▬ ELIAS & GABRIEL ▬
Jeudi 14 Juin – 9h

Trainant les pieds, passant une main sur mon visage, cheveux et nuque pour peu à peu me réveiller, sur le chemin de la salle à manger, je rumine une nuit sans beaucoup de sommeil. Quand ces insomnies vous tiennent, elles ne vous lâchent plus. Mais avec de la chance, j’étais parvenu à fermer l’œil pour quelques heures. Le matin venu, direction la cuisine pour attraper, au passage, une tasse de thé et un paquet de biscuits. On ne m’enlèvera pas mon addiction aux petits beurres, j’avais déjà tenu deux semaines sans en ingurgiter un seul. Puis recalcule de l’itinéraire jusqu’à la salle à manger. « Hug, grand manitou. » j’articule avec la voix déraillante du matin. Elias se trouve déjà là, frais comme un gardon j’imagine. Moi j’ai les yeux trop attaqués par la lumière que j’en viens à mettre des lunettes de Soleil sur mon nez tous les matins. Je. Ne. Ressemble. A. Rien. Je tire une chaise et m’installe devant le chef des Abelia. Vu que c’est plus fort que moi, j’installe mes pieds sur la table. Ma tasse, pas loin, est encore chaude ; le thé infuse encore un peu. « J’te soupçonne d’être un alien. Levé tôt, t’as sûrement déjà fait un footing sur trois fois le tour du jardin complet. » Sérieux, personne ne se lève avant treize heures dans cette baraque, sauf ceux dont la nuit n’a servi à rien.

Tout seul dans la salle à manger, la solitude commençait à me peser. Voilà depuis une heure que j’étais lever et à peine dix minutes que je m’étais assis sur cette chaise. J’avais eu le temps de me doucher et de bien me préparer. Je m’étais par la suite, dirigé vers la cuisine afin de me faire un bon café et prendre des paquets de gâteaux pour calmer ma faim. Mon café bien chaud dans les mains, j’y trempa mes lèvres avant de le trouver beaucoup trop chaud et de le redéposer sur la table. Même si la solitude pouvait s’avérer pesante, car les habitants de la villa préféraient opter pour la grasse matinée, j’aimais bien me retrouver au calme pour déguster pour premier repas de la journée. « Salut » j’étais surpris de voir Gabriel déjà levé à vrai dire, mais peut-être qu’il avait opté pour l’idée de se lever tôt pour profiter plus longtemps de la journée. Je rigolais à son hypothèse, le voyant s’installer. « Moi un alien ? T’y vas un peu fort tu ne trouve pas ? » je lui souriais avant de reprendre. « En fait ça ne fait qu’une heure que je suis levé, je me rempli le ventre avant d’attaquer mon footing » dis-je d’un ton ironique. « Tu voudras le faire avec moi ? » je rigolais et repris ma tasse dans mes mains.

Ou alors, c’est peut-être moi l’alien. Faut dire qu’avec mes lunettes de soleil, ma tignasse en pétard et ma tasse de thé, je ne ressemble que de loin à une personne normal. Tandis qu’Elias, lui, comme un bon mec sérieux –un mec comme il en faudrait plus dans cette baraque si vous voulez mon avis, plutôt que cette bande de larves baveuses plus inutiles les unes que les autres-, Elias était donc levé depuis « que » une heure, les neurones éveillés, tout prêt. Ce gars est juste bon à marier, manquerait plus qu’il me sorte qu’il a déjà préparé une montagne de pancakes à apporter au lit de chaque candidat, et c’est moi qui l’épouse. Sans blague, je tuerai pour des pancakes. Par contre, le footing, non, j’étais pas vraiment réceptif à l’idée. Je lui jetais un regard par-dessus mes lunettes teintées qui se voulait dédaigneux, et articulais grossièrement un « Même pas en rêve. » Il se met à rire. Ah, j’ai capté, il se foutait gentiment de ma gueule. Je cache ma naïveté derrière ma tasse, encore brûlante. Finalement, je pose mon coude sur la table et mon menton dans la paume, regardant Elias avec intérêt. « Alors, comment se passe ta quête de l’amûûûr, gueule d’ange ? Mercy m’a l’air plus attiré par ce lourdingue rentre-dedans hispano-crétin de Cesc, ça doit être carrément vexant pour toi, hein ? » Ouais, le matin, je suis la compagnie la plus sympathique qui soit.

Gabriel comprit assez vite que je n’étais pas sérieux. Je ne me voyais mal me mettre en jogging pour faire un petit footing. J’étais courageux, mais pas à ce point là. J’étais plus dans le style, rester poser en observant les autres candidats. Ce n’était peut-être pas divertissant, mais ça me permettait aussi d’enquêter. D’ailleurs en parlant d’enquête, il vint à me parler de simple quête. Oui, la quête de l’amour. « Ne parle pas des membres de mon équipe de la sorte veux-tu ? » je ne me fâchais pas, mais le prévenais. Il avait beau être bien plus proche de Mercy que moi je pouvais l’être avec elle, je n’avais pas à parler comme ça de lui, surtout que c’était avant tout le choix de la demoiselle. « C’est le choix de Mercy, je ne vais pas aller faire le mec jaloux quitte à casser leur beeeelle amitié » dis-je en instant bien sur le mot "belle"  « Tu es alone toi non ? »

Derrière mes verres, j’ouvre de grands yeux ronds. La menace du Godfather, ouah. J’adorerais avoir une zapette, à cet instant précis, pour pouvoir retourner en arrière et me repasser cette phrase à gogo. Non, sérieusement, il va me faire croire qu’il est le chef d’équipe exemplaire dont aucun de ses coéquipiers ne lui sort par les oreilles ? C’est plus le Parrain, c’est le monde merveilleux des Bisounours, là. J’éclate de rire. Ca peut sembler complètement idiot ou déplacé, mais vraiment, j’en ris. Si je m’attendais à une telle réponse, moi. « Tu sais, c’est des gens que tu ne connais pas qui sont tes coéquipiers pour pas longtemps. C’pas comme ta famille, Godfather. » je fais remarquer en m’arrêtant de rire. « Mais soit. » J’hausse les épaules. L’équipe, au mieux ce sont des amis, des potes. On peut avoir de l’affection pour eux, comme j’adore Lizzie et que j’aurais aimé l’avoir comme sœur des fois. Mais Elias aurait du mal à me faire croire qu’il entretenait ce genre de relation avec Cesc’. Enfin, les gens qui se prennent trop au sérieux, je préfère éviter de me prendre la tête avec. Surtout le matin. Elias enchaine en disant qu’il respectait le choix de Mercy et allait éviter les crises de jalousie. Je m’exclame ; « Oh pitié, Elias, faut absolument que t’ailles faire comprendre ce concept à Lou. Lui faire piger que y’a pas plus con que taper des crises de jalousie. Fais ça pour moi ; t’es extérieur au problème, t’es son chef d’équipe, elle t’écoutera. » Je crois pas qu’avoir mal parlé de Cesc me mettre vraiment en position de lui demander quoi que ce soit, mais rien ne coûte d’essayer. Personnellement, j’ai abandonné l’idée de faire entendre raison à Lou. Je suis certain que Elias, lui, saurait lui parler. Il est bien plus doué avec les mots que moi. Alors, comme ça, on croirait que je lui demande ce service pour plaisanter. Mais je suis on ne peut plus sérieux. Il me demande ensuite si, moi, je suis seul. Avait-il les yeux en face des trous pendant le prime, ou bien ? Un petit rire m’échappe dans un souffle. « Pas vraiment, non. » Puis je porte ma tasse à mes lèvres, comme si de rien n’était. Ouais, si on veut en savoir plus, il faut, en général, extirper les détails comme un arracheur de dents.

Chacun avait une vision bien différente de la mienne. Moi je considérais mon équipe et les membres qui s’y trouvaient comme une famille à part entière au sein du jeu même si je ne parlais pas tant que ça avec les membres de mon équipe. Certains candidats préféraient penser qu’à leur jeu et trouvait les Hommes cruellement égoïstes qui, dès la première occasion, ils pourront vous mettre des coups de couteaux dans le dos. Enfin, je me contentais d’hausser les épaules comme quoi ses paroles ne me faisaient ni chaud ni froid et que de toute façon ça ne changera pas mon point de vue. Je buvais mon café qui avait légèrement refroidit en écoutant Gabriel. J’esquivais un simple sourire préférant ne pas rire pour ne pas asperger mon voisin de café et puis de toute façon il n’y avait rien de très tordant de rire dans ces dires. « Je ne préfère pas me mettre dans vos histoires tu vois et puis j’en suis sûr que tu es assez charismatique pour lui faire comprendre avec les bons mots. À moins que tu avoue ne pas être douer pour ça » je reposais ma tasse sur la table sentant mes mains chauffer de plus en plus. En tant normal je ne faisais pas attention aux actes du chef d’équipe des Waratah, alors qu’il soit en couple ou non, c’était quelque chose que je n’avais pas du tout remarqué et apparemment c’était une relation plutôt complexe qu’il entretenait avec une candidate. Candidate dont j’ignorais l’identité, mais ça ne m’avancerais pas à grand-chose de le savoir.

C’est autant au nom de la solidarité entre hommes qu’en celui du bien de ma santé mentale, ou même de la santé tout court de Lou. Parce que je peux jurer qu’à la prochaine histoire foireuse qu’elle me provoque, je la tue. Je la pend, je la noie, j’en fais un feu de joie, tout ce qu’on veut, mais malgré ce qui me reste de respect, d’estime et d’affection pour elle, je pense qu’il sera difficile de m’en empêcher. Mais non, Elias refusait de venir à mon aide, préférant ne pas se mêler des histoires auxquelles il est extérieur. Je n’aurais pas dû espérer autre chose de la part de ce véritable moine bouddhiste. Cet alien. « T’es pas cool. » je lâche dans un soupir en me laissant retomber mollement sur ma chaise, tête en arrière. Je fais glisser ma paire de lunettes de soleil sur mon front pour les poser sur le dessus de ma tête. Non, je suis à des années-lumière d’être assez « charismatique » pour faire comprendre quoi que ce soit à qui que ce soit. « Mais c’est exactement ça, je suis pas doué. Du moment que tu me demande d’ouvrir ma bouche, je gaffe. C’est maladif. » Et, à ce stade, sûrement incurable. « Pas tout le monde s’appelle Elias. » j’ajoute avec un sourire en haussant les épaules.

Ha non, j’étais loin d’être cool, j’étais même dit ennuyant par moment. Enfin mon but n’était pas d’être le mec super cool de toute la villa, car étant déjà l’un des plus âgé, je m’étais dit longtemps en avance que je ne partagerais pas les mêmes délires que les autres. Apparemment j’étais celui qui trouvait toujours les bons mots. Pour ma part je ne trouvais pas, ou du moins ça sortait tout seul. Si Gabriel était maladroit, c’était sûr que ça ne devait pas être évident de parler aux filles sans les vexer et j’en passe. Je souriais, gêné par sa dernière phrase. « Ha…ce n’est pas facile tous les jours d’être toi et d’avoir des filles jalouses qui t’entourent » je lui répondais avec ironie en sachant garder une ambiance calme et bonne en ce si bon début de journée.

Gentiment, Elias se fiche de moi. Ah, ouais, comme c’est dur d’être moi. Je lance un premier regard noir à l’autre candidat. Vas-y, moques toi, tiens. Mais non, j’lui tiens pas rigueur de cette manière de sa phrase. Un sourire amusé apparait bien vite sur mes lèvres. J’suis trop mauvais acteur. Et puis, vaut mieux en rire, de cette histoire. Elle est tellement ridicule, tellement… ennuyante. Ouais, il vaut mieux en rire. Avec de la chance, ça sera vite du passé, et encore plus vite oublié. J’attrape ma tasse et prends quelques gorgées de thé. Je ne prends jamais de café le matin. Y’aura bien quelqu’un pour dire que ça fait gay, hein ? « L’amour est le truc le plus nul jamais inventé. » Et n’oublions pas que je suis le Dieu des nuls. Donc c’est sûrement fait pour moi. Ouais, l’amour est un truc chiant. Sauf quand elle est là. « Ca te botte un question/réponse ? Au sujet de nos secrets, évidement. » je lance en me balançant sur ma chaise, paré à me casser la gueule à tout moment. A moins qu’Elias ne soit pas « cool » non plus à ce sujet là. Je ferais au moins quelque chose de constructif de ma matinée.

Des pessimistes de l’amour il y en avait dans la maison et souvent c’était soit à cause d’une seule et unique mauvaise expérience qui par malheur, était tombée sur le premier amour, ou sinon juste parce qu’avec tous ce que les gens disent, d’autres préfèrent oublier ayant une définition d’une mot amour bien prédéfini, mais malheureusement, une fois que ça te tombe dessus par hasard, on ne peut plus faire marche arrière. Enfin bref, passons au second sujet devenu le plus important au sein de cette villa…les secrets. Son petit jeu pouvait être intéressant à condition qu’on les pause bien et précisément. « Ok, mais pas de mensonges » sinon c’était trop facile de faire tourner l’autre autour d’une fausse piste. « Tu commence ? » je fermais par la suite automatiquement les yeux le voyant presque tomber de sa chaise, mais rien de tout ça ne se passa et j’en fus bien soulagé.

« Evide- » Et PAF. Un Gabriel au plat, par terre. J’ai juste le temps de poser ma tasse sur la table en sentant que j’allais trop loin en arrière pour ne pas finir brûlé avec l’eau chaude. Faudrait pas que je m’abîme non plus. Mais n’empêche que je tombe sur le parquet de la salle à manger, manquant de me cogner la tête. « Tout va bien ! » je lance depuis sous la table pour rassurer Elias. Quoi qu’il doit bien se marrer. Quand j’vous dit que j’ai un don pour passer pour un idiot. Je me relève, redresse ma chaise, je réinstalle dessus, toujours les pieds sur la table, et menace –pas méchamment- l’autre candidat du regard. « T’as rien vu. » Il ne s’est rien passé, on oublie, et on reprend comme si de rien n’était notre conversation, t’es gentil. Où sont passées mes lunettes que j’avais sur le front ? « Ton secret concerne ton passé, right ? » A moins d’être complètement à côté de la plaque, j’en doutais pas tellement. Mais je suis sûrement à côté de la plaque.

Je ne tardai pas à voir Gabriel choir et embrasser le sol. J’avais préféré fermer les yeux pour ne pas voir ça, mais finissais quand même par rire, car on avait dut lui dire des centaines de fois qu’il ne fallait pas se balancer sur une chaise, car les risques de tomber étaient importants. Ces enfants, ils en font qu’à leur tête, comme d’habitude. Je mis mes mains en évidence adoptant alors un air de parfait innocent pour lui faire comprendre que je n’étais pas témoin de cette scène. Qui voudrait être témoin dans ce genre de scène ? Ça ne vous apporte que des ennuis en général. Comme si rien ne c’était passé, d’ailleurs c’était le cas, nous reprenions notre chasse aux secrets. « Oui » répondis-je tout simplement sans donner plus de détail. C’est à mon tour là, non ? « Hum…ton secret est un secret en commun ou bien tu as ton propre secret ? » Je reprenais sans plus attendre mon café qui avait largement eu le temps de refroidir.

Un point pour moi ; le secret d’Elias a en effet quelque chose à voir avec son passé. Oui, c’est pas grand-chose, mais je suis quand même assez fier de savoir que ma piste principale n’est donc pas à rayer pour le moment. Ce qui serait même bien, c’est qu’à la fin de cette conversation, je puisse être assez sûr de moi pour aller buzzer. Cela me démange tellement, depuis des semaines. Je veux voir ma foutue cagnotte bouger, plutôt de manière positive si possible. Mais j’en ai assez de passer pour un passif. Au boulot, Gabe. « J’ai mon propre secret rien qu’à moi. » je réponds à Elias avec un grand sourire de gamin. Genre c’est le truc le plus cool au monde de ne pas avoir à partager un secret. Faut dire que j’aurai eu du mal à m’encombrer de partenaires pour garder un secret. « Est-ce que ça influe encore sur ta vie, c’est toujours d’actualité ? » Ouais, deux questions en une. Cassy le dira, j’suis un tricheur.

Ça enlevait déjà pas mal de pistes de savoir si oui ou non il partageait son secret avec un autre habitant de la villa. Je pouvais à présent me concentrer plus directement sur son secret à lui. J ‘avais déjà quelques idées de questions bien précises, mais pour le moment ce n’était pas encore mon tour. J’écoutais alors bien attentivement la question en y réfléchissant bien avant de sortir une réponse pour ne pas fournir des éléments trop importants sur mon secret. « Non » j’aimais bien mes réponses, je les trouvais très construite. En fait en répondant ainsi, j’étais sûr et certain de ne pas en fournir trop. « Ton secret est-il quelque chose qui fait parti de ta vie de tous les jours ? » je le regardais dans les yeux, buvant tout doucement mon café qui, à force de trop parler avec le candidat, finissait par refroidir. Gabriel avait sûrement envie de Butzer d’où l’invention de ce petit jeu et à vrai dire, n’ayant pas encore été buzzé, j’avais aussi très envie de le faire.

Non. Non ? NON ?! Et c’est tout ? Bordel, ça va pas être drôle comme jeu. J’vais nulle part avec un ni oui, ni non inversé. Elias, apparemment, a décidé de répondre uniquement en monosyllabe. J’en étais sûr, qu’il n’était pas cool. J’aurais dû le voir, le coup foireux. Mais puisque c’était ainsi, je voulais bien jouer à ce même jeu. Je lui avais lancé un regard faussement mauvais, pour faire comprendre que ses réponses anti-constructives me les brisaient. Mais soit. « Ouais. » je réponds sur son exemple. Ouais, je supporte mon secret tous les jours. Youpi. Et toujours à l’instar de mon ainé, je portais mon thé à mes lèvres. « Tu qualifierai ton secret de « tragique » ? » je demande ensuite, mon tour venu.

Gabriel venait d’opter pour mon jeu. Répondre avec des réponses brèves, mais qui voulaient tout dire. Nous n’irions pas très loin avec ça. J’étais là pour jouer un petit peu aussi, c’est donc en comprenant que si l’un ne jouait pas le jeu, l’autre ne risquait pas de le faire non plus, que je décidais de répondre un petit peu plus que oui ou non. « Non pas du tout, j’étais plutôt…soulagé on va dire ça comme ça » j’espérais ne pas donner trop d’informations à présent. J’avais de toute façon de gros doutes qu’il puisse un jour trouver mon secret. Il n’avait aucun indice sur moi et ne savait même pas vers où diriger son enquête. « Est-ce quelque chose qui peut être handicapant de temps en temps dans ta vie de tous les jours ? » j’essayais d’analyser le moindre de ses faits et gestes si jamais il devenait plus stressé ou pas.

Putain, c’est que je suis presque bon. J’avais la joie de constater que ma piste était valable. Je n’allais pas non plus dire sur quoi je me basais. Mais on voyait, malgré moi, que j’étais ravi. Ah, tiens ! Mes lunettes étaient par terre. Je me baissais en écoutant la question suivante d’Elias. Si mon secret était handicapant ? Je pourrais lui donner une réponse qui ne l’avancerait pas d’un pouce, c’était tentant, mais il avait fait un effort dans sa phrase précédente, je pouvais bien être généreux. Je répliquais donc ; « Ca dépend ; parfois c’est vraiment chiant, parfois c’est vraiment cool. » Hop, je remettais les lunettes sur mon nez avant de terminer mon thé. Sérieux, s’il mettait la main sur ce que je cache avec ça, j’accepte de servir de brosse à chiottes jusqu’à mon élimination. (Super classe, je sais). « Qu’est-ce que ça t’as apporté dans la vie ? » Pas besoin d’aller dans le détail, je pense qu’en quelques mots je saurai si j’allais foncer dans la forêt ou non.

Je m’étais toutes ces informations dans un coin de ma tête pour que je puisse réfléchir à son secret par la suite, il ne devait pas être si difficile que ça à trouver. Mais c’était tout pareil, je n’avais aucun indice sur son secret et à vrai dire c’était la première fois que je parlais secret avec lui. Une autre question sorti de sa bouche, une question dont je pris le temps de réfléchir. « Hum…sur le moment du soulagement, mais maintenant plus rien » j’avais de grands doutes que ça l’aide tout ça. « Est-ce que ton secret est un reste du passé ? » mon café fini, je le redéposa sur la table, observant à temps plein mon camarade en face de moi.

Vas-y que je recommence à me balancer sur ma chaise, et qu’à tous les coups je vais à nouveau finir par terre. Oui, j’ai toujours été le gamin chiant qui, quand il ne dormait pas en cours, n’écoutait pas lorsqu’on lui répétait de bien se tenir. Je fous encore mes pieds sur la table à mon âge. Un sale gosse. Personnellement, j’avais quasiment tout ce dont j’avais besoin pour être assez sûr de ma piste. J’en étais content. En revanche, je doutais qu’Elias ai quoi que ce soit à mon sujet. Ce qui était plutôt plaisant, faut l’avouer. Je m’accorde une seconde de réflexion face à sa question. Un reste du passé. J’ajuste les lunettes de soleil sur mon nez et balançant la tête en arrière, mon regard se pose sur le plafond. « Pas du tout. » je finis par répondre avec un sourire. « Je pense que j’ai tout ce qu’il me faut à ton sujet. J’te laisse une dernière question, gratos. » C’que j’suis généreux.

Au moins ça avait le mérite d’être clair. Gabriel avait à présent tout ce dont-il avait besoin pour Buzzer. Déjà ? Devrais-je me sentir en danger ? Oui quand même un minimum, nous n’étions jamais à l’abri dans un jeu comme celui-ci et les candidats les plus réfléchis se font en général le plus discret. Je ne montra néanmoins aucun signe d’inquiétude, gardant un visage des plus livide, laissant aucune émotion paraître réfléchissant juste à la dernière question que j’avais le droit de lui poser, gratuitement en plus, comme quoi les candidats pouvaient se montrer généreux. « Est-ce que c’est un truc que tu as depuis toujours, genre de naissance ? » je le regardais, jouant avec la poignet de ma tasse vide, la faisant tourner sur elle-même pour occuper le temps avant qu’il ne réponde, tout en réfléchissant ce sur quoi le candidat comptait Buzzer.

Son sourire s’élargit, à la fois amusé et moqueur. Elias n’était pas idiot, tout le monde le savait, mais pas besoin d’avoir un doctorat pour comprendre que si mon secret n’est pas un reste du passé, alors c’est soit qu’il est particulièrement récent, soit qu’il a toujours été là. Et je n’ai en effet pas souvenir d’une époque où j’aurai vécu sans. « Exactement. » je réponds donc. Voilà sa dernière question passée. Personnellement, je trouverais la recherche de mon secret plutôt frustrante. Mes réponses aux questions d’Elias ne devaient pas donner de réelle piste à suivre. Heureusement. A moins que l’autre candidat soit encore moins idiot que ce que je pouvais penser. Faut dire qu’à ce sujet, je prends tous les candidats pour des idiots. « Avancé ? » je demande avec un brin de moquerie. Je fais le malin, je sais. Ca ne m’a absolument jamais réussi, mais je continue. C’est incurable.

Malgré le peu d’information que j’avais donné, sa dernière réponse me permettait d’enlever énormément de pistes ce qui, même s’il ne s’en rendait pas forcément compte, m’aida beaucoup. Un petit sourire s’afficha sur mes lèvres tandis que je me levais de ma chaise, ma tasse à la main. « Oui beaucoup, merci ! » j’avais plus de chances de me faire Butzer par Gabriel d’abord que lui se faire Butzer par moi, mais soit, j’espérais qu’il n’est pas mis la main sur mon secret. Je quitta la salle à manger afin de partir en direction de la cuisine pour nettoyer la vaisselle que j’avais utilisé.

FIN DU SUJET =D