AVEC OCYLLIE, le vingt-deux mai à quinze heures

J'imaginais que les autres candidats devaient prendre beaucoup plus de plaisir à faire cette aventure que moi. Non pas que je la trouvais ennuyante, mais disons que c'était toujours plus facile quand on avait des personnes à qui parler plutôt que de rester seul des journées entières. La solitude n'avait jamais été un fardeau pour moi tant qu'elle se cantonnait à ma vie bien rangée de libraire, maintenant que j'étais dans un jeu de télé-réalité cela changeait entièrement la donne. Mais si j'étais seul je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même, j'avais beaucoup trop de mal à aller vers les autres et à tenir une conversation entière avec eux. Je n'avais jamais réellement su d'où venait cette timidité maladive, d'aussi loin que je me souvienne j'ai toujours été un solitaire qui n'osait pas aller vers les autres. Le mec à qui personne n'a envie de parler parce qu'il n'est pas particulièrement beau, ni intéressant et qu'il passe sa vie à lire. Enfin c'était ma misérable existence, pas besoin d'épiloguer là-dessus. Et pour pallier à ma solitude j'avais eu envie de faire un tour dans la salle de jeux. Salle de jeux qui ne contenait en tout et pour tout qu'un seul jeu d'échec. Ce dont je ne me plaignais pas j'avais toujours aimé jouer aux échecs, enfin quand je trouvais quelqu'un pour jouer avec moi. La porte s'ouvrit alors derrière moi, et me retournant je constatais qu'une blonde venait de faire son apparition. Il me semblait qu'elle s'appelait Ocyllie, si mes souvenirs étaient exacts. Je pris alors une grande inspiration avant de dire : « Tu ... tu sais jouer ? » Aussitôt mes joues prirent une teinte écarlate et mes yeux cherchaient le sol.

L’ennui me hantait, moi et mon après-midi. Je ne savais que faire. J’avais même l’impression de tourner en rond. Je n’avais pas envie de parler à quiconque. J’en avais marre de répéter sans cesse les mêmes détails inutiles de ma vie. J’en avais marre d’entendre les détails inutiles des leurs. Ainsi, je n’ai eu autre idée que de chercher refuge au sein d’une pièce qu’y m’avait été jusqu’à présent inconnu : la salle de jeux. Je n’y étais jamais aller. Je n’en avais jamais vu l’intérêt. Mais ça, c’était avant. J’ouvrais donc la porte et alors que je pensais me retrouver seule dans cet antre, je tombais sur le timide de la maison ; Lewis. C’est à peine si tout le monde l’avait remarqué au sein de la maison. Il n’était pas du genre à s’exhiber, physiquement ou même mentalement, du moins, c’est que j’avais cru observer. Il me demandait alors si je savais jouer. Mon regard se posa un instant sur la table d’échec, le seul jeu dans la pièce. Evidement, non, je ne savais pas y jouer. J’avais pourtant une vague idée des règles, elle restait néanmoins… vague. « Pas vraiment. » lui avouais-je. Je lui adressais un sourire amical avant de reprendre. « Mais si tu veux quand même de moi, saches que j’apprends vite. » C’était le cas. Je n’étais pas contre le fait d’enrichir mes connaissances… en matière de jeux d’échec. Et même, ça me permettrait d’en savoir un peu plus au sujet de ce mystérieux personnage qui malgré tout, me laissait perplexe. Oui, au fond, je le trouvais carrément mignon.

Je n'avais jamais été un grand féru d'échecs, mais disons que c'était un passe-temps comme un autre et que j'appréciais d'y jouer de temps à autre. Enfin quand je trouvais quelqu'un pour y jouer cela allait s'en dire. J'étais persuadé que dans cette émission il y aurait forcément quelqu'un pour jouer avec moi. Sauf si aucun des candidats ne savaient y jouer, ce qui me paraissait assez improbable. Quant à la blonde qui venait d'entrer, il me semblait vraiment qu'elle s'appelait Ocyllie, je lui avais posé la question pour le savoir. Ce qui même si elle ne s'en rendait pas compte, était un énorme effort venant de moi. Elle me répondit alors qu'elle ne savait pas jouer, mais qu'elle apprenait vite si jamais je voulais bien lui apprendre comment jouer. Oh je n'avais jamais été un bon professeur, parce que je me perdais toujours dans mes explications. « Euh oui ... oui bien sûr.» lui répondis-je tandis que mes joues prenaient une teinte encore plus vive. Oui évidemment je n'allais pas refuser de lui apprendre. Je pris alors une grande inspiration avant de reprendre la parole. « Alors le but c'est de sauver ton roi. Et de garder ta reine en vie, si possible, c'est mieux.» Je m'arrêtais alors parce que je n'étais pas habitué à prendre la parole longtemps et que je ne voulais pas lui donner trop d'informations en même temps. Et aussi parce que j'expliquais toujours très mal.