LE SAMEDI 05 MAI 2012 – 10h47
☞ Jayde

« Bordel, mais c'est quoi ce truc là ? » J'étais, ni plus ni moins, totalement perdu. Comme un con. Dans une villa bien trop grande pour moi. Et en plus de ça, y avait du monde partout. Partout, vous comprenez ? J'entrais dans ce que je supposais être la salle de bain. « Non mais ils sont sérieux là ? » Je pouvais pas m'empêcher de parler. Ouais, ça m'arrivait parfois. En même temps, quand on voit la gueule de la salle de bain... s'il te plait quoi. On dirait que la baignoire est le trône au milieu d'un château, comme si c'était ze truc à ne pas rater. J'hésitais entre rire et pleurer. Sauf que j'aurais eu l'air con de pleurer en voyant la beauté majestueuse de la salle de bain. Ça aurait un peu fait comme le type là, avec son « leave Britney alone ». J'aurais vraiment eu l'air d'un bouseux. Je me retourne quand la porte sembla s'ouvrir. Oh, tiens, une jolie fille. « Salut Blondie. » La difficulté étant maintenant de savoir si elle faisait partie des candidats ou si elle faisait partie des meubles, genre une femme de ménage ou un truc comme ça. « Je me rappelle pas ta tronche, t'es qui ? » Tout en délicatesse, bien entendu. Ça va, je ne vais pas lui sortir le grand jeu en lui faisant une jolie révérence et en lui demandant quel joli prénom une si belle princesse peut arborer. Parce que, encore un coup, j'aurais l'air con. Et ce n'est parce que tout le monde dit que je suis qu'un petit con que je dois agir comme tel. Logique. Bon, en attendant, je savais toujours pas qui était la blonde. Peut-être bien qu'elle était muette ? Ou Sourde ? Ou simple d'esprit ? Putain, si ça se trouve, c'était ça. Mais étonnamment, j'ai réussi à garder cette réflexion pour moi.

10h00. Jayde se réveille. Surtout par le bruit que font les autres. Après tout, vingt-sept personnes autour de soi, ça ne passe pas du tout inaperçu. Et très franchement, c'est bien dommage. Elle ouvre un œil, et le referme aussitôt. La lumière fait vachement mal aux yeux, en fait. Et c'est à ce moment là qu'elle se dit qu'elle aurait du aller dormir plus tôt aussi. Aller dormir vers quatre heures du matin n'était franchement pas une bonne idée. Tant pis. De longues minutes plus tard, elle termine par se lever. La chambre est vide. Tout l'équipe semble être levée. Peu importe. Elle sort finalement de la chambre. Que faire.. ? Salle de bain, cuisine ? Cuisine, ouais.
Désespoir. Elle avait totalement oublié que le cellier se trouvait dans la deuxième villa. Zut. Elle avait envie de manger des biscuits en ce samedi matin. Et bien évidemment, ceux-ci était dans la deuxième villa. Sans attendre, de son air très peu réveillé, elle se rendit dans la deuxième villa et plus particulièrement, dans le cellier. Un paquet de gâteau en main, elle décida de se rendre dans la salle de bain, ensuite. Tant pis, elle irait dans celle se trouvant dans la deuxième villa. Elle ouvrit donc la porte, entra dans la pièce jaune. « Salut Blondie. » qu'elle entendit. Elle ne répondit pas pour autant. Et puis, qu'est-ce qu'ils avaient à tous l'appeler Blondie depuis hier soir ? Déjà, l'autre de son équipe l'appelait comme ça. Ils s'étaient passé le mot ou bien ? « Je me rappelle pas ta tronche, t'es qui ? » Elle ne répondit toujours pas. A croire que son cerveau marchait définitivement au ralenti ce matin. Elle attrapa rapidement un élastique qui traînait près d'un lavabo et attacha ses cheveux en chignon très désordonné. Puis, finalement, elle se retourna vers le candidat. « Jayde. » répondit t-elle alors. « Et toi, t'es qui ? » demanda t-elle à son tour, avant de bailler.

… J'attends. Je n'ai clairement rien de mieux à faire en attendant que le cerveau de blonde de l'autre blonde se remette en marche. Le matin, elle doit être plus lente. Ou peut-être qu'elle l'est tout le temps. J'en sais rien, je la connais pas, cette meuf. Finalement – enfin, dieu merci – elle avoue s'appeler Jayde. Ok. Je veux bien essayer de le retenir mais je ne peux rien promettre. Ça passe par une oreille et ça ressort par l'autre. Mémoire de poisson rouge, bonjour. Et puis, c'est le matin alors fuck. J'acquiesce, c'est déjà ça. Et bien sûr, elle me retourne la question. « Blake. » Et moi, j'prends pas trois ans pour répondre, je réplique direct. Je suis en forme, ce matin. C'est rare, qu'elle profite, la Blondie. « Et sinon, je dois te poser des questions à la con pour apprendre à te connaître ou on peut s'en passer ? » Non parce que.. « J'ai rien contre les questions à la con mais c'est un peu chiant quand même, surtout qu'on a déjà dû te les poser cinquante fois donc... » Bah ouais, si je pouvais faire dans l'originalité, genre... « Ton soutif est de quelle couleur ? » Histoire de passer pour le pervers de service, bien sûr. Non, mais en vrai... « Je plaisante hein. » Elle est blonde après tout, alors on ne sait jamais. « Et je ne le précise pas parce que t'es blonde. » Vive les stéréotypes, j'sais. Et c'est mal de mentir, je sais aussi. « Désolé, c'est mal de mentir. » Putain, mais ma gueule. « Et sinon, tu fais quoi dans la vie ? » Là, c'est bon, je ferme ma gueule.

Le candidat présent dans la salle de bain avec elle s'appelait donc Blake. Et aussitôt qu'il avait annoncé son prénom, il avait déjà reprit la parole. Bon.. qu'est-ce qu'il racontait ? Bon, au moins, il marquait un point, fallait l'avouer. Depuis la veille, tous les candidats se posaient les mêmes questions. Et répéter la même chose vingt-sept fois, c'était franchement pas drôle. Jayde le laissa parler tandis que, poster devant un lavabo, elle ouvrit le robinet, passa sa main droite légèrement sous l'eau afin de vérifier la température. Trop chaud. Elle baissa alors la température de l'eau en tournant les espèces de boutons. Si on pouvait appeler ça comme ça. Tandis que Blake, lui, venait de lui demander la couleur de son soutif. La jolie blonde afficha un sourire amusé et bougea la tête légèrement de gauche à droite. Il continua sur sa lancée en évoquant un 'je plaisante'. Tss. Il parle d'une histoire de couleur de cheveux, ensuite. Tellement stéréotypé tout ça. Jayde souffle légèrement. Puis, munis de ses deux mains, elle se mets de l'eau sur le visage, légèrement. Tandis que le candidat est déjà passé à autre chose. Quel bavard. « J'suis hôtesse de l'air. Je sais, c'est cliché. » Après tout, il avait l'air d'aimer les stéréotypes alors. « Et pour tout te dire, j'viens de me lever, et à ma connaissance, j'dors pas avec un soutif. Donc, j'pourrais pas te donner la couleur. » lança t-elle, d'un petit sourire hypocrite. « Dommage, hein ? » termina t-elle par dire.

Bon, j'le cache pas, il m'arrive de parler énormément. Trop même. C'est une chose qu'on m'a toujours reproché dans la vie. Il paraît que c'est mieux d'être hypocrite et de ne pas toujours dire ce qu'on pense. Sauf que l'hypocrisie, ça me gonfle. Ça tombe bien, vu mon caractère. Forcément, c'était inévitable que je me mette à parler, parler et parler encore. Jusqu'à, finalement me taire sur une question des plus banales. Ce qu'elle faisait dans la vie. C'était toujours mieux que mes remarques précédentes, n'est-ce pas ? En attendant qu'elle finisse ce qu'elle était en train de faire, je me décale sur le côté, m'adossant contre le mur. Hôtesse de l'air, donc. Cliché ? Parce qu'elle est blonde et bien foutue, elle veut dire ? Ouais, peut-être bien. « Ça doit être cool, comme job. » Voyager, prendre l'avion tout le temps. Ça doit être sympa. Ouais, commentaire ultra constructif, je sais. Mais je suis bien davantage intéressé par ses paroles suivantes. Elle porte pas de soutif là ? « T'es sûre que tu portes pas de soutif ? Non parce qu'on peut vérifier ensemble si tu veux... » Ouais, j'suis un mec quoi. Donc, logique.« Je plaisante. » Ou pas vraiment. J'sais pas. Non à vrai dire, ce n'est pas tellement mon truc, de draguer toutes les nanas qui passent. J'suis pas réputé pour être un coureur de jupons ou être un type charmant. Je suis juste chiant. Mais pour le reste... Bon, alors, bien sûr, si ça lui prend de vouloir vérifier avec moi, j'vais pas cracher sur l'idée mais sinon, je m'en sortirais très bien, je survivrais. Cela dit, faut qu'on parle d'autre chose. Ça serait mieux, pas vrai ?

Franchement, la jolie blonde ne s'était jamais plainte concernant son job. Hôtesse de l'air était loin d'être quelque chose de déplaisant. Elle prenait souvent l'avion et donc, par conséquent, voyageait souvent. C'était totalement sympa, non ? Et puis, de toute façon, soyons clairs, Jayde avait toujours adoré voyager. Alors être hôtesse de l'air.. Par-fait ! Et puis, de toute façon, mis à part les décalages horaires parfois pénibles, y'avait rien à dire. Cela ne la gênait pas, dans tous les cas. Mais bon, pour l'instant, elle n'était pas dans un avion. Et elle ne risquait pas de le prendre dans les prochains jours, étant enfermée dans deux somptueuses villas. D'ailleurs, elle était toujours dans la salle de bain. Encore très peu réveillée. Et pourquoi avait-elle été dire qu'elle ne portait pas de soutif, au fait ? « Punaise, t'es un marrant, toi, dis donc. » fit-elle à la fois sarcastique et amusée. Bon, soyons clairs, c'est parce qu'il plaisantait - soi-disant - qu'elle disait cela, hein. Jamais elle ne l'aurait laissé vérifier si elle portait un soutif ou non. Quand même. « Mais sinon, toi, tu fais quoi dans la vie ? » Elle ne se souvenait pas de lui avoir demandé en retour. Peut-être l'avait-elle déjà fait. Peut-être pas. Elle n'était définitivement pas réveillé ce matin, en tout cas. Ouais, bon, elle n'était pas du matin, tout simplement.