Impossible de trouver le sommeil. Beau avait dormi, oui, mais peu, trop peu. A cinq heures déjà, ils tournaient dans son lit, alors forcément, il s’était levé, inutile de rester plus longtemps dans la chambre canarie. Autant rester dans son lit lorsqu’on est seul dans sa chambre ou bien accompagné ne dérangeait pas le bellâtre, autant façon colonie de vacances, ça n’avait rien de bien. Alors il s’était levé, douché, habillé, coiffé. Le ventre vide, il n’avait pas faim. Peut-être sur les coups de neuf heures, allez savoir. Les villas étaient endormies, c’était calme et reposant. Beau appréciait ces moments parce qu’il fallait admettre qu’il faisait partis des lèves-tôt. Putain, que faire ? Allez savoir pourquoi, mais il se rendit dans le dressing à pas de loup et lança ses fringues sales dans une panière. Il l’emporta ensuite dans la buanderie. Ba ouais. Faire une lessive tôt le matin, pourquoi pas, après tout. Alors, Beau se rendit dans la buanderie mais aussi curieux que cela puisse paraitre, Ocyllie, sa partenaire, était déjà dans la pièce. Le garçon haussa les sourcils. « Je dois m’inquiéter de ton état mental ? » Deux possibilités. Soit elle était somnambule et dormait encore, soit elle faisait une lessive à cinq heures trente, ce qui était pour le moins étrange. Et lui, ce n'était pas comparable, c'est tout.

Mes yeux se fermaient, sans que je ne trouve pour autant le sommeil. La situation était exaspérante. Mes pensées étaient tourmentées par un effroyable cauchemar qui avait bouleversé ma pauvre et délicate nuit. Quelle enfant. Ca faisait pourtant bien longtemps que je n’avais pas fait de mauvais rêve. Mais celui-ci était assez mauvais pour que je ne m’en rendorme pas. Je n’avais même pas conscience de l’heure qui l’était, malgré tout, je me levais. Tout le monde dormait. Ou du moins, semblait dormir. Jamais je n’avais connu la baraque aussi calme. Je marchais, pieds nus, habillée d’un simple débardeur et d’un short en tissu qui me faisaient office de pyjama. Je parcourais les pièces les unes après les autres ; finalement j’en arrivais dans la buanderie. Je ne savais pas réellement comment j’y étais atterrit, mais j’y étais. Et je comptais y rester quelques temps. Le bruit d’une machine en action était telle qu’il m’empêchait de penser. C’était une bonne chose. Je m’asseyais sur une des laves linges. Puis Beau débarqua. Je ne réagissais pas immédiatement. Puis j’en sursautai. Qu’est-ce qu’il foutait là, à cette heure ci ? Avec un panier à linges en plus ? Depuis quand est-ce qu’il lavait son propre linges. Je pensais rêver. Mais finalement, ce rêve semblait trop réel pour en être un. Il me demandait si il devait s’inquiéter de mon état mental. « Je ne sais pas. » répondis-je doucement en haussant les épaules. « Tu crois que je deviens folle ? » demandai-je relativement sérieuse et concernée. Folle de quoi ? Je ne savais pas. Ce manque de conscience ne me ressemblait pas. Mettons cette ânerie sur le dos la fatigue.

Ocyllie était en pyjama, elle avait des petits yeux, elle devait être tout juste réveillée, bon, pas de somnambulisme à l’horizon, c’était déjà ça. Beau posa son panier à linge par terre et observa la machine à laver en train de tourner. Un des candidats avaient du la programmer pour qu’elle tourne cette nuit et comme ça à son réveil, il pensait pour retrouver son linge propre. Putain et Beau allait devoir attendre que cette machine se termine. Saleté de candidats. Sa partenaire lui demanda si elle devenait folle. Beau haussa un sourcil. Avait-il mit le doigt sur quelque chose sans s’en rendre compte ? Peut-être. Le garçon s’approcha finalement de son binôme aux longues jambes nues. « Folle de moi, comme les autres. » Susurra-t-il à l’oreille de l’ensommeillée avant de lui adresser un sourire en coin. Et oui, Beau était très réveillé contrairement à sa binôme, apparemment. Plus sérieusement, elle se posait des questions étranges quand même, non ? « Et ça va empirer, enfin jusqu’à ce que tu abuses de moi, évidemment. » Fit-il d’un ton neutre. Non sérieusement, si Ocyllie commençait à dérailler ce n’est pas Beau qui allait pouvoir y remédier. Il n’était pas psy, jusqu’à preuve du contraire, alors Beau faisait ce qu’il savait faire de mieux : penser à son intérêt et si ça lui permettrait d’avoir Ocyllie entre ses mains expertes, hein... Enfin bref, là il était très gentil, mais c’était son binôme tout de même.

Il confirmait, j’étais folle, mais de lui. Je riais, bien doucement, mais pourtant, je riais. Je l’observais, tranquillement, sans faire un geste, si ce n’est, laisser un délicat sourire prendre place sur mes lèvres. Si j’étais folle de lui ? Aucun doute là-dessus. Puis il continuait. ‘Et ça va empirer, enfin jusqu’à ce que tu abuses de moi, évidemment.’ Disait-il. J’eus une réaction identique à la précédente et finalement, je me laissais même tenter par son jeu. Je le cherchai, l’attirai jusqu’entre mes jambes. J’entourai sa taille de ses dernières alors que mes doigts s’accrochaient au col de son t-shirt, soigneusement. Notre proximité ne se définissait plus. Je l’observai minutieusement, discrète et innocente. « Je dois être en phase terminale dans ce cas. » soufflai-je doucement. Puis je laissais mon regard se perdre dans le sien. Je ne crois pas y avoir déjà fait attention auparavant, mais je remarquais, ébahie, la beauté de son regard. Des yeux bleus, comme le ciel dans ses plus beaux jours. C’était confortable, consolant,… j’avais l’impression de pouvoir y lire comme dans un livre ouvert. Et je risquais même de m’y perdre. Illuminée, je commençais à découvrir, ahurie, en Beau, le profil de l’homme idéal que j’avais donné lors de mon casting. Merde. Néanmoins, j’en ressortais plus sérieuse que jamais. J’approchai un peu plus mon visage du sien. « Parce que j’ai vraiment envie d’abuser de toi, là, tout de suite. » Je ponctuais mes derniers mots par un large sourire malicieux. Je décrochai mon regard du sien, pour, plus rapidement, plonger mon visage dans le creux de son cou ; je laissais mes crocs pincer sa clavicule. Ma manière d’abuser de lui. Je me redressais, riant fièrement. Putain je devais avoir l’air conne. Conne et endormie. Mais au moins l’un excusait l’autre.

Il était encore très tôt et pourtant Beau n’était déjà plus fatigué, contrairement à Ocyllie, apparemment. En tout cas, après qu’il lui ait dit qu’elle était sans doute folle, mais de lui et que cela allait sans doute empirer, sans qu’il ne su dire comment, il se retrouva entre les cuisses de belle blonde, ses jambes encerclaient la taille du bel australien. Mais la belle ne s’arrêta pas là et aller jusqu’à s’accrocher au col de son tee-shirt. L’un contre l’autre, Beau affichait un demi-sourire satisfait, ils se dévisageaient du regard tandis que les mains audacieuses du bellâtre venait rencontrer les hanches de sa binôme, elles s’égaraient entre le bas de son dos et ses côtes. Enfin, Ocyllie reprit la parole, murmurant doucement, annonçant qu’elle devait être en phase terminale. Beau ne répondit rien, se contentant de regarder la belle femme droit dans les yeux, les yeux pétillants et vifs du garçon trahissait sans problème cette envie, ce challenge… Et puis, leurs deux visages s’approchèrent de nouveau l’un à l’autre, jusqu’à ce qu’une nouvelle fois, la belle plante se remit à parler, elle avait vraiment envie d’abuser de lui, maintenant. Le sourire de Beau s’accentua davantage tandis qu’Ocyllie approchait dangereusement son visage de son cou. Le temps de retenir son souffle, le garçon pu sentir les dents de la belle sur sa peau tiède. Oh, ce n’était pas déplaisant, au contraire. Les mains caressantes du candidat s’aventuraient sur le pyjama de sa partenaire, sans jamais toucher autre part que son dos. Ocyllie se mit alors à rire. Et pour qu’elle arrête, Beau déposa ses lèvres sur les siennes. Un court instant, très court. « A jouer avec le feu, on se brûle. » Annonça-t-il d’abord doucement avant de retirer ses mains de sur la jeune femme. Leurs visages encore proches, Beau s’empara de nouveau des lèvres de sa camarade. Pas pour l’embrasser à proprement dit, simplement pour, à son tour, pincer sa lèvre inférieure avec ses dents. Ils étaient quittes. Peut-être. « Va donc te recoucher, tes cernes ne t’avantagent pas. » En même temps qu’il disait cela, Beau s’éloignait de la belle pour se reconcentrer sur la machine qui venait de se finir. Ouvrant la porte, il en extrayait les vêtements propres pour les balancer dans un coin de la buanderie. Ouais, ça l’avait agacé qu’on vienne mettre du linge alors qu’on n’allait visiblement pas venir le chercher avant les coups de onze heures. Bref, Ocyllie. Beau ne pouvait pas s’empêcher d’être taquin, voir désagréable. Même avec elle.