Dimanche, fin d’après-midi, Beau partit se changer afin d’enfiler des vêtements plus confortables, autrement dit pas de jeans ou de chemise, mais plutôt un bermuda, un tee-shirt et des converses. Il restait superbement beau, comme à l’accoutumé. Alors que le garçon se dirigeait vers la forêt, il aperçut Ocyllie qui en faisait autant. Elle comptait faire quoi, seule dans une forêt ? Bonne question. La marche du jeune homme s’accéléra afin qu’il puisse arriver jusqu’à sa binôme. « Salut beauté. » Dit-il souriant avant d’hausser un sourcil. « Tu comptais faire quoi ? » Non en fait, c’était juste de la politesse parce qu’il s’en fichait un peu de la réponse. Il reprit alors. « Je vais courir, tu viens avec moi. » C’était une question, ou une affirmation, ou un ordre, prenez cela comme il vous chante. En tout cas, il était sérieux, il était même en tenue et finalement, pourquoi ne pas courir à deux. Afin de la convaincre encore plus, il rajouta. « Heureusement que t’es blonde parce que sinon de dos, on dirait Lizzie. Faut vraiment que tu fasses un truc. » Il se tut un très court instant, genre suspens. « Du sport. » Dit-il enfin. Bon, Ocyllie était une fille vraiment jolie et pas du tout comme Lizzie qui elle, avait quelques kilos en trop, mais tout de même, il ne fallait pas se laisser aller. Bon, elle venait ?

Dimanche. Même dans le jeu, il n’y avait pas une journée plus emmerdante. L’après-midi était pourtant clémente, et je n’avais aucune envie de rester cloîtrer dans cette foutue baraque. J’avais envie de prendre l’air. Du bon air, sain et frai. Quelque chose que mes doux colocataires n’avaient pas pu polluer par leurs discussions puériles et stériles. Une balade dans le grand air me paraissait ainsi parfaite. J’enfilai un short, un débardeur, et aussitôt, je gagnais le chemin pour la forêt. Je marchai quelques pas pour en entendre d’autres derrière moi. Je ne me retournai pas. Pour tout dire, je craignais le boulet. Mais je fus agréablement surprise de voir Beau me rejoindre. « Le plus beau. » répondis-je directement en lui adressant un large sourire. « Marcher, regarder les oiseaux... faire ces trucs que font les vieux, tu sais. » Plaisantais-je. Il y avait pourtant une part de vérité dans ce que je disais, mais peu importe. Je ne lui retournai pas la question, il avait enchaîné tout de suite. Il voulait courir, et voulait que je vienne avec. L’expression de mon visage changea aussitôt ; il n’avait pas à être très subtile pour comprendre que ça ne me branchait pas spécialement. Et ainsi, il me donnait ses arguments. Il me comparait à Lizzie. Il osait. J’en restais bouche bée, et repris directement. « Espèce d’enfoiré. On m’a rarement dit quelque chose d’aussi odieux. » Je lui donnais une tape sur l’épaule. Pourtant je riais. Non, je n’avais rien contre Lizzie… si ce n’est contre ses bourrelets. « Tu n’arriverais même pas à me suivre, de toute manière. » Lui dis-je, plus sérieusement. Je ne doutais pas de mes capacités physiques. J’étais endurante. Je courais régulièrement chez moi. Malgré tout, je me doutais aussi qu’il ne l’était pas moins, voire même plus. Mais bon…

Ainsi, une fois arrivée près d’Ocyllie, le jeune homme lui demanda ce qu’elle allait faire. Elle lui répondit qu’elle comptait faire des trucs de vieux genre marcher et regarder des oiseaux. Beau ne préféra même pas relever pour continuer de parler et lui dire qu’ils allaient courir. Afin de la convaincre davantage, il la compara à Lizzie. L’effet fut sans appel. Ocyllie aussi trouvait que l’autre candidate n’était franchement pas désirable, elle en rajouta même une couche en disant que c’était odieux, ce dont il l’insultait, à savoir Lizzie. Il eut même droit à une tape dans l’épaule, bref tout cela ne pu que le faire rire. Finalement, Ocy sembla plutôt enjoué et se permit même de défier le bel australien. Bien sur qu’il la suivrait, il mènerait même la danse. Une fois dans la forêt, ils rattrapèrent le sentier et le garçon se mit doucement à courir. « Arrête de parler et cours. » Lui dit-il alors en accélérant son rythme. Evidemment, il n’allait pas franchement vite donc elle pu assez aisément le rattraper. Après avoir trouvé son rythme de course et de respiration, le candidat se mit à parler, tout en regardant son acolyte. « T’es du genre sportive ? » Il l’espérait, ils pourraient ainsi faire du sport ensemble. Parce que franchement, les sportifs ici, il ne devait pas y en avoir des masses. Enfin, Beau n’était pas une bête non plus, disons qu’il s’entretenait. Bon en tout cas, elle savait courir.

Espérons que Lizzie n’avait pas des oreilles partout, je risquais de m’en prendre plein les dents sinon. Mais trêve de plaisanteries. Je savais que le défier ainsi ne serait sûrement pas une bonne idée, mais il était à présent trop tard pour retourner sur mes mots et il marquait le pas. Nous commencions notre petite course. Si j’avais su, j’aurais évité le short en jeans. Mais pour ça aussi, il était trop tard. Directement, il accélérait, me laissant un court instant en arrière, le temps pour moi de le rattraper. Je devais arrêter de parler, et courir ; c’est bien ce que je comptais faire. Finalement, je réussis plutôt bien à m’adapter et à un rythme assez modérer, nous parcourions le sentier. Il me demandait finalement si j’étais ‘du genre’ sportive. « Je sais courir. » Répondis-je, en lui adressant rapidement un sourire taquin. Il avait dû le remarquer. Je ne me cassais pas vraiment la tête niveau sport. Je me contentais d’un jogging quasi-quotidien à travers les parcs de Sydney. Rien qui pourrait me qualifier de très sportive. Pourtant, ça me conservait bien. « Je m’entretiens quoi… » ajoutais-je. Je ne lui retournais même pas la question ; je ne doutais pas de la réponse. Il l’était lui, sans aucun doute ; enfin, c’est ce que ces abdos que j’avais pu remarquer dans le jacuzzi me disaient. « Pourquoi ? T'es du genre à bander pour Lara Croft ? Si c’est le cas, je dois te décevoir… » lui lançais-je, espiègle. J'avoue, Lara Croft était plus le fantasme des geeks que des sportifs, mais c'est le seul nom qui m'étais venu à l'esprit.

On s'faisait chier aujourd'hui, j'avais donc décidé de marcher un peu dans la forêt. C'était le seul endroit ou j'pouvais être un peu tranquille, parce que oui, tout le monde a besoin de sa part de solitude, moi y compris. Alors que j'observais autour de moi les arbres qui me paraissaient toucher le ciel, j'entendis deux voix. Beau et Ocyllie. j'avais pas l'intention de leur parler, ni d'aller à leur rencontre d'ailleurs, j'avais rien à faire avec eux. Mais la blague de Beau sur mes kilos en trop a eu le don de me mettre hors de moi. Ah ouais, comme ça j'étais grosse ? Si c'était comme ça, ma vengeance allait se voir, ils pouvaient compter sur moi, ces deux abrutis. On dirait pas comme ça, mais je suis super forte à la course. Oui je sais, ça vous étonne, vu que je suis grosse apparemment. Les devançant à travers une rangée d'arbres pour qu'ils ne puissent me voir, je me cachai derrière un buisson. Et hop, un croche-pieds à Beau qui tomba la tête la première dans un tapis de feuilles. Et hop, un autre à Ocyllie qui ne tomba pas, mais se rattrapa tant bien que mal au premier arbre venu. Sortant de ma cachette, je me mit devant eux, les poings sur les hanches, un petit sourire sur le visage. « Vous êtes autant discrets qu'une bande d'ours déchainés au milieu d'une épicerie. Finalement, j'aurais préféré qu'un de vous deux dégage avant hier. » leur dis-je d'un ton froid, mais tout de même amusé. Faut dire que Beau avec des feuilles dans ses cheveux brushingués et Ocyllie en mode choquée de la mort, les yeux grands ouverts comme un raton laveur, c'était tordant à voir. Puis je m'éloignai, leur faisant un petit signe de la main. « Avec les compliments de la grosse. » Quand on me cherche, on me trouve. Ils n'avaient juste pas eu de chance que je me trouvais juste à côté d'eux à ce moment là. En moins de temps qu'il ne le fallait pour dire "avada kedavra", sort que j'aurais bien aimé jeter à ces deux idiots, je fus de retour à la villa. j'avais bien envie d'exhiber mon corps immonde recouvert de bourrelets à la piscine, tiens.

Spoiler:

Le binôme courrait d’un même pas, Ocyllie et Beau ne faisaient pour l’instant pas la course, sinon, il serait bien loin devant, que ce soit clair. Mais, comme il lui avait dit de venir avec lui, ce n’était pour qu’elle trime loin derrière lui. Quoique, elle aurait eu une jolie vue. Bref, il lui demanda si elle était sportive, ce à quoi elle répondit qu’elle s’entretenait. C’était ça, certains ne le faisaient même pas, alors. Ils continuaient à courir et Ocyllie se remit à parler, lui demandant si Lara Croft le ferait de l’effet. Bander était le terme exact mais ce n’était pas super agréable à entendre, surtout venant de la bouche d’une demoiselle. Et oui, Beau était comme ça. Cependant, il se mit à sourire, amusé. « Lara Croft, pas vraiment. Angelina Jolie, y a moyen par contre. » Encore que, mais bon, il s’agissait tout de même d’une très belle femme. Mais Lara Croft était bien trop aventurière à son gout. Enfin bref, alors que le garçon allait enchainer, il se prit les pieds dans quelque chose de non identifié, si bien qu’il tomba littéralement à terre. C’était ça de regarder sa charmante binôme blonde plutôt que devant lui. Cependant, alors qu’il était assis par terre, il pu voir sa binôme se rattraper de peu, c’était quoi ça ? Et là, il vit Lizzie. Qu’est-ce qu’elle foutait là, elle et pourquoi avait-elle eu envie de les faire tomber ? Mystère. Enfin, le mystère se rompit très vite lorsque Lizzie leur annonça qu’ils n’étaient pas discrets et qu’ils auraient mieux fait de dégager lors du prime. Beau se mit franchement à rire, c’était par rapport à ce qu’il avait dit plus tôt à Ocyllie. Alors que le garçon se dépoussiéra les cheveux, la jeune femme brune conclut son monologue par « les compliments de la grosse. » Ce n’était tout de même pas de la faute de Beau si elle était enrobée. Elle n’avait qu’à pas manger deux fois plus que la normale. Alors qu’elle partait, Beau répliquait : « Pars pas comme ça, viens courir, t’en as plus besoin que nous ! » Elle l’avait quand même foutu à terre, mais pas la belle blonde, qu’il regarda alors en haussant un sourcil. « T’es plus forte que moi dans un combat de sumo on dirait. » Malgré lui – ou pas – le bel australien se mit à rire. Lizzie était peut-être catcheuse ou faisait des compétitions de sumo, allez savoir. Et puis, d’un bond le garçon fut sur pied. Il se regarda un instant, pas de blessure, rien. Heureusement sinon Lizzie aurait du répondre d’un procès collé à son large postérieur. Le garçon alla finalement vers sa partenaire. « J’espère que tu n’as rien. » Dit-il doucement tout en plantant son regard dans le sien.

J’écoutai avec attention le jeune homme me dévoiler ses fantasmes. Angelina Jolie. Bon choix, c’est sûr. Après tout, elle reste une valeur sûr, dans le sens où rare sont ceux qui restaient insensibles à son charme. Pourtant, je ne lui enviais rien. Elle avait ses atouts, j’avais les miens ; je n’en doutais pas une seconde. Et alors que notre course n’avait pas cessé, je perdais mon partenaire. En effet, il se retrouva au sol, alors que moi-même, je perdais mon équilibre. Une racine ? Un lapin ? Rien ne pouvait l’expliquer. J’eus la chance de pouvoir m’appuyer contre un arbre, me redresser et reprendre mon esprit. Je posais rapidement les yeux sur mon partenaire, au sol avant de remarquer une silhouette bestiale se tenir face à nous. Cette bête n’était autre que le grizzli de la baraque : Lizzie. Je ne comprenais pas. Comment avait-elle fait ? Toutes les lois physiques étaient contre elle : un déplacement aussi rapide pour une telle masse ne pouvait pas être cohérent, pourtant, elle venait de remettre en question Newton lui-même. Ainsi, fière et heureuse de ses gestes idiots et enfantins, elle se tenait droite, ses deux poings sur ses hanches. Souhaitait-elle une cape, en plus ? Elle était véritablement ridicule. J’aurais pu avoir de la peine pour elle, malgré tout, elle ne méritait même pas ma pitié après la sottise qu’elle avait faite. Elle parla. J’essayai de comprendre, mais je ne pus que reconnaître : ours et épicerie. Elle cherchait un quatre heures, peut-être ? Sans aucun doute. Les réserves de twix étaient peut-être vides, qui sait ? Je compris nettement mieux la seconde partie de sa réplique qui disait, en gros qu’elle aurait aimé qu’un de nous deux quitte le jeu. Que répondre à ça, si ce n’est : Désolée ? Dommage ? Pétasse ? En plus d’être un laideron, elle était méprisable. Pauvre fille, pauvre chose. C’est quand je la regardais que j’étais fière d’être ce que j’étais. De ce fait, j’avais peut-être un air ébahi sur mon visage, mais mes ressenties l’étaient nettement moins. ‘Avec les compliments de la grosse’, ajouta-t-elle en s’éclipsant : La classe à l’état brute. Je la regardais partir. Je n’avais rien à ajouter, Beau si. Je ris de sa remarque, tout en ramenant mon regard à nouveau sur lui, encore par terre. Il reprit du fait que j’étais plus forte que lui en combat de sumo, étant donné que j’étais la seule encore debout. « Tu parles, après avoir levée une jambe, elle n’avait plus de force pour soulever l’autre, c’est tout. J'ai juste de la chance. » répondis-je en riant. Il se releva ensuite, effectua quelques vérifications sur soi-même avant d’approcher. ‘J’espère que tu n’as rien.’ Je lui adressais un délicat sourire, en hochant négativement la tête. « Je n’ai rien. Et toi, ça va ? » Je l’observais à mon tour ; il y avait plus de quoi s’inquiéter sur son cas que le mien, après tout ; ce n'est pas moi qui m'étais retrouver le cul par terre. Mais non, il semblait ok, en sa surface. Je soupirai doucement, tout en recoiffant mes cheveux en arrière d’une main, d’un geste. Puis finalement, je riais. Je n’arrivais pas à croire qu’elle avait osé faire une chose pareille. « J’y crois pas, elle a vraiment fait ça ?! » lançai-je, dans un fou rire. J’avais rarement vu quelqu’un se mettre dans une situation aussi ridicule, intentionnellement. Puis je réussis à me calmer, pour lui dire. « J’pense qu’on mérite une pause. » Après ça, non, je ne courrais plus. Après le croche-pied, la prochaine étape sera le placage ? Sincèrement, non, je ne ferais plus jamais un jogging en forêt de la même manière…

Beau n’avait jamais cru avoir un quelconque sens de l’humour, mais ça, c’était avant. En effet, depuis qu’il était dans l’aventure, le garçon avait compris qu’il était surement l’un des seuls à ne pas se prendre complètement au sérieux comparés aux autres. Même si à première vue ce raisonnement peut paraitre faux. Mais franchement, les autres semblaient vouer à culte aux rires gras et potache, bref le rire facile. Par contre, faire preuve d’autodérision, là il n’y avait plus personne. Non vraiment, on avait affaire à une belle bande d’hypocrites bien trop occupée à se regarder le nombril pour pouvoir rire d’eux. Ce qui, vraiment, n’était pas le cas de Beau. Prenez par exemple Cleveland qui se vexe pour un rien lorsqu’il s’habille en travelo. Bon ba au pire, il n’avait qu’à rester en jeans. Ou bien, prenez Lizzie qui s’insurge et devient violente lorsqu’on dit qu’elle a des rondeurs. Au pire, si elle n’assume pas elle arrête de bouffer. Bref, ça commençait doucement à agacer Beau mais heureusement pour lui, son seuil était encore loin. Et heureusement parce que la connerie, il y en avait partout autour de lui. Sauf peut-être la blonde qui se tenait près de lui. Finalement, il comprenait mieux ce choix de binôme. Définitivement, il n’aurait pas apprécié de se retrouver avec l’une des autres filles qui n’étaient que des grosses blagues. D’ailleurs, lorsque Beau félicita sa partenaire pour être restée debout, la demoiselle continua sur le fait que Lizzie était trop en chair. En même temps, l’autre brune l’avait bien cherché et ce n’est pas en les mettant à terre qu’ils allaient arrêter. Bien au contraire. N’empêche qu’il s’était retrouvé sur les fesses à cause d’une fille. Son orgueil en prenait un coup. Bref, Ocyllie allait bien. « De même. » Se contenta-t-il de dire. Et puis, la belle blonde lâcha une phrase qui les fit rire tous les deux. Elle n’en revenait pas de ce que venait de faire Lizzie et très franchement, Beau non plus. D’où son rire. La candidate déclara finalement qu’il méritait une pause. Beau ne put que souffler. « Allez fillette, on va pas rester sur un échec. Bon moi j’y retourne en tout cas. Si t’arrives à me rattraper, on fait une pause. » Ouais parce que Beau, lui, voulait encore courir. Enfin, un peu. En tout cas, il voulait s’enfoncer un peu plus dans la forêt, juste histoire de. Finalement, la main de Beau se posa ni plus ni moins sur les fesses d’Ocyllie qu’il claqua un peu, ce n’était pas un geste obscène, mais fallait bien qu’elle se remette d’attaque. Finalement, Beau se mit à marcher et tourna sa tête. « Fais pas ta Lizzie, bouge moi ces petites fesses, d'après ce que j'ai pu toucher c'est pas encore génial. » Cette replique allait surement rester. Bref, il avait dit cela pour encourager son binôme mais sans savoir si elle allait suivre ou non, Beau se mit à courir. Et on ne rigolait plus, là.