Ça faisait tellement longtemps que je ne m'étais pas retrouvée seule. Généralement, je faisais le point dans mon lit. Mais celui ci s'était trouvé un nouveau colocataire. Je n'avais pas bien compris sur le moment, ça s'était fait assez rapidement il faut dire, mais Cesc avait élu domicile dans mon lit. Sa présence ne me dérangeait pas, au contraire, je l'appréciais. Le jeune homme m'intriguait plus d'autre chose, si vous voulez savoir. Mais ce midi, je m'étais trouvée un bout de table et j'avais commencé à manger tranquillement. Alors que je m'attaquais à mon omelette, quelqu'un s'installait en face de moi. Je reconnus Elias et le gratifiais d'un sourire. Je n'oubliais pas néanmoins les points qu'il avait donnés au Waratah, grâce au téléphone rouge. « Tu en veux ? » dis-je, en poussant mon assiette vers lui.

C’était l’heure de manger, mais je n’avais pas spécialement faim, je me ferais probablement cuire un petit quelque chose aux alentours de treize heures, si la faim venait à moi. En attendant j’avais trouvé place en face de Mercy, ma soit disant partenaire et pourtant, je passais tellement peu de temps en sa compagnie qu’on pourrait presque se poser des questions et pourtant, ce n’était pas l’envie qui m’en manquait de faire plus ample connaissance avec elle, connaître ses goûts, savoir ce qui l’avait vraiment pousser à s’aventurer là dedans et aussi connaître son caractère, mais elle avait l’air d’être une demoiselle qui cachait vraiment ce qu’elle était. J’avais pu la voir se rapprocher de plusieurs garçons et quant à moi, j’avais l’impression qu’elle s’en foutait un peu. Elle avait le droit de faire sa vie, je n’avais rien contre, mais je commençais à chercher quelle était la raison de la production pour nous avoir mis ensemble, car je n’avais pas l’impression que nos caractère collaient.
Je regardais son assiette et esquivait un sourire à sa proposition. « Non merci, je n’ai pas faim pour le moment » lui dis-je poliment. « Sa va aujourd’hui ? » nos conversations étaient très limités, j’avais pu le remarquer. «Tu ne te demande pas parfois pourquoi la prod’ nous a mis ensemble ? » un petit ton d’humour pour ne pas rendre la conversation embarrassante ou tendue, car la vexer ou autre n’était pas mon but, car j’appréciais Mercy.

Il est vrai que depuis le début de l'aventure, je n'avais pas beaucoup parlé à Elias, mon binôme. C'était sûrement parce que je n'avais pas eu beaucoup d'occasions de le faire. Je n'arrivais pas à trouver qui il était vraiment. J'étais sûre que quelque chose se cachait derrière sa face d'intello. Je voulais savoir ce que ça donnait lorsqu'il se lâchait. Je me demandais s'il s'offrait des moments de relâchements, quelques fois. J'aurais aimé le connaître un peu mieux, savoir ce qu'il avait l'habitude de manger le midi, par exemple. Mais de mon point de vue, il était hors de question que je passe vingt heures sur vingt quatre en sa compagnie. Non pas que je n'appréciais pas être à ses côtés, mais il fallait aussi que me mêle aux autres, pour ma propre survie dans le jeu. Avec un petit sourire timide, je repris mon assiette, n'osant plus y toucher. « Oui, ça va. Et toi ? » Il me demanda si je ne me demandais pas pourquoi la production nous avait mis ensemble. Pour moi, c'était évident. Mais pour lui, ça l'était sûrement moins. Je décidais de faire l'impasse. C'était peut être pour ça, que je ne passais pas beaucoup de temps avec lui : ça me gênait de lui mentir aussi ouvertement, en n'étant pas moi même. « Je suppose que tu aurais préféré être avec quelqu'un d'autre, non ? » Répondre par une question ou comment éviter de trop parler de soi.

J’aurais pu penser le contraire. Elle avait décidé de ne pas toucher à son assiette suite à mon refus, je ne savais pas si c’était à cause de moi, mais je ne l’espérais pas. Je préférais la croire et ne pas persister sur sa bonne ou mauvaise humeur, il y a des fois où c’était toujours mieux de passer au dessus de ça, surtout que Mercy n’avait pas l’air d’une demoiselle qui était du genre à se confier ou autre. Ce n’était là encore que des hypothèses, car je la connaissais que très peu. « Oui sa va, merci » répondis-je en souriant, mes yeux rivés sur elle. Continuer la conversation par une autre question était un procédé très utilisé pour éviter d’y répondre, on finissait même par tourner autour du pot. Ça pouvait être le cas, mais elle pouvait tout aussi bien se poser des questions à mon sujet et penser que je ne l’appréciais. Je réfléchissais beaucoup trop en tout cas. « Je n’ai jamais dit ça, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. Je dis juste que nous sommes très différents l’un de l’autre et que je compte bien savoir pourquoi on nous a mis ensemble, que tu le veuille ou non » je croisais mes bras sur la table, regardant cet être très mystérieux.

Ça me gênait de manger devant Elias alors que lui, n'avait rien à manger. Malgré ma proposition qu'il refusa, j'attendais qu'il me laisse pour manger tranquillement. J'avais toujours été comme ça. C'était presque automatique. Dès que quelqu'un en face de moi n'avait pas quelque chose dans la bouche alors que je me goinfrais, j'étais mal à l'aise. C'était aussi la même chose avec les sans domiciles fixes dans la rue. J'étais une fille de cœur. Je ne mangeais pas, ne buvais pas, ne me pavanais pas dans des fringues de luxes tant qu'il y avait une personne qui pouvait me regarder avec envie. C'était un principe, chez moi. Elias me répondit qu'il allait bien. Tant mieux. Je lui souris timidement. Ce n'était pas du tout mon genre, d'être timide, mais lorsque j'étais avec Elias, ce n'était pas la même chose que quand j'étais avec d'autres candidats. C'était certainement parce qu'il était spécial. Je ne savais pas encore pourquoi, mais il avait quelque chose que les autres n'avaient pas. « Je n’ai jamais dit ça, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. Je dis juste que nous sommes très différents l’un de l’autre et que je compte bien savoir pourquoi on nous a mis ensemble, que tu le veuille ou non » Il croisa les bras et me regarda. Bravo, maintenant je passais pour une fille bizarre... « Un jour, peut être... » fis-je, mystérieuse, pour ne pas lui dire jamais et réduire ses maigres espoirs à néant. Je réfléchis à ce que je pouvais dire d'autre pour changer de sujet. « Sinon, tu t'entends avec qui, dans la maison ?  » C'était pour cerner le genre de personnes avec qui il traînait, habituellement. Je m'assis en tailleur sur ma chaise, intéressée.

Un jour mon prince viendra comme on dit si bien. En gros ça voulait tout dire. Le peut-être en disait long et voulait surtout dire jamais, enfin je n’étais pas du genre à baisser les bras et avec les semaines qui passaient, si je continuais à me rapprocher de Mercy, peut-être que j’aurais le plaisir de deviner ce qui se cacher derrière cette facette de son caractère. Contrairement à moi, elle avait l’air peu bavarde et j’avais d’ailleurs peur de me faire passer pour le mec qui parlait trop pour rien dire, mais des explications elle en voulait, je n’avais fait que lui en donner. Histoire de changer un peu de sujet, je fis face à une question que je n’avais pas du tout envisager, mais que je pourrais de toute manière lui retourner juste après ma réponse. « Je m’entends bien avec un peu tout le monde. C’est-à-dire Cassiopée, Cleveland, Tommi, tous les gens de ma team, Lizzie, Marilou, Noraline, Ocyllie, Sunny, Abbie et j’espère ne pas en avoir oublié » dis-je en souriant. « Et bien entendu, toi, du moins je pense qu’on s’entend quand même un minimum bien » Je marquais une courte pause et comme j’avais prévu de le faire, je lui retourna la question. « Et toi ? » d’après ce que j’avais pu voir, elle entretenait une relation plutôt proche avec certains candidats de la villa. Je devais avouer que ça me paraissait pas logique comme attitude, à croire que nous n’étions même pas un binôme, car elle venait à passer plus de temps avec d’autres garçons et même à être plus fusionnelle avec certains.

Elias m'avait l'air d'une personne assez bavarde. C'était plutôt un bon point, pour moi surtout. Si je pouvais tirer des choses du brun, je n'hésiterais pas. Lui mentir n'était pas si dérangeant, au final. De toute façon, on était pas si proche que ça, pour l'instant. J'avais juste peur de m'attacher à lui, je pense. Il aurait pu me plaire. Mais si j'aurais pu me persuader qu'il n'était qu'un obstacle à franchir, ça aurait été plus simple pour ma part. A présent, je me retrouvais avec un vrai dilemme : faire confiance à mon binôme ou à mon équipe, ou alors ne jouer que pour moi-même. Je n'avais jamais eu l'esprit d'équipe, je suis tellement mauvaise joueuse que je finis toujours par reporter la faute sur les autres. Mais il n'y a que les idiots qui ne changent pas d'avis, il paraît. Après ma question, j'avais l'impression qu'Elias s'entendait avec tout le monde. Un vrai godfather, en fait. Je me rendais peu à peu compte que c'était d'autant plus génial, si je me décidais à profiter de lui. « Et bien entendu, toi, du moins je pense qu’on s’entend quand même un minimum bien » Je lui souris et hochais la tête. Mais comment la faire à l'envers à un mec aussi adorable ? C'était tout bonnement impossible. Il me retourna la question. « Eh bien, moi je m'entends assez avec Cesc, Lizzie, Jayde et Sly. Ils sont cool. Et puis toi, bien sûr. Mais je n'ai pas vraiment eu l'occasion de parler avec tout le monde en face à face, tu vois. » Il faudrait bien que je le fasse un jour, mais chaque chose en son temps. Pour l'instant, je restais avec les personnes que j'appréciais, on verra pour la suite.

Spoiler:

Même après quatre semaine d’aventure, et oui déjà, nous n’avions pas encore eu l’occasion de parler à tous les candidats et pourtant, il y en a certains qui étaient parti entre temps. Entre abandon et élimination. Mercy ne s’entendait pas avec tout le monde et le nombre de personnes étaient limités, mais son but premier n’était peut-être pas de se faire des amis, même si ça pourrait l’aider pour la suite de l’aventure. « Ouais je vois » dis-je en souriant. Je comprenais parfaitement ce qu’elle voulait dire. « C’est vrai que j’ai regardé une très bonne complicité entre Cesc et toi » ce n’était qu’un simple constations, il n’y avait rien à interpréter dans mes paroles. Je ne pouvais pas me montrer jaloux et encore moins possessif étant donné que Mercy et moi n’avions pas créer un lien très fort et en même temps, nous n’étions pas là depuis si longtemps que ça en y réfléchissant.

Spoiler:

Je l'avoue, j'avais passé la plupart de mon temps à jouer la blondinette au bord de la piscine, au lieu de chercher réellement des secrets, de créer une véritable stratégie. Et aujourd'hui, je me rendais compte que j'en avais d'autant plus besoin. Et que c'était franchement le plus important dans ce genre d'aventure. Lorsque je m'avais passer le casting, je n'avais qu'une seule idée en tête : remporter ce jeu, seule, en me servant de mes capacités pour mentir. Mais aujourd'hui, ma stratégie était clairement remise en jeu. « C’est vrai que j’ai regardé une très bonne complicité entre Cesc et toi » Je tiquais. Il était vrai que je m'entendais vraiment bien avec Cesc. Mais en fait, je ne savais pas trop ce qu'il se passait entre Cesc et moi. Depuis qu'il dormait avec moi, enfin non, depuis l'incident dans mon lit. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. « Oui, il est vraiment adorable ! En fait, c'est l'un de mes meilleurs potes dans le jeu. Même s'il est un peu tôt pour dire que j'ai confiance en lui, ce qui n'est pas le cas à cent pour cent. » Je m'arrêtais de parler. Il avait sûrement bien compris que je n'étais pas du genre à me confier, ni à faire confiance à quiconque.

Spoiler: