WITH GABRIEL

Le dimanche rimait avec grasse matinée. J’avais pris mon temps en ce dimanche matin, me levant doucement aux alentours de onze heure trente. Commençant ma journée tranquillement, optant pour ma petite routine du matin, j’avais décidé de me diriger vers la rivière. Il n’y avait rien de mieux pour passer un dimanche tranquille, d’autant plus qu’il ne faisait pas trop moche. Je n’eu pas trop de mal à trouver mon chemin, ayant un bon sens de l’orientation. Je ne mis pas longtemps à arriver à bon port, ravis de voir l’étendu de cette merveille. Une légère brise à cause du courant qui passait juste à mes pieds, c’était vraiment agréable. Je soupirais de bien être avant de me baisser et de toucher l’eau du bout de mes doigts. Je me tournai tout doucement en entendant des pas s’approcher doucement de moi. « Hey ! » dis-je en voyant le candidat qui venait d’arriver. « Je ne pensais pas que cette villa pouvait posséder autant de biens magnifiques » mes yeux passèrent du candidat à la rivière, un sourire aux lèvres.

Loin de l’agitation des villas, j’ai pris ma veste et mes clopes pour une balade dans l’immense jardin. Je n’ai pas beaucoup mieux à faire, à vrai dire. Non, je ne m’ennuie pas ; comment le pourrais-je avec tous ces candidats, ces pièces, la piscine, la bibliothèque ? Mais je viens de me lever, oui, et j’ai besoin de calme pour immerger. A Newcastle, une balade sur le port suffit à bien me faire démarrer la journée. Ici, pas d’Océan. Une rivière. C’est donc là que je me rends. Oui, je viens de me lever, j’ai à peine enfilé mon jean et ma chemise, passé une main dans ma tignasse, que je suis dehors avec une cigarette au bord des lèvres. Pas de petit-déjeuner, je ne suis pas du genre à manger beaucoup ; je me nourris de nicotine. Extrêmement sain, je sais. Près de la rivière se trouve un candidat qui m’apostrophe. « Salut. » je réponds avec un léger sourire. « On peut dire qu’on a de la chance quand même, la prod’ nous a gâtés. » Mains dans les poches, je m’approche un peu de l’homme. « Elias, c’est ça ? Chef d’équipe des… des quoi déjà… »

Et gâté le mot était faible. Nous avions beau dire tous ce qu’on voudra, la prod’ avait tout donner pour avoir un endroit magnifique pour nous accueillir. Nous devions faire honneur à cette splendide villa et être des candidats dignes de ce nom. Je m’étais relevé afin de me tourner vers Gabriel. « Exact ! Chef des Abelia ! » dis-je fièrement. J’aimais beaucoup mon équipe, mais j’étais loin d’être le genre de bonhomme à dire que nous étions les meilleurs ou encore que notre victoire était déjà toute signée. Ce serait mentir, car en face de nous, nous avions des candidats à la hauteur. Le combat pour arriver dans les premiers risque d’être assez compliqué. « Et toi tu es aussi le chef d’une équipe il me semble non ? » j’avais beaucoup de mal à retenir le nom des autres équipes. La mienne ça pouvait encore aller, car je me l’étais répété plusieurs fois le soir du prime pour ne plus me tromper, mais il ne fallait pas trop m’en demander. J’avais déjà presque réussit à retenir le nom de tous les candidats. De tête, je pouvais en citer pas mal, quant au nom des équipe, je ne pouvais citer que la mienne.

J’avais d’ors et déjà une excellente première impression sur Elias. Pourquoi ? Parce qu’il m’a l’air posé, sympathique. Et à vrai dire, ça change du reste des surexcités de la baraque. Je suis loin de dire que j’vaux mieux, j’suis sûrement un peu barré moi aussi. Après tout, je suis le premier à me qualifier de chieur. Mais il n’est pas inintéressant de trouver une personne comme Elias ici. Je m’étais demandé pourquoi ce candidat avait été si simplement adopté comme chef d’équipe ; maintenant que je l’avais plus véritablement face à moi, cela semblait plus limpide. Il est classe, sans avoir l’air rabat-joie. « En effet, les Waratah. » Je réponds avec un léger sourire. Parce que mon équipe, c’est une sorte de foire, de cirque, de bordel. Je l’aime bien. J’en suis chef de la manière la plus illégitime qui soit, désigné par le hasard –grâce à Lizzie. Je ne suis pas ravi, mais je relativise. Peut-être pourrais-je montrer ma valeur avec ce statut. « Donc, on est pas vraiment censés sympathiser, non ? » j’ajoute pour plaisanter. La gueguerre entre chefs, non merci. Je pense que l’esprit de compétition peut aussi revêtir un aspect sympa. Et qu’on évite les meurtres.

Les Waratah, voilà le nom de leur équipe. Le nom d’une très belle fleur aux couleurs rouges. D’ailleurs, tout bien réfléchis, les noms ne seront pas si compliqués à retenir, car il me semble quelles portaient tous le nom d’une fleur. Par exemple Abelia était le nom d’une plante arbuste avec un assez bon feuillage. Non, je n’ai pas faits des études de botaniques, mais j’avais lu ça dans un bouquin il y a quelques années et par chance je l’avais retenus. Comme beaucoup de choses. Ma mémoire arrivait à retenir beaucoup de choses et c’était une grande chance que j’avais là. Bref, je m’égarais et souriais à mon adversaire. Il manquerait plus qu’on se fasse la guerre dès le début de l’aventure, je ne comptais pas m’éloigner des autres candidats sous prétexte que nous étions en compétition. « Normalement, mais ce n’est pas parce qu’on est dans des équipes différentes qu’on doit se faire la guerre, c’est qu’un jeu après tout » j’étais assez mure dans ma tête pour ne pas crier à tout bout de champ aux équipes qui se trouvaient en face de moi. Bien sûr que durant les activités collectives pour nous faire gagner des points, je fixerais des limites, mais là, il n’y avait aucune règle qui nous disait de s’ignorer et de se mettre des bâtons dans les roues. « Tant qu’on peut éviter une véritable guerre des clans, je ne m’en porterais pas plus mal » lui avouais-je posément.

« Nous sommes d’accord. » j’acquiesce à son résonnement, pareil au mien. Comme je l’ai dit lorsque de mon casting, mon objectif n’est pas de faire comme si ma vie dépend de ce jeu en donnant des coups dans le dos, en étant déloyal, ni en cherchant la confrontation. Dans ma définition du mot « jeu », l’amusement est essentiel. Ainsi, je ne compte pas être désagréable avec les autres équipes sous seul prétexte que chacun doit rester dans son camp ; pas plus que je n’irai chercher les chefs de chacune d’elles pour exhiber une prétendue supériorité. A moins que cela fasse partie du jeu, sans le miner pour autant. Eviter la guerre des clans, comme Elias le dit. « Mais si la production est aussi sadique qu’elle le prétend, je doute qu’on échappe à quelques grosses batailles. » Autant être réaliste ; si tout le monde est ami avec tout le monde, le jeu perdrait son intérêt aux yeux du public. Il faudra aussi donner du spectacle. Ce que je sais plutôt bien faire, je l’avoue. « Ca m’étonne, de voir un gars aussi posé que toi s’embarquer ici. » j’avoue, mains dans les poches. Après tout, les villas semblent majoritairement envahies par les surexcités agités du bocal. Ce qui n’est pas un mal non plus. Au moins, on ne s’ennuiera pas.

La guerre des clans fonctionnait tout le temps. Ça amusait le public et en même temps ça pouvait être assez drôle de voir tout le monde se prendre la tête, du moins à travers une télévision. Je ne savais pas encore comment je réagirais quand la tension serait à son comble, mais une chose est sûr, je ferais tout pour essayer d’apaiser tout le monde. Tant qu’aucune tension ne se faisait ressentir dans mon équipe c’était déjà ça, mais si tout le monde venait à s’ignorer et à se regarder d’un mauvais œil à longueur de journée, se serait vite pesant. J’avais l’impression d’être le seul candidat calme et posé dans cette aventure à l’entendre parler. Peut-être que mon âge assez poussé faisait de moi quelqu’un qui se démarquait des autres. Quelqu’un de plus mure, à vrai dire, je n’en savait rien. « Je te rassure, je ne me suis pas embarqué ici pour faire un jeu sans pitié » à vrai dire le jeu passerait après la recherche d’un supposé amour que j’espérais trouver, même si quand il le faudra, je jouerais le jeu. « Et puis, il fallait bien mettre quelqu’un de poser dans l’aventure au cas où il faudrait calmer le jeu lorsque ça déborde trop » dis-je en souriant. Ça pouvait être étonnant, mais ce n’était pas interdit aux gens comme moi d’y participer.

« Ah oui, en tant que… grand manitou et voix de la sagesse. » J’acquiesce pour plaisanter. Mais néanmoins j’imagine bien Elias se poser en médiateur si des tensions surviennent. Tout du moins, au sein de sa propre équipe. En parlant de « posé », je décide de m’assoir par terre, au bord de la rivière, en tailleur. Je me ferais presque penser à un Indien en pleine méditation. Qui dit Indien, dit calumet ; je sors mon kit de suicide et en tire une barre de cancer concentré. Traduire simplement que je me grille une cigarette, hein. « Et donc, on peut savoir pourquoi tu t’es embarqué ? » je demande par curiosité en l’invitant à s’assoir lui aussi. A moins qu’un peu d’herbe sur le jean ne le révulse.

Exactement, la voix de la sagesse comme il venait si bien de le dire. Je vais bientôt me convertir en sage de l’aventure. Les gens me prenaient pour un saint et limite quelqu’un qui changeait de l’ordinaire. C’était plutôt moi qui ne savait quoi penser de tous ces surexcités. Mon calme en venait presque à l’heure faire vraiment poser la question de pourquoi je me retrouvais ici. Je souriais à la question de Gabriel. Une question qui revenait de toute façon, durant les premières semaines. Son « on » m’interloqua et je ne tarda pas à regarder autour de lui pour savoir si quelqu’un d’autre nous écoutait. Étrange, il aurait plutôt dut employer la première personne du singulier, à moins qu’il est des tendances schizophrène et que ça soit même son secret. « Pour trouver mon âme sœur » le terme âme sœur était peut-être un peu trop exagéré, mais voyons les choses en grand. « J’aimerais bien moi aussi savoir pourquoi tu participe à cette aventure » demandais-je le sourire aux lèvres.

Je regarde Elvis –ah non, pardon, c’est Elias- qui observe les alentours, comme s’il s’attendait à voir des espions russes en train de nous écouter. Je le regarde de travers sans comprendre. La raison pour laquelle il est venu dans l’émission est si top secrète qu’on a pas le droit de savoir de quoi il s’agit sans vérification des micros aux alentours ? Je ne dirais rien, hein, promis. Ni moi, ni personne. Ca servirait à rien, vu que tous les téléspectateurs le sauront après. Et la raison est… « Trouver l’âme sœur ? » Oui, je le répète, parce que ça me semble dingue. Construire une relation dans une télé-réalité. Pas que c’est hautement improbable, mais.. si. « Original. » je réponds avec un haussement d’épaules, afin d’éviter de donner l’impression de le juger. Chacun ses espoirs concernant le jeu. Pour ma part, ma motivation est autre. « L’argent. Le fun. Ce genre de choses. » Simplement.

Les personnes avaient l’air tous surpris en entendant ce genre de propos, mais après tout, ce jeu de téléréalité était avant tout basé sur ça non ? Pourquoi ils étaient ici sinon ? Ha oui, le fun et l’argent, bien évidemment, comme venait de le dire Gabriel. Nous espérions tous pouvoir s’amuser, vivre une expérience humaine et sortir d’ici en souriant aux excellents moments passés dans cette villa. Mais le but premier étant de pouvoir retrouver l’amour ou du moins s’y consacrer un minimum. « Original, mais en même temps c’est un peu le but de l’émission non ? » c’est vrai que la trouver dans une émission de télé faisait vraiment pitié et que j’ai 99% de chances de sortir d’ici seul, exactement comme avant de rentrer samedi dernier. Mais je n’avais rien à perdre de toute façon. « Ouais je vois… » nous étions là pour des choses totalement différente et je n’osais pas trop aborder le thème de l’argent de peur de me faire passer pour quelqu’un qui ne pouvait guère les comprendre.