Ce matin, je m'étais réveillée tôt. J'avais eu envie de profiter de la douceur matinale, avant qu'elle laisse place au chaos infernal de la journée. Il faisait déjà une chaleur insoutenable, coutume à l'Australie. Afin de ne pas traîner en sous vêtement toute la journée, il fallait que je passe par la chambre des Waratah pour aller jusqu'au dressing, où était empilés mes vêtements. Les brillants architectes qui avaient construit les villas ne semblaient pas avoir imaginé la tonne d'affaire que chaque candidat avait emporté. En revenant de la pièce, je vis quelqu'un assis sur le bord de son lit. La plupart des Waratah paraissaient s'être réveillés, j'avais dû prendre plus de temps à choisir ma tenue que je l'avais cru. « Lizzie ? » dis-je en apercevant les cheveux bruns de la demoiselle.

Spoiler:

Une bonne partie de la nuit, je n'ai pas pu dormir. Et cette fois, les ronflements de Cleve n'y étaient pour rien. Ils avaient d'ailleurs diminué. Non, j'avais la rage. J'étais triste aussi.. Un mix des deux peut être. Gabriel était parti. C'était un des gens avec lesquels je m'entendais le mieux, c'était un gars super, et pire que tout, c'était le chef de mon équipe. J'avais même pas pu lui dire au revoir, à cause de cette prod de merde qui m'avait laissée enfermée dans le confess presque toute la soirée.. Oui, j'avais la haine. Et tout de suite après le prime, j'me suis cassée, sans rien dire à personne. d'ailleurs, j'étais pas d'humeur à parler à quiconque, là. Mais c'était sans compter sur Mercy. Après un léger sursaut au son de sa voix, je me suis retournée, essayant de lui sourire, mais rien ne vint. j'avais pas envie de sourire. « Ah, c'est toi. » dis-je d'un ton plat, calme... Qui me ressemblait pas, en fait.

Vendredi dernier, durant le prime, le téléphone rouge avait fait des ravages, surtout chez les Waratah. En plus d'avoir perdu cinquante points et d'être nominables cette semaine, ils avaient perdu leur chez, Gabriel, plus ou moins à cause de Lou-Amstrong. Taziah avait demandé à la jeune fille de passer le téléphone à la personne de son choix. Le pauvre Gabriel a eu le malheur d'être choisi et donc de devoir quitter immédiatement le jeu... Pendant ce prime, je n'avais d'ailleurs qu'à peine aperçu Lizzie. Je m'approchais de cette dernière et m'assis à ses côtés, sur son lit. « Oui. Ça va ? » demandais-je, en bonne amie.

« Ca a l'air d'aller ? » demandais-je d'une voix que je voulais non-agressive. J'avais rien contre Mercy, au contraire, j'aimais vraiment bien cette fille.. Devant les caméras quoi. Non mais sérieux, elle était cool Mercy, et puis là elle s'inquiétait pour moi j'suppose alors c'était sympa de sa part. Mais franchement, j'aimais pas que les gens me voient comme ça. Aussi triste, aussi.. perdue. Ouais perdue, c'était le mot. Je crois que j'étais encore en état de choc en fait. « Ce jeu est vraiment.. Imprévisible. » dis-je en soupirant. J'avais bien envie d'me bouffer quelques daims, là maintenant tout de suite.

Cette fille était vraiment... Bizarre. Un coup, elle était sympa, à fond dans le jeu et tout et là, elle est totalement démoralisée. Je savais pas trop comment le prendre. J'avais toujours été une amie fidèle, moi. Mais là, elle me donnait plutôt envie de partir en courant. Je voyais qu'elle n'allait pas bien du tout. Je la comprenais, tout de même. Perdre un ami, un allié, en quelques secondes, ça fait mal. Mais il n'était pas mort, non plus, et même si c'était le cas, la vie continue. Show must go on, tu connais ? « Tu l'a dis. Mais je ne pense que que ce soit une bonne idée de broyer du noir, tu sais. La vie est courte, faut en profiter. » dis-je, avec un sourire. Si elle était là, c'était pour jouer l'aventure à 100%, non pas pour se morfondre.

je restais pensive quelques secondes. C'est vrai que ça ne me ressemble absolument pas de me morfondre pour si peu. certes, je tenais beaucoup à Gabe, mais si j'étais venue c'était avant tout pour gagner. D'ailleurs, je n'avais pas l'intention de m'attacher à quiconque. Mais bon, c'est comme ça. En fait je crois que c'est plus le choc de savoir après coup qu'il était parti, sans lui avoir dit au revoir ni quoi que ce soit, qui m'a un peu laminé le moral. Mais Mercy avait raison, c'était clair. « C'est pas faux. » je lui adressai un petit sourire, un vrai cette fois. « C'est juste le choc t'sais. Mais je m'en remettrai. » On s'en remet toujours hein ! Et Mercy était bien placée pour le savoir j'pense.

J'étais bien placée pour savoir que chaque chat finit toujours par retomber sur ses pattes. On peut tenter de lui porter secours, cela lui fera plus de mal que de bien. Malheureusement, nous, les filles, on ne ressemblait en rien à ces félins-ci. Quand on rencontrait un chagrin quelconque, on appréciait avec une oreille à laquelle se confier, une épaule sur laquelle pleurer, des bras où se reposer. (…) J'avais tellement pleuré sur des chansons d'amour, j'avais tellement brûlé de lettres d'amour, de déclarations à deux balles. Encore aujourd'hui, la plaie ne s'est jamais refermée. Elle ne se refermera sans doute jamais. Les hommes font mal et j'ai compris que l'amour n'était pas fait pour moi. J’esquissais un sourire et passais ma main sur celle de Lizzie, compatissante, avec un soupir. « Quoi de neuf, sinon, meuf ? » Après tout, fallait bien remplir les vides, non ?

A la réflexion, il fallait pas que je me laisse aller. J'étais dans un jeu bordel. Puis Gabe aurait sûrement pas aimé que les gens se morfondent pour lui. En plus j'étais loin d'être une pleureuse, moi. EYE OF THE TIGER ouais ! Le truc c'est que dans cette maison, tout change si vite qu'on est vite décontenancé, et être enfermé H24 avec des gens qu'on n'apprécie pas forcément, c'est pas toujours la joie. Je haussai les épaules, croisant le regard de Mercy. « Bof rien de spé. j'ai juste hâte que le prime se finisse. J'ai un peu peur. » au moins avec un peu de chance, personne de l'équipe sera nominable cette semaine.