Beau avait à peine fermé les yeux lors de la première nuit, c’était sans doute normal, en tout cas, fatigué, il avait décidé d’aller se reposer dans l’après-midi. Ce qu’il fit aux alentours de quinze heures. Deux plus tard, le nouveau candidat était déjà debout, en train de glisser dans son jean et le tee-shirt qu’il portait deux heures avant. Cette sieste, mine de rien, l’avait requinqué et heureusement, parce qu’il lui fallait bien cela pour supporter les autres. Enfin, habitué à être en collectivité, ce n’est pas tellement cela qui le dérangeait, mais l’attitude de ces gens, tous plus exubérants les uns que les autres. C’était très vite lassant, enfin, il ne fallait pas juger trop vite. D’accord, trop tard. Toujours est-il que, après être passé par la cuisine pour y prendre une pomme, Beau continua son chemin, il ne savait déjà plus où aller. Finalement, ce fut la véranda qui le trouva en premier. « Putain ! » Dit-il en français en observant la pièce. C’était ça la véranda, la blague ! C’était classe et sans attendre, Beau alla se vautrer sur l’un des canapés. Il y faisait bon, c’était très agréable. Sur ce, il croqua à pleine dent dans sa pomme.

Combien étaient-ils déjà ? Vingt-huit si sa mémoire était bonne. Et elle l’était. Comme lui, remarquez. Bref, donc il y avait vingt-sept autres candidats qui déambulaient dans le coin et comme par hasard, c’est un mec qui débarqua dans le salon. Beau se mit à soupirer ostensiblement. « Mec, tu fous quoi ici. J’comptais attendre qu’une fille se ramène pour lui sortir le grand jeu du gars parfait qui mange une pomme. » Sur ce, il croqua de nouveau dans son fruit. C’était une blague. Enfin, plus ou moins. Il reprit tout de même. « Mais à part ça, fait comme chez toi. » Conclut-il après la question du mec coiffé comme un hérisson. Il lui accorda même un léger sourire de sympathie.Enfin bref, ce mec, il le reconnaissait vaguement, il avait fait comme qui dirait forte impression la veille au soir. Beau aussi apparemment, puisque l’autre se souvenait de son prénom. « Beau, exact. Pour le moment c’est tranquille et les villas sont pas mal. On ne peut pas se plaindre. » Ah c’était Cleve son prénom, lui semblait-il. Ouais, tout le monde ne peut pas avoir un prénom aussi stylé que le sien. « T’as trouvé ton partenaire c’est ça ? T’es un peu la girouette officielle, j’crois bien. » Ouais, c’était même plutôt évident.

Après la réplique de Beau sur le fait de sortir le grand jeu, Cleve répondit au garçon qu’il pouvait également le faire avec lui, l’appelant même « mon mignon ». « Tu viens de me couper l’appétit. » Dit-il comme s’il avait un haut-le-cœur tout en laissant sa pomme entamée sur la table qui se trouvait près de lui. Beau ne manqua pas non plus le manège de l’autre candidat mais le haut-le-cœur devait suffire à lui faire comprendre qu’il n’était pas intéressé. Pas du tout. Jamais. Plutôt mourir. Bref, Beau avait cru comprendre que Cleve avait trouvé son partenaire et effectivement, le garçon acquiesça. Son partenaire était un mec, ce qui ne l’étonnait pas. Et puis, le mec se mit à parler encore et encre. Beau se mit à rire, il n’était pas possible ce mec, c’était ridicule. « Une girouette quoi. Ca commence par le fait que tu fais un monologue pour être chef de ton équipe, puis tu changes d’avis encore et encore. Limite pire qu’une meuf pendant sa semaine impure. » « impure », rien que ce mot le faisait rire. D’accord, ça n’avait rien d’impur dans le sens où c’était biologique et compagnie, mais en attendant, ça faisait marrer Beau. Bref, puis on sait bien que les filles sont impossibles à ce moment là, pire que pendant les trois semaines restantes. Cleve conclut en disant que certains n’étaient la que pour les filles. Genre Beau ? « En tout cas j’suis pas branché Oscar Wilde. Donc tes allusions là, évite, je risquerais de te vomir dessus. » C’était clair, non ? Le candidat ne parla même pas du fait que ce mec la comptait être populaire. Lui, populaire ? Impossible.

WBeau avait tous droit plongé dans le panneau que j’avais dressé sur son chemin. Il me fit comprendre par une série de mimique et de phrase sans importance qu’ »il n’était pas intéressé par les garçons. Je savais pertinemment cela, mais bon rien ne m’empêchais de m’amuser un peu avec lui. Il m’expliqua ensuite ce qu’il entendait par girouette. Il est vrai que hier au soir, mon comportement n’avait pas été des plus parfait. Mais bon au final, Gabriel avait été élu chef. Mon plan pouvait ainsi commencer à se dérouler. Pour tenter de m’expliquer je me retournai vers Beau et dit :

Ne t’inquiète pas, tu n’es pas mon style non plus. Je voulais juste m’amuser un peu avec toi. Et pour ce qui est de la girouette, je ne peux pas vraiment d’expliquer les raisons de mes différents changements d’opinion. Sache juste que tout à été parfaitement calculé et maitrisé et qu’au final aujourd’hui je suis très satisfait du résultat.

Par la suite, beau commença à me parler d’Oscar Wilde, en m’expliquant qu’il n’était pas brancher cela et que si je continuais, il risquait de me vomir dessus. Avec une mine de dégout je répondis

Autant pour moi, tu peux conserver tes viscères car comme expliquer si dessus tu n’es pas mon genre. Et pour ce qui est de Wilde, merci de respecter l’auteur et de ne pas le glisser dans la conversation à chaque fois que cela te chante. Même si je reconnais que le citer montre que tu possède une certaine culture que je n’avais pas, je l’avoue, tout de suite remarquer. Et toi, tu as trouvé ta binôme ou pas encore ?

Beau avait donc lâché sa pomme, de toute façon il n’avait plus faim et le garçon était de ceux qui ne mangeait que par faim, la gourmandise n’était clairement pas l’un de ses défauts. Pendant que Beau réfléchissait à la nourriture qu’il avait ingurgité jusque la, Cleveland reprenait la parole en lui indiquant qu’il n’était pas non plus son style mais qu’il voulait simplement s’amuser. Avec lui, d’après Cleve, de lui, d’après Beau. Mais, soit. Il s’expliqua ensuite sur son comportement plus que changeant de la veille et conclut même ses dires en parlant du fait que tout était calculé et maitrisé. Un rire sardonique se déploya de la gorge de l’australien, il n’allait pas se cacher de montrer que c’était un peu gros tout de même. « D’accord, t’es un calculateur et tu maitrises tout. » Acquiesça-t-il en n’y croyant pas un mot pour autant. Non, d’après Beau, Cleve avait simplement essayé de se la jouer cool et d’être de l’avis de tout le monde. D’après Beau, encore une fois, il était certain que Cleve aurait adoré être le chef de son équipe. Mais malheureusement pour lui, ce n’était pas le cas. Enfin, ils n’allaient pas en parler davantage. Et puis, alors que Beau évoqua furtivement un auteur comme métaphore, le plus vieux des deux le reprit. Beau ne put que hausser un sourcil, d’abord surpris, presque exaspéré ensuite. « En quoi je ne respecte pas ce vieux Wilde ? Il doit même être flatté de m’entendre parler de lui. » Le candidat ne répondit rien à Cleve qui reconnaissant chez Beau une certaine culture. A la place, le jeune homme répondit à la dernière question de l’homme d’âge mûr. « Je n’ai pas encore trouvé ma moitié. Je crains qu’elle ne soit pas exactement mon idéal amoureux. » Après tout, Beau avait fait plusieurs propositions qui auraient pu convenir mais non, ce n’était pas elles.

Plus la conversation avançait et plus ce garçon m'horripilait. Je ne savais pas si c'était ses manières, le ton de sa voix, ses mimiques, l'ensemble. Mais il m'énervait. Quand il me complimenta en me disant que j'étais un calculateur qui maitrisais tous, je perçus dans sa voix une ironie non dissimulé qui me fit sourire. Il se croyait malin, le Beau, mais ce n'étais rien d'autre qu'un gamin, fils de riches parents qui n'avaient aucune idée de l'effort et qui n'étais ici que pour le sexe, l'argent et la farniente. La popularité aussi peut-être, car à cet âge on rêve tous de devenir mannequin, surtout quand on porte un prénom pareil. Sa remarque sur Wilde ne valait pas le coup que je m'attarde dessus. Être flatté de l'entendre parler de lui, mais il se prenait pour qui ce Beau, tous les jours des hommes et des femmes parlaient de Wilde et ces êtres était nettement plus intelligent, enfin je pense, que cette parodie de Ken avec de la chair remplaçant le plastique. Pour ce qui était de sa coéquipière, cela ne m'étonnait qu'à moitié, monsieur paraissait tellement exigeant que j'étais sûr qu'aucune d'entre elle ne correspondrait à ses goûts. Perso j'étais tombé sur Elijah et sincèrement, physiquement il était vraiment pas mal pour ce qui était de moralement, je ne savais pas encore, car je n'avais pas encore eu le temps de lui parler en tête-à-tête. Je me retournais vers beau et dit :

C'est sûr, des jolies filles il n'y en a pas qu'une dans cette maison et je suis sûr qu'elles rêvent toute d'être avec toi. Mon vieux, prépare toi à voir ta cagnotte baisser.

Puis je partis d'un grand éclat de rire. Cette conversation m'amusait de plus en plus. Même si vu la tête que tirait Beau, je ne pensais pas que cela était réciproque.

La conversation avait prit un autre tournant. Il était à présent question des partenaires des deux hommes. Alors que Beau s’enfonçait progressivement dans les coussins du canapé où il était assit, le doyen de la villa évoqua le fait que toutes les demoiselles présentes rêveraient toutes d’être avec lui. Beau n’eut le temps de rien faire que déjà ses tympans menaçaient de se percer suite au rire du vieillard. Rire à ses propres « blagues », fallait oser. Enfin, blague, une autre qualification aurait été mieux, disons que c’était de l’humour facile. Néanmoins, l’australien esquissa un sourire amusé. Beau était de ceux qui jugeaient les gens un peu trop vite mais rassurez-vous, il venait de trouver un concurrent hors pair. Alors qu’ils ne se connaissaient que depuis trois minutes, Cleve pensait déjà avoir cerné Beau. Comme si c’était si facile de cerner le jeune homme. Voilà ce qui amusait le candidat et non pas la blague puéril de l’ancêtre. Cependant, entrer dans le jeu de Cleveland ne dérangeait absolument pas le garçon. « C’est évident qu’elles rêvent toutes d’être avec moi. Les mecs aussi, je suis sur. Mais bon, il n’y aura qu’une petite veinarde qui pourra m’avoir, dommage pour les autres. » Répondit Beau, fièrement. Enfin, même si parler de lui n’était pas désagréable, il préféra se concentrer un instant sur l’autre candidat. « En parlant des jolies filles, l’âge reste autour de la vingtaine. Comme ton partenaire non ? Ca te fait quoi de te dire que tu pourrais avoir un fils de son âge ? » Beau n’était pas certain de l’âge des deux, mais à vue d’œil, ça dépassait les quinze ans, autrement dit, une génération. Il reprit, affichant un large sourire. « Tu pourrais même être mon père, c’est hallucinant. » Beau se mit à rire un instant en imaginant avoir un père comme lui. C’était juste impossible, la mort aurait été un meilleur choix.