Voici deux semaines que je suis là sans vraiment l'être, que je n'intéresse personne. Non pire, que mon absence les arrange. Je suis à bout, Nathan me manque, Liberty aussi, je ne donnerais vraiment pas cher de ma longévité dans le jeu, actuellement. Tellement que je suis réellement à deux doigts de partir moi même, limitant la casse et conservant mes 10000$. Mais nan, j'suis pas une lâche, j'ai dit que je gagnerai et je le ferai, on se débardasse pas d'une Louisianaise aussi facilement. Je suis sur la terrasse, le teint relativement pâle, les joues plus creusées qu'à l'ordinaire et des cernes prononcées. Il en est fini de la Lou confiante et jolie des premiers jour, mon Dark side a fait surface, et il a oublié d'activer le mode sexy. Assise, la jambe droite croisée sur la gauche, je fume d'une main légèrement tremblante une cigarette dont je savoure chaque bouffée de nicotine. J'entends des pas, mais ne me retourne pas. Merde, pas envie de parler. Surtout si c'est Gabriel ou c'te blondasse.

« Mais que vois-je? Ma binôme préférée! » Je ne tourne toujours pas la tête, me disant bien qu'il finira par arriver près de moi. Alors qu'il s'assied à mes côtés, j'esquisse une ébauche de sourire, c'est ce que j'ai de mieux à offrir, avant de me souvenir que je ne suis pas d'humeur. Avant de ne laisser s'installer le silence, je dis d'un ton ironique et détaché : Je ne suis ton binôme préféré qu'uniquement parce que tu n'en as qu'une seule, et que la production ne t'en a pas donné le choix. Mais crois moi, si tu avais pu choisir, ce n'est pas cette chose repoussante qui me fait office de...moi... que tu aurais pris. N'y voyez là aucune amertume vis à vis de Cassiopée, loin de là. Juste un profond dégoût de moi, une prise de conscience peut être. Je ne suis bonne qu'à faire de la figuration de toutes façons. Je ne fais aucun effort pour relancer la discussion. Au lieu de cela, je continue à tirer sur ma clope, et fais des cercles avec la fumée que je recrache, nonchalamment. Mes pieds sont ballants et mes yeux dans le vague, et je ne peux m'empêcher de penser à Gabriel. Toute la haine que j'éprouve pour lui actuellement me pousse à douter de la véracité de l' « amour » que j'éprouvais pour lui. Je pense de plus en plus que c'était du au stress, à l'excitation, et à une forte poussée d’ego qui a vite déchanté.

« Dis moi, qu'est ce qu'il se passe? » Il penche sa tête vers moi, comme pour m’interpeller mais je ne tourne toujours pas mon visage en sa direction. Il finit par poser son index sous mon menton et par faire pivoter ma tête avec celui ci. Je plonge mes prunelles dans ses yeux, et finis par lacher un : "Rien...". Mon ton est partagé entre le désespoir, l'agacement et la dissuasion. Je détourne ensuite le regard, comme si rien de s'était passé. Après avoir aspiré la dernière bouffée que je peux tirer de ma clope, je jette le mégot aussi loin que ma force me le permet, c'est à dire à quelques mètres à peine devant moi. « Et puis, t'es quand même ma binôme préférée! » Je me force à lui sourire, en réponse à son rictus compatissant. Sans plus de précisions, je pose délicatement ma tête sur son épaule et prend sa main droite entre mes doigts réunis. Installée confortablement, je finis par pousser un long soupir, comme pour me préparer à ce que je vais dire. Car oui, je me décide à parler... Je ne sais pas, je me sens liée avec Tommi, et je lui dois bien ça quand même, c'est bon binôme. Sans changer de position je commence : Qu'est ce qui cloche avec moi Tommi, hein? J'suis arrivée ici j'étais fraîche et pimpante, confiante, indépendante... J'me reconnais plus dans un miroir... J'veux retrouver la vieille Lou et ne plus être cette loque humaine dont personne ne veut et ne voudra jamais... Mais j'sais pas comment faire, Tommi... Mes doigts s'entrelacent frénétiquement avec les siens, comme une junkie qui retrouverait son rail de coke. Mais moi j'suis pas une droguée, juste en manque d'amour.

Quand je finis de parler, il pose ses mains autour de ma mâchoire et me force à le regarder en approchant mon visage du sien. L'espace d'un instant je doute de ses intentions, mais finis, à contre coeur, par lever les yeux vers les siens. Une fille "magnifique qui mettrait tout le monde à ses genoux" ? La blague ! Vous les voyez, vous, les vingt prétendants alignés à mes pieds ? J'ai beau chercher, y'a personne. « T'es gentil... » Je dis ça implicitant un : C'est bon arrête tes conneries mon vieux, tu me la feras pas à moi... Il dépose ensuite un baiser sur ma joue, geste qui me fait rougir très légèrement, puis passe son bras autour de mon épaule et me serre contre lui. Il est doué, quand même... Et puis, ils sont cools à la production de m'avoir mise avec lui ! Pour lui, je suis donc la même que quand je suis arrivée. J'espère sincèrement que ce n'est pas le cas parce que vu mon état, c'est pas la joie! Je finis par dire, un semblant de sourire aux lèvres : Ecoutes Tommi, t'as pas à faire ça... J'suis juste lucide... J'ai bien vu comment tu m'as regardée en arrivant. J'suis livide, mes yeux sont cernés, et j'ai maigri. Deux semaines que j'ai pas dormi, pas mangé. Tout ça pourquoi? Pour une belle connerie que j'ai faite en me pensant amoureuse d'un abruti. J'suis pitoyable et tu devrais t'enfuir parce que j'pense que c'est contagieux ! Faudrait pas que t'écopes de ma malédiction avec Cassiopée ! Une pointe d'humour sur la fin. Ne serais-je pas si désespérée que ça, finalement ?