Un nouveau mardi dans l'aventure, et je sens que mes priorités commencent à bouger. Alors que je pensais tout faire pour agir comme je le sens, je me rends maintenant compte qu'il vaut mieux que j'essaye de m'imposer plus. Les articles de Charlize sont révélateurs ! Si mon nom apparaît une fois, c'est que c'est un miracle. C'est décidé, ça changera. Mais pas aujourd'hui, il est trop tard. La seule chose que j'aie envie de faire c'est de rire et m'amuser avec quelqu'un que j'aime bien dans la maison. Je Me mets donc en quête de cette activité, et de cette personne quand j'arrive devant la piscine où j'aperçois la silhouette d'un homme, dos à moi. Je peux presque garantir que c'est Gabriel. Mon plan commence à s'organiser dans ma tête. Sur une table non loin je trouve un sceau de bonbons presque vide. J'enfourne alors les dernières sucreries dans ma bouche, le rince dans l'évier de la cuisine, puis me déshabille sans un bruit, révélant mon maillot marine. Je prends toute les précautions nécessaires pour ne pas faire de bruit, ce que je réussis plutôt bien, je l'avoue. Le sceau rempli, je termine de traverser la piscine puis gagne l'ilôt où s'est installé le brun. A pas de loup, j'approche, et quand je me trouve assez près, je renverse l'intégralité de l'eau que je transporte sur sa tête. Je finis par dire, l'air faussement désolée, et foncièrement ironique : Oups ! C'est la guerre, je le sens.

J’étais arrivé vers dix-sept heures à la piscine, histoire de me détendre. Quelques candidats furent de passage pour égayer la fin d’après-midi. Et depuis une petite demi-heure, j’étais seul à profiter d’un soleil doux, installé sur l’un des transats d’un îlot. J’adore ces coins flottant sur l’eau, la sensation que l’on a à être dessus. Ce n’est pas comme être simplement sur le bord de la piscine, je pense. C’est être en plein milieu, se sentir comme sur une île déserte. Des rideaux accrochés aux poteaux de bois flottant légèrement étaient un détail des plus agréables à observer. Oui, c’est calme. Ou presque. Je ferme les yeux, cachés derrière une paire de lunettes de soleil. Ce truc brillant m’explose la rétine la plupart du temps, mais je trouve ça trop snob de toujours se balader avec des lunettes teintées sur le nez. Alors je fais avec. Je me crois seul et n’entends aucun bruit de pas. C’aurait pourtant été utile, puisque je me retrouve la cible d’un seau rempli d’eau. D’eau froide. « AH PUTAIN. » je lance en sursautant violement, trempé et glacé jusqu’aux os. Je dégage mes lunettes de soleil, les pose rapidement sur la table à côté de moi et vois Lou. « T’es finie. » je siffle entre mes dents serrées, plus pour ne pas exploser de rire que pour retenir une hypothétique colère. Je sais pas être en colère au point de sortir de mes gonds. Je me lève donc et me jette sur la jeune femme, l’emportant avec moi dans une chute dans l’eau. La piscine est carrément chaude par rapport au seau qui s’était déversé sur moi. J’attends que Lou remonte à la surface pour lui assener une attaque d’eau, en demandant ; « Et ça t’arrive souvent d’attaquer les gens comme ça, hein ? TERRORISTE. » C’est qu’elle m’a fait peur, la brunette. Putain.

« AH PUTAIN. » J'espère que c'est pas le genre à péter un câble, parce que j'ai pas envie de m'engueuler avec quelqu'un, ça servirait strictement à rien. « T’es finie. » Je m'esclaffe de rire jusqu'à ce que mon rire soit étouffé par ma chute dans l'eau tempérée de la piscine. Il m'a sauté dessus, m’entraînant avec lui dans le bassin. Alors que je remonte à la surface, je me reçois dans la figure une vague -non, un tsunami- venant de l'Anglais. « Et ça t’arrive souvent d’attaquer les gens comme ça, hein ? TERRORISTE. » Je réplique aussitôt, songeant en accéléré à ce que je peux faire pour me venger. Enfin, théoriquement, c'est lui qui se vengeait, mais bon, la guerre n'est pas finie. Je dis, une voix suave et plus posée qu'avant, mais toujours rieuse : Oh mais tu sais, je suis pleine de ressources ! Je ponctue ma phrase d'un clin d'oeil alors que les éclaboussements cessent. Je m'approche de lui lentement, comme si j'allais l'embrasser et à une dizaine de centimètres de son visage je m'arrête et décolle ses deux pieds du sol grâce au mien ce qui le fait immédiatement basculer. Mesquine, vous avez dit mesquine? Ouais, un peu.

La jeune femme se dit pleines de ressources. Je ne comprends pas bien et arque un sourcil. Les remous ont cessé quand finalement elle s’approche après un clin d’oeil. Elle s’approche, s’approche… J’ai comme une impression de déjà vu que j’essaye de taire. Je me demande juste ce qu’on ces candidates à embrasser, ou feinter d’embrasser, tout le temps. Mais je ne cherche pas à comprendre, ça me dépasse sûrement. Petit homme que je suis. Lou se ravise et met en marche son plan machiavélique ; me faire un croche pieds pour que je tombe en arrière dans l’eau. Voilà qui est fait, merci ; me revoilà la tête dans la soupe de chlore. Autant en profiter ; mes esprits retrouvés, je me saisis de la taille de Lou pour d’abord la chatouiller. C’était mérité. Puis, en sortant de l’eau, dans la lâcher, je la monte dans mes bras quelques secondes avant de la jeter plus loin. Comme un bon gros sac à patates bien rempli. « Franchement, t’aurais dû t’attaquer à quelqu’un d’autre. » je lance sans même savoir si elle m’entends puisque sa tête est sous l’eau.

A peine a-t-il sorti la tête pour respirer qu'il me saute déjà dessus. Ok, je l'ai cherché, je l'avoue, et ne m'en plains pas. Je me prends par les hanches et mes chatouilles. Je me tords sous ses doigts, haletante mais morte de rire. Je finis par réussir à me dégager de son emprise mais le répit est de bien courte durée. Aussitôt il passe un bras sous mes genoux et l'autre au dessus de mes reins et je le sens me soulever dans les airs. Il monte ensuite les marches, toujours avec moi dans les bras. J'agite les mollets en criant : Non ! Non Gabe, lâche moi, Lâche moi, s'teuplais quoi ! mais toujours en riant. Alors que je me sens tomber dans l'eau je pense : Non mais ne me lache pas comme ça... Lache moi debout, sur mes jambes, sur la terre ferme quoi ! Mais je ne suis pas prête à dire mon dernier mot. Je nage sous l'eau jusqu'au rebord puis me hisse à une dizaine de mètres de lui et lui cours après. Je finis par le rattraper et saute sur son dos en criant : BANZAAAAI !. Histoire de finir en beauté je plaque mes mains mouillées sur ses yeux et dis, malicieusement : Tu es cuit ! 1/0 pour Lou !

La brindille se défend, se tortille dans tous les sens, tandis que j’attends quelques secondes avant de la balancer depuis le bord de la piscine. C’est pas en secouant tes petits mollets que ça changera quoi que ce soit, ma jolie. Elle se retrouve quand même dans l’eau, dans un grand Splash qui m’éclabousse un peu. Je vois sa silhouette à travers l’eau claire nager jusqu’au rebord où elle se hisse. Quand je comprends qu’elle compte me courir après, je prends mes jambes à mon cou. Mais je faillis glisser ; moment que la jeune femme choisit pour sauter sur mon dos. Je suis déjà déséquilibré, alors son poids, instable, ne m’aide pas. Elle plaque ses mains sur mes yeux, fière d’elle. Je n’y fais pas attention, faisant seulement de grands gestes avec les bras pour ne pas tomber dans l’eau. En vain ; de tout notre poids, nous atterrissons dans la piscine dans un Splash plus grand encore. « Tu te crois maline maintenant ? » je fais en l’attaquant avec un peu d’eau. « C’est qui qui t’envoie pour me noyer, hein ? » Je l’attrape par la taille et la retourne de manière à ce qu’elle me tourne le dos. Mon bras encercle sa gorge, sans serrer, faisant mine de la menacer de l’étrangler. « Parle ! »