Les nominations, les nominations. Dans notre villa ce mot était sur toutes les lèvres. Aucun Waratah n'avait, vendredi soir, envie de partir mais c'était le jeu. Je sentais que mon heure était bientôt arrivée et que je n'allais pas tarder à rejoindre le sas de la villa. Mais en attendant, il fallait prévoir l'avenir et c'était pour cette raison que j'avais donnée rendez-vous à Gabriel dans le dressing. Je commençais alors à fouiller dans les piles de vêtements, faisant semblant de chercher quelque chose. Alors que je fouinais, j'entendis la porte s'ouvrir. Ainsi avec une certaine angoisse j'attendais le signal pour me retourner et commencer cette discussion qui promettait d'être fort intéressante.

Je viens tout juste de donner mon vote pour les nominations, le cœur plutôt serré. Obligé de voter contre Cleveland, autant qu’il était obligé de voter contre moi. La position était délicate. Mais j’espérais encore pouvoir faire sortir Sly. C’était un plan idéaliste, je pense. Allons, on allait pas non plus se détruire le moral pour ça. Je me suis promis que le jeu resterait un jeu. Suite à mon vote, j’avais rendez-vous avec Cleveland. Il avait insisté pour que je le retrouve dans le dressing. Je ne savais pas pourquoi, mais je m’exécutais. Mains dans les poches, je me rendais dans la chambre et entrais dans cette pièce envahit avant tout par les affaires des demoiselles. En plein milieu, le doyen de l’émission fouinait à la recherche de je ne sais quoi. Je toussote pour faire remarquer ma présence. « Clev, tu voulais m’voir ? » Eh bien, me voilà.

Gabriel arriva assez rapidement derrière moi. Je l'accueillis avec un sourire aux lèvres. Il commença par un tonitruant me voilà. Il était temps que ma stratégie commence, je lui expliquais donc les raisons de ce rendez-vous :

Oui je désirais te voir. Vendredi soir, je pense que j'ai d'énorme chance de partir. J'aimerais donc si possible, te donner mes préférences pour qu'après mon départ, ça fasse comme dans Koh-Lanta. Tu sais, que l'éliminé, moi, puisse après sa nomination se "venger". Ainsi, j'aimerais qu'après mon départ vous fassiez tous pour dégager Beau. J'aimerais aussi si je devais partir que vous fassiez tous pour aller en final.

Ce discours n'était pas sans grand éclat, je l'avoue. Mais il était préparé, il faut toujours commencer par des banalités pour baisser la garde et ainsi pouvoir par la suite parler des sujets qui fâchent, soit l'équipe Waratah et la vision que j'ai d'elle.

Nonchalant, je me pose près de la porte et m’appuie l’épaule sur le cadre, les bras croisés. J’observe Cleveland, plutôt dubitatif, mais non sans un petit sourire amical. Je l’écoute m’avouer qu’il pense partir vendredi. Je le pense aussi. J’espère que Sly partira, mais c’est sans grande conviction. Rien ne sert de jouer l’aveugle. J’acquiesce donc d’un signe de tête à ces premiers mots, pour dire que j’écoute avec attention. Puis il annonce qu’il aimerait que l’équipe, après cet hypothétique départ, le venge. « Beau est certainement le pire narcissique que j’ai jamais rencontré, mais je l’aime bien en tant que joueur. Et l’éliminer ne dépends pas uniquement de nous. Mais il faudra bien le pousser vers la sortie un jour. Donc je verrais avec l’équipe ce qu’il en est. » C’est aussi à eux de décider qui ils veulent voir sortir. Mais je ne doute pas que la vengeance les motive. Quoi que je ne vois pas en quoi cette vengeance soit nécessaire ; ce n’était pas Beau qui poussait Cleveland vers la sortie. J’hausse les épaules. Bien, ensuite ? Aller en finale. Je me mets à rire. « C’était déjà au programme, ça ! » Sans aucun doute là-dessus. N’oublions pas, néanmoins, qu’il n’y a qu’un seul gagnant.