Beau profitait de l’air frais qui s’engouffrait vers la terrasse. C’était bon, il se sentait bien et n’avait aucunement envie de bouger. D’abord assis sur le parquet en bois, il avait finit allongé, la tête sur un bras. Il regardait vaguement les étoiles, pensait vaguement, avait vaguement une chanson en tête. Bref, rien d’important. A côté de lui se trouvait un verre d’alcool à moitié plein – ou à moitié vide, allez savoir – et une bouteille de whiskey à côté du verre. Bref, la soirée s’achevait, ou la nuit commençait déjà. En tout cas, le bellâtre n’avait aucune envie d’aller se coucher et encore moins dans la chambre Swainsona. Ouais, par principe il devait les appréciait, mais en réalité, il les supportait à peine. Et puis, à part une soirée, Beau avait été privée de sortir pendant une semaine et était donc resté toutes les saintes journées dans la chambre jaune, à ne rien faire sauf dormir, lire… Bref, la semaine dernière, il s’était fait chier. Espérons que ça change cette semaine. Quoique, maintenant qu’il pouvait sortir, il se sentait déjà mieux. Et puis aussi, il avait la possibilité de ne plus voir ses attardés de Waratha et les autres de Swainsona. Amen.

Il se faisait tard. Quoique, tard n’avait pas d’heures, ici. Une heure, trois heures, cinq heures. De toute manière je ne me coucherais que tôt dans la matinée. Je jugeais de moins en moins bien le temps qu’il pouvait être, mais je n’en vivais pas plus mal. J’étais à l’intérieur, discutant avec le peu de candidats qui ne croulaient pas sous la fatigue. Discussions peu enrichissantes, je vous l’accorde pourtant. Néanmoins, c’était agréable de parler avec de ‘nouveaux’ visages. L’enfermement est quelque chose d’accablant. Même si ce n’est qu’une semaine. Mais entre deux mots de l’un de mes camarades, je quittais le salon vers l’extérieur, histoire de m’accorder une pause cigarette. Et ainsi, clope au bec, je parcourais le jardin, sans craintes ni émois. Il était plongé dans un calme plat. Une petite brise décoiffait avec légèreté certaines mèches de mes cheveux, et c’était franchement agréable. Puis je m’approchais de la terrasse. Il y avait du mouvement –quoique, mouvement fût un grand mot. Ce mouvement, c’était Beau, allongé et une bouteille de whisky à ses côtés. Je souris précieusement tout en m’approchant du damoiseau. Je ne le laissai pas se lever ; m’assit sans tarder sur son bassin, sans pour autant y mettre tout mon poids, une jambe de chaque côté de son corps. Je lui adressai un délicat sourire en coin. Je ne comptais pas l’emmerder, simplement lui tenir compagnie. « Qu’est-ce qu’on fête ? » demandai-je en désignant la bouteille du regard. Quoique, avec du whisky, en général, on ne fête rien, on oublie. Puis rapidement, je repris. « Tu m’as manqué la semaine dernière. » Qu'il s'y tienne. Ce n'était pas le genre de remarque que j'avouais à n'importe qui.

Allongé, Beau n’attendait rien en particulier, peut-être qu’il se lèverait à un moment et qu’il irait manger un truc, ou bien, il irait dormir ou même se promener. Il n’avait aucune obligation en étant ici, enfin, si, quelques unes, mais il les accomplissait parfaitement bien et on n’aurait sans doute rien à lui reprocher à sa sortie. Mais sinon, les journées étaient vagues, les nuits pas mieux non plus. Il avait croisé de l’alcool et s’en était servi, évidemment. Les yeux ouverts, le bellâtre pu voir une blonde s’aventurer près de lui, il reconnut Ocyllie lorsqu’elle entreprit de s’asseoir sur lui, il la laissa faire et lui retourna même son sourire, elle lui demanda en quel honneur il buvait. Il ne savait pas, il ne répondit pas, elle enchaina, Beau avait manqué à la demoiselle. C’était réciproque. De sa main libre, le bellâtre posa sa main sur la cuisse de la demoiselle, sans la bouger outre mesure avant de lui répondre. « On fête nos retrouvailles. » Toujours allongé, Beau ne prit pas pour autant le verre, il se contentait de regarder Ocyllie et d’ajouter. « Sauf si tu as une meilleure idée. » Dit-il doucement sans trop y croire. Depuis le prime, Beau avait saisit qu’entre lui et la demoiselle, il n’y aurait rien. Pas de sentiments amoureux, du moins. De l’amitié, pourquoi pas. Après tout, Ocyllie avait montré son affection envers Gabriel et c’était presque tant mieux, Beau n’aimait pas qu’on lui dicte quoi faire, quoi penser et en le mettant en binôme, c’est ce que la production avait essayé de faire. Bref. Finalement, la main du garçon quitta la cuisse de la candidate pour se rendre sur la bouteille et, après avoir levé la tête – histoire de ne pas s’étouffer – le jeune homme se mit à boire au goulot avant de reposer la bouteille sans ajouter un mot.

Il déposait une main sur ma cuisse. Je ne la repoussais pas. Ainsi, c’étaient nos retrouvailles que nous fêtions. A moins que j’avais une meilleure idée. Que fêter d’autre ? « Au départ de Cleveland ? » Je lui adressais un sourire complice tout l’observant se désaltérer au whisky. Il y donc une justice dans ce bas monde, enfin. Je me demandais encore comment avait-il pu faire pour rester aussi longtemps dans le jeu. Son personnage était détestable et agaçant, de A à Z. Même si ces dernières semaines les regrets semblaient l’avoir rattrapé. Nous n’avions jamais connu un Cleveland aussi effacé et invisible. Enfin bon. Une plante verte de moins dans l’aventure. Et qui allait s’en plaindre ? « Quoique… Ca ne vaut pas nos retrouvailles. » J’haussais les épaules, brièvement, sous un sourire qui traduisait une certaine part de fierté. Je l’observai, minutieusement. Il me semblait étrange, ce soir. Je me trompais peut-être. Je me trompais sûrement. Néanmoins, j’en restais soucieuse. Je tirais une dernière fois sur ma cigarette avant de souffler la fumée sur le côté. Je jetais le mégot un peu plus loin, accablée par une fainéantise honteuse de me lever pour partir à la recherche d’un cendrier. Et ainsi, je pouvais me permettre d’attraper sa bouteille et d’en boire une gorgée. Ce n’était pas ce qu’il y avait de plus chic. Je vous l’accorde. Néanmoins, je me permettrais un écart de politesse, ne serait-ce que ce soir. Je la reposais aussitôt. Je portais à nouveau mon regard dans le sien, laissant mes doigts parcourir le bas de ses côtes avec finesse. « Tu ne m’as jamais dis ce que tu penses de Gabriel et moi. » Je ne vivais pas en fonction des avis des autres. N’empêche que le sien m’importait.

Fêter le départ de Cleveland ? C’était une idée. Pas mal, d’ailleurs. Quoique, au fond c’était dommage, Beau aimait tellement embêter Cleve et surtout, c’était tellement facile. Du moins, c’était les premiers temps puisqu’après, Cleveland s’était montré petit, ne répondant même pas au piques, bref chiant comme la mort. Ouais, heureusement qu’il avait dégagé en fait. C’était toujours mieux que de voir un Swainsona partir. Sauf Isaac, il serait temps qu’il se casse celui-là. Comment Beau avait-il eu l’idée de le nommer chef ? (Oui parce que c’était Beau qui avait décidé, tout seul) Finalement, il aurait mieux fallut que ce soit Chase, ou lui-même, évidemment. Passons. Ocyllie conclut finalement en disant qu’il était préférable de fêter nos retrouvailles. « Aux plus beaux. » Déclara donc le garçon après sa gorgée d’alcool. La belle blonde en fit autant en prenant une gorgée de whiskey. Ils se dévisagèrent l’espace d’un instant avant que les doigts de la candidate ne glisse sur les côtes du garçon, quelques peu chatouilleux, il appréciait également les caresses. La jolie jeune femme, toujours sur lui, l’avertit alors qu’il ne lui avait jamais dit ce qu’il pensait d’elle et Gabriel. « Ai-je vraiment mon mot à dire ? » Dit-il tout en haussant un sourcil. Il en doutait. Le bel australien soupira avant de reposer l’une de ses mains sur la cuisse d’Ocyllie, qu’il se mit à caresser. « Et bien, vous ferez de beaux gosses. » Commença-t-il avant d’ajouter. « S’ils tiennent de leur mère. » Railla-t-il, évidemment. Le jeune homme soupira de plus belle mais se tût l’espace d’un instant. Il la regardait dans les yeux. « Je ne le connais pas. » Il ne précisa pas qu’il n’avait pas envie de le connaitre, mais c’était sans doute une évidence. « Tant que tu ne perds pas notre binôme de vue, ça ne pose pas de problème. » Il parlait d’un point de vue du jeu, parce que sinon, et bien, non, elle faisait comme elle voulait, il n’avait rien à dire et ne voulait rien dire.

S’il avait vraiment son mot à dire ? Je ne le savais pas. Vraisemblablement, quoiqu’il puisse dire, je doute que ça change quoique se soit. Et pourtant, j’espérais qu’il me révèle ce qu’il en pensait. Ca ne m’apportait pourtant rien. Si ce n’est de quoi me remettre en question. Sa main rejoignait à nouveau ma cuisse pour y délivrer quelques douceurs. Geste plutôt paradoxal alors qu’il me disait que nous ferions de beaux gosses, avec Gabriel. Mais je n’y fis rien. Si ce n’est aventurer mes doigts plus au nord sur son torse. ‘S’ils tiennent de leur mère.’ Mon sourire s’en élargit. Je prenais le compliment. Un laps de temps s’écoula avant qu’il ne reprenne. Il ne le connaissait pas, disait-il. Je ne cherchai pas plus loin. J’en tirais simplement certaines conclusions ; comme le fait qu’il ne devait pas réellement le porter dans son cœur. Il ne porte pas grand monde dans son cœur, me direz-vous, de toutes évidences. Je peux comprendre que l’animal était d’un genre peu supportable pour des gens normaux –je qualifie Beau de normal, ou d’humain, si vous préférez. Après tout, ce n’était pas pour rien qu’il s’entendait si bien avec Lizzie le gorille. Je fréquente des gens comme Beau. Lui, comme Cleveland. Je ne suis pas contre la mixité des classes… Mais bon. Je commençais à réaliser que, Gabriel et moi, n’avions pas tant en commun. Enfin bon, adviendra ce qu’il devra advenir. Il en venait à m’avertir sur l’importance de notre binôme. Si j’allais le perdre de vu ? Sûrement pas. « Je ne compte pas t’oublier. » Je ne parlais pas que du jeu, contrairement à lui. Je replongeais mes yeux dans les siens. Se dévisager. Un grand mot. Surtout quand on avait son regard. Ce regard, prétentieux en apparence mais qui me paraissait tellement plus profond. Cet homme me captivait. Réellement. C’était l’un des seuls candidats que je n’arrivais pas à cerner, ne serait-ce que dans son jeu. Et c’était contrariant. Et finalement, mes yeux se détachèrent des siens pour retourner sur la bouteille. J’enlevai une main de son corps pour attraper le whisky pour en boire une nouvelle gorgée. On avait rien à faire, ce soir. Autant boire. Je la lui tendais. « Et sinon, toi, personne ? » Pas à ma connaissance en tout cas. Quoique. Alexis... Quoique non. Bref, j’en savais rien.

Ocyllie n’était pas l’idéale de Beau, elle n’avait quasiment aucun trait de la personne qu’il avait décrite lors de son casting. Non, lui, d’instinct, il aurait souhaité une demoiselle qui soit son opposé, pas sa complice. Mais finalement, elle l’était devenue, sa complice. Son idéale ? Non. Bref, le fait d’apprendre qu’entre sa partenaire et Gabriel il puisse y avoir quelque chose était étrange, dérangeant. Oui, plus il regardait la belle blonde et moins il appréciait la situation. Il ne pensait pas avoir son mot à dire mais le dit tout de même, enfin, il ne dit pas tout. Beau ne disait jamais tout ce qu’il avait en tête. De la maîtrise, diront certains, de l’hypocrisie, diraient les autres. Non mais Gabriel quoi. Comment Ocyllie avait-elle pu tomber aussi bas ? C’était le genre de mec un peu attardé qui essaye de faire le mec trop cool et qui sympathise avec tout le monde dans le seul but de gagner le jeu. Oh oui, il devait aussi être plein de bonnes intentions et être pseudo parfait, le genre qu’on ne voit jamais dans la vie quotidienne. Et Ocyllie s’était amourachée d’un mec comme lui ? Et dire que la production pressentait un truc entre elle et Beau. Ouais, ça le faisait chier en fait. Mais il ne dit rien. La belle blonde l’informa qu’elle ne comptait pas l’oublier. Beau accorda à la demoiselle un demi-sourire, peu convaincu. Beau, toujours allongé, ne faisait rien d’autre que de regarder son binôme qui, par la suite, se mit à boire. Par la suite, elle lui tendit la bouteille, il en avala une longue rasade tandis qu’il entendait la demoiselle lui demander si lui, avait quelqu’un. Une gorgée supplémentaire avant de reposer sa tête contre le bois, pas très fort, tout de même un peu. Il soupira. « Personne. » Il haussa les épaules, il n’était pas du genre à jeter son dévolu sur quelqu’un et surtout, pas assez romantique pour croire qu’il pouvait se passer quelque chose sans relations physiques. L’alchimie, ça se passait d’abord au lit. Bref, pas de sexe, pas de sentiments. Et ouais. Beau continuait de caresser la cuisse de la jeune femme, pas vraiment par automatisme d’ailleurs. « Bon, on se touche ? » Ce qui voulait dire « Qu’est-ce qu’on fait ? ». Jeu d’alcool, pourquoi pas. Ouais, Beau avait vraiment envie d’alcool et encore plus maintenant.

Personne, me répondit-il. Il n’y avait rien à ajouter à cela. Je m’en doutais. Avec qui pourrait-il bien être ? Alexis. Mis à part elle ? Il m’avait avouer croire que Marilou était son binôme, dans un premier temps, mais réellement, je voyais mal la demoiselle échanger ne serait-ce que deux mots avec lui. Puis pourquoi pas Lizzie, tant qu’on y est ? Sûrement. Et par la même occasion il se jettera d’un pont. Ainsi, je composais sa liste en trois lignes, trois noms. Au risque de me tromper. Évidement. Néanmoins, j’osais m’imaginer mes rapports avec le jeune homme si je ne m’étais pas tournée vers Gabriel. Il m’a toujours correspondu. Pleinement. Et en y repensant, je ne peux blâmer le travail de la production quand elle m’a assigné ce personnage comme binôme. Réellement, c’était celui que je cherchais. Et tout aussi réellement, donner raison à la production était une envie qui m’avait traversé l’esprit à plusieurs reprises. J’ai eu envie de croire en cette mascarade. Pas lui. Puis finalement, mon désire s’est accentué sur un autre. Et quoiqu’il en soit, aujourd’hui nous en étions là. ‘Bon, on se touche ?’ Il m’arrachait un sourire. Je comprenais l’idée, évidement, néanmoins, je me permis. « On pourrait. » Mon sourire s’en amplifia, alors que j’aventurais mes mains le long de son buste, jusque dans sa nuque, tout en m’allongeant doucement sur lui. Je ne l’encombrai que quelques instants. Le temps que mes lèvres déposent un baiser aussi délicat qu’insignifiant sur sa joue. Je me laissais alors tomber sur le côté, sur le dos, à ses côtés. Que faire ? Je soupirais doucement. Boire. Boire. Boire. A ne plus tenir debout. Si bien sûr nous songeons à nous lever un jour. Je me redressais sur mes coudes, tournant mon regard vers mon binôme. « Action ou vérité ? » Je pouffais un léger rictus. Ma proposition manquait de sérieux, évidement et heureusement. Jusqu’à preuve du contraire, je ne m’appelais pas Francesc, et je garderais un minimum de dignité –autant jouer à la marelle. J’enchaînai. « J’te pose une question. Tu n’y réponds pas, tu bois. Tu y réponds, je bois. » Le jeu du siècle. Bref, on aura compris le principe. Mais en gros, ça restait de la crotte de jeu pour pré-pubères. Mais pas autant que ma proposition précédente. Si il avait mieux à proposer, qu’il parle. En attendant… « Quel est ton secret ? »