’air plus las que concentré. « Simple curiosité, pourquoi c’est à mon équipe que tu as décidé d’ôter les points, au prime ? » je demandais en avançant un pion. Pas que ça m’ai fait chier, hein. Ca ne change rien, j’suis nominé. Mais il aurait pu jeter son dévolu sur les deux autres équipes, or c’est sur nous que son choix s’est arrêté. J’imaginais qu’un gars comme lui ne prenait pas cette décision à la plouf.

Vu que c’était à moi de commencer, je commençai par faire avancer d’une case un pion banal en case 2H jusqu’à la case 3H. Je laissai par la suite le candidat opérer sa stratégie. Vu comment il était sûr de lui, ça ne m’étonnerais même pas qu’il soit super fort à ce jeu contrairement à moi. Je me concentrais plus sur la conversation que sur le jeu en lui-même. Était-ce pour cette raison que j’avais l’impression qu’il me faisait la gueule ? Aucune idée, mais peut-être l’avait-il mal pris, mais lui dire mes raisons n’étaient pas une bonne idée, car ça me mettrais en danger. « Et bien disons que j’avais mes raisons. Des raisons que je ne te donnerais pas par contre » dis-je un sourire aux lèvres. Je préférais le lui faire savoir directement. J’espérais qu’il n’était pas l’un de ses mauvais joueurs n’acceptant pas d’être nominer, trouvant aucune raison valable alors qu’il ne se trouvait pas dans la tête de l’autre. Je le regardais bouger l’un des pions de l’échiquier, me concentrant un minimum sur le jeu.

Son premier coup ne rime à rien, c’est presque drôle. Mais je me contente d’hausser les épaules en choisissant finalement de le finir en trois coups. Déplaçant mon pion des cases 7E à 5E d’un geste las, faisant doucement glisser la pièce sur l’échiquier, j’en profitais pour poser la question qui me trottait dans la tête depuis le prime. Je pouvais comprendre qu’il ne veuille pas ôter les points aux Swainsona, l’équipe de son binôme. Mais, que je sache, il ne s’était pris d’amour pour personne chez les Sollya. Cassiopée, peut-être ? Quoi qu’il en soit, j’avais envie de connaitre ses motivations. Que dalle, il ne dira rien. Mon regard roule au plafond. Soit le vieux chêne nous pond une stratégie de la mort qui tue. Soit il n’en a pas assez dans le pantalon pour assumer. « Je vois. » Non, pas du tout, mais bon. Un soupir m’échappe. D’un signe de tête, je lui indique que c’est à son tour de jouer. « C’est le contrôle du centre du plateau, le plus important. » je lui donne comme conseil. Parce que pour commencer par le bord sans même dégager correctement sa tour, faut rien y connaître.

Ça m’arrangea qu’il ne veuille pas chercher plus loin, car je n’avais aucune envie d’en dire plus et puis de toute façon, je n’avais à me justifier auprès de personne et n’avais aucun compte à rendre à personne dans leur équipe. Je n’avais pas de lien bien précis avec les gens de leur équipe, mais ce n’était aucunement pour cette raison que je les avais handicapé pour cette semaine. Bref, je le regardais jouer et soupirai. En fait je n’avais pas spécialement la tête à faire une partie d’échec, mais si cela pouvait me permettre de discuter avec ce dernier. Enfin, discuter est un bien grand mot. « J’adore voir les candidat super heureux d’être ici, ça fait plaisir de les côtoyer ! » dis-je avec ironie. Je crois bien que c’était la première fois de l’aventure que je m’adressais à un candidat de la sorte. Je décidais néanmoins de suivre son conseil en dégageant ma tour.

J’veux pas le croire. Non, vraiment, essayer de faire passer ma mauvaise humeur, et devoir se prendre un sarcasme d’Elias en retour, faut le faire. Lassé, blasé, je lui lance un regard foncièrement mauvais. Au moins, je ne me sens plus comme le plus idiot de nous deux. Faut vraiment être un crétin pour répondre ainsi à mes paroles. Sérieusement, s’il ne voulait pas se coltiner un mec mal luné, il dégageait vite fait. Je n’allais pas le retenir. Surtout lorsque ses mots sont ont ne peut plus mal venus me concernant, quand on voit que je ne suis certainement pas le candidat le plus souvent aussi blasé. Qu’il aille faire ses remarques aux pourris jamais contents qui pullulent dans le coin, il aura l’air moins con. Rapidement, j’avance le fou du roi en 4B, et tant que j’y suis, je m’occupe aussi du tour d’Elias en avançant le pion du roi. Reine en H4. Deux coups plus tard. « Echec et mat. » Sur ce, je recule ma chaise en la laissant grincer sur le parquet et pose mes pieds sur la table de jeu, comme à mon habite, envoyer balader quelques pièces. J’hausse les épaules. « Pas tout le monde s’appelle Elias, hein ? » répétais-je. Oui, pas tout le monde n’a le sourire en permanence, est à l’écoute comme un vrai psy. Pas tout le monde peut atteindre ce degré d’hypocrisie. « T’en a pas marre de jouer les irréprochables ? Tu vas finir par en devenir chiant. » je lance avec toute la franchise dont je suis capable. Parce que non, je veux pas croire qu’Elias est aussi niais qu’un émissaire de Green Peace hors de ces murs. Au pire, si personne ne se dévouait pour lui dire qu'il serait temps de faire semblant d'avoir plus de personnalité que ça, je m'en charge volontiers.

Je le regardais éjecté mon pion suite à échec et mat. Avec un manque de civilisation, il décidai de poser ses deux pieds sur la table de jeu, mon regard ahurit par se comporter qui reflétait bien les jeunes et leur éducation de nos jours. Enfin, ce n’était pas mon rôle de lui faire son éducation et je n’avais aucun doute sur les leçons qu’avait du donner sa mère il y a quelques années, c’était juste un irrespectueux et ce n’était pas la première fois qu’il se comportait ainsi. Sa question rhétorique me fit plus rire qu’autre chose. Je n’étais pas une personne à suivre, loin de là et je ne prétendais pas être l’être humain parfait. J’étais d’ailleurs loin de l’être. J’écoutais alors les reproches de mon camarade. Je ne savais pas s’il pensait vraiment ça ou bien si c’était parce qu’il s’était levé du mauvais pied ce matin, mais la gentillesse était loin de faire parti de son vocabulaire aujourd’hui. « Désolé d’avoir apprit à savoir vivre en société et ne pas me comporter comme un parfait immature. » je me levai de ma chaise ayant assez marre de rester dans cette pièce où il y avait à mon goût, beaucoup trop de tension. « Je ne sais pas si c’est parce que tu as mal dormi ou bien parce que tu as décidé de changer de caractère en espérant aller plus loin dans le jeu que tu es devenu comme ça, mais en tout cas-tu devrais passer tes nerfs tout seul ou autre possibilité, essayer de grandir un peu. » je lui tournais les talons avant de me diriger vers la sortie.