faites place à la ligue anti nuisances sonores !

« RRRRRRRRRRrrrrrRRRRRRR » des putain de ronflements, à faire genre trembler les murs, un putain de séisme qui bien sûr, m'avait réveillée. Depuis bientôt une heure, j'essayais de me rendormir, mais avec ce boucan, c'était juste IMPOSSIBLE. J'avais essayé toutes les positions dans mon lit, avait mis mes écouteurs, des boules quiès, avait foutu mon oreiller sur mes oreilles.. Rien-à-faire. J'vous jure, c'était Hiroshima dans la chambre Waratah. Pour être en paix, j'étais presque tentée de dormir dans le canapé du salon... Quitte à avoir la colonne vertébrale niquée le lendemain. « pffffffff. » je poussai un long soupir d'exaspération. En plus, je savais très bien qui était à l'origine de ce bruit insupportable. « Cleve, demain je vais te tuer. Tu m'entends ? JE TE TUE. » dis-je à voix basse, pour ne pas réveiller les autres quand même, eux au moins avaient la chance de continuer à dormir, contrairement à moi. je doutais que quiconque me réponde, et Cleve en particulier, vu comment il avait l'air de bien dormir... Mais un autre soupir se fit entendre à l'autre bout de la chambre. Je pensais me rappeler qui dormait là bas, et relevai la tête de sous mon oreiller pour scruter l'obscurité, chuchotant : « Abbie ? » c'était rassurant que je ne sois pas la seule à bout de nerfs, en un sens... Au moins j'avais quelqu'un pour me soutenir.

Je marchai sur la ligne jaune. Tantôt déséquilibrée, tantôt stable. La route était déserte et les alentours également. Pas un bruit. Une mélodie se fait entendre, petit à petit. The great escape. Mélodieuse et paisible. Je suis bien. « RRRRRRRRRRrrrrrRRRRRRR » Et là un bruit affreux. Il couvre la mélodieux et devient de plus en plus bruyant. Entre le klaxon d'un camion et le rugissment d'un lion. J'ouvre les yeux. Je mets quelques secondes à émerger et à comprendre que Cleve vient de me pourrir mon rêve. Pour une fois que c'était pas un cauchemard et surtout, pour une fois que je réusissais à dormir. Pas besoin de vérifier, je reconnais sa voix même à travers un bruit inaudible. Agacée, je lance un long soupir. Puis j'entends quelqu'un qui se retourne. Un chuchotement. « Abbie ? » De là, ça semble être Lizzie. Je me redresse lentement et la cherche du regard dans l'obsurité. Une fois avoir repéré ses grands yeux brillants, je lui réponds d'un souffle. « Oui ? » Sans lui laisser le temps de répondre, je lui réplique. « Toi aussi Cleve t'as réveillé ? ». Il semblait que ça soit évident.

Quand je dors, je dors. Mais vraiment. Quand je dors, je dors, et une invasion d’extra-terrestres ne serait pas capable de m’arracher des bras de Morphée. La posture du mollusque me connait bien. Sur le ventre, un pied hors du lit, une main sous l’oreiller, l’autre bras contorsionné allez savoir comment, parfois même la bouche ouverte, la gueule dans le coussin plein de bave. En résumé, la classe internationale. Et pourtant, pourtant… Une énergumène a réussi à m’arracher avec violence de mon sommeil. J’ai nommé les ronflements de Cleveland. Putain. De. Merde. J’ai choppé mon coussin et je suis glissé en dessous, quitte à crever de chaud, ou d’asphyxie, dans l’espoir d’atténuer le bruit. Les plumes ne sont pas un bon isolent. J’ai renchérit en rajoutant la couverture en boule par-dessus mon coussin, sur ma tête. Quitte à crever noyé dans ma sueur –et peut-être même ma bave. Ca ne marche pas. Fais. Chier. J’abandonne, je reprends ma position initiale, et je jure d’écarteler Cleveland demain, de lui arracher les dents, de le dépecer lentement, de déraciner ses cheveux un à un, de lui couper les doigts, d’en faire des lardons, et faire cuire le reste à la broche. Assaisonner. Saucer. Bon appétit. Tandis que je rumine, j’entends Lizzie menacer Clev’ de le tuer, elle aussi. Son lit est juste à côté du mien, j’entends le moindre de ses gracieux reniflements nocturnes. Mais j’essaye quand même de me rendormir, parce que l’espoir fait vivre. Sauf que voilà qu’elle et Abbie engagent la conversation. C’est mort pour moi ; entre ronflements et papotages, j’ai plus qu’à pioncer dans la baignoire. « Laquelle de vous deux je choppe pour tabasser les deux autres ? » je lance dans un murmure plutôt fort. Après tout, les bavardages ne valent pas bien mieux que les ronflements de Cleveland niveau nuisances sonores.

Je m'assis dans mon lit bailla longteeeemps, m'addosant au mur, puis je soupira, lancant un regard noir en direction de Cleveland. Mais les regards noirs, dans le noir, ben ça se voit pas des masses. Abbie finit par me répondre. « Ouais, j'ai envie de le... » J'étouffai un cri quand la voix de Gabriel se fit entendre, juste à côté de moi. Putain, tout le monde était réveillé ou quoi ? En même temps, vu le boucan, ça m'étonnais qu'à moitié. « Wo, on est innocentes nous ! C'est Georgina-perruque-blonde le seul responsable. » dis-je dans un chuchotement audible tout de même par dessus les ronflements de Gargantua.. Euh Cleve. Je me remis sur le dos dans mon lit, pliant les genoux. Putain, j'allais jamais dormir. « Bon, si on veut pioncer, faut faire un truc. Lui mettre un bouchon, je sais pas. » Non parce que là c'était juste pas possible. Déjà il me faut au moins 11h de sommeil par nuit, sinon je suis de très très mauvaise humeur. Et moi de mauvaise humeur, c'est pas joli à voir, croyez moi sur parole. Une fois, j'ai jeté le chat de ma grand mère du 5ème étage parce que j'étais de mauvaise humeur. J'peux faire ça avec des humains, j'en ai même très envie parfois.

« Ouais, j'ai envie de le... » Tabasser ? Tuer ? Mordre ? Pincer ? J'aurais pas la réponse. Un murmure rocailleux se fait entendre et coupe Lizzie dans son élan de destruction. Gabe. C'est Gabe et sa voix du matin. « Laquelle de vous deux je choppe pour tabasser les deux autres ? » D'accord, Cleve en ronflant nous avait réveillés et nous en parlant on avait peut être réveillé Gabe. En fait non, impossible. Ca devait être Cleve aussi. « Wo, on est innocentes nous ! C'est Georgina-perruque-blonde le seul responsable. » lui répondit Lizzie. « Parfaitement! On des victimes nous dans l'histoire. » Lizzie se retourna sur le dos et proposa de passer à l'action. « Bon, si on veut pioncer, faut faire un truc. Lui mettre un bouchon, je sais pas. » C'est vrai qu'il fallait faire quelque chose. Entre me coucher tard, faire la fête et ne jamais dormir, j'allai finir par avoir des hallucinations. Je rabatis les couvertures et sautai délicatement sur mes pieds. Je me rapprochai alors du lit de Cleve. « Faut le secouer gentiment, ça calme les ronfleurs. » Je lançai ça avec une telle conviction alors qu'au fond, j'avais juste vu ça dans les films. Ouais, même que des fois, ils leur donnent des gifles. Le pire c'est que ça marche.

Ah oui, j’ai oublié de préciser que je suis pas du matin. Et que je suis pas du réveil tout court. Le temps d’émerger, je suis aussi con qu’un mec qui pense qu’un siphon ça fait un chapeau super tendance, et aussi chiant que… que comme d’habitude, puissance dix. Ouais, Gabe au réveil, on a pas envie de le croiser, et pas même envie de se dire que, merde, on connait ce type. « Y’a une Georgina dans l’équiiiipe ?... » je grogne en appuyant ma tête dans mon coussin. Ouais, voilà ce que ça donne. « M’en fous que z’êtes innocentes. Vous m’empêchez de pioncer autant que l’aut’ abruti, alors j’vais vous faire bouffer vos plumards. » Mais pas là maintenant, la flemme. Mais j’le ferai. Un jour. Peut-être. Ou pas. Lizzie propose de faire quelque chose pour calmer les ronflements de Clev. Ouah, quel génie. Abbie saute de son lit pour proposer de le secouer. Ca calme les ronfleurs ? « C’est son poing dans ta gueule quand y va s'réveiller en sursaut qui va calmer tout le monde, tss. » Je lui balance mon coussin dessus, tant que j’y suis. « On le traine jusqu’à la salle de bains et on l’abandonne dans la baignoire, voilà. » Brillant, Gabe. Vraiment.