On me trouve facilement à l’extérieur des villas. Souvent les pieds sur la table basse du petit salon de la véranda, que j’affectionne beaucoup. Un coin tranquille où on peut mater le portrait de Marylin sans en rougir. La classe. J’attends encore que Taziah vienne me botter le cul parce que j’ai encore mes paluches sur la table. Mais visiblement, il est moins maniaque que ce que la rumeur disait. Ou alors, il attends de péter un plomb pour me le faire regretter. C’est pas original, mais comme toujours, j’ai une clope au bec. Je suis un sale accroc à la nicotine, voilà. J’me verrais bien en tant qu’égérie de la marque Lucky Strike, mais dire qu’on kiffe s’avancer un cancer à la télévision, c’est tout de suite moins glamour qu’Uma Turman et son « I love Schweppes. », et moins sexy que le « What else ? » Goerges Cloonien. Bref, j’serais jamais égérie de quoi que ce soit. Je suis sorti de ma réflexion si intense et constructive par Orlando , alias Choucroute, qui débarque comme une fleur pour me proposer une séance de muscu. Pas que je le regarde de travers, mais presque. « Vas-y, jt’en prie, muscle-toi donc. Je supervise. » Tout ça pour dire que… non.

D’Orlando, je détourne le regard vers Marylin et tire sur ma cigarette. J’crois qu’il y a que trois manières de me faire faire du sport ; lâcher un grizzli à mes trousses, me foutre dans une piscine, ou dans un lit. Quoi que je peux bien transférer l’effort du sport de chambre dans la piscine aussi. Pensées de vicelard, seigneur. J’adresse un nouvel œil que j’avoue être plutôt hautain au jeune homme. Moi, prendre du bide ? Faudrait déjà que je bouffe pour ça, crétin. Et si personne n’a remarqué, je suis vraiment pas un dalleux. J’me nourris de céréales, de pommes, de loukoums et de nicotine ; c’pas à ce train là que je vais grossir. Qu’il aille faire son coach auprès de Lizzie, avant qu’elle prenne des cuisses, ça serait con. Je m’attends d’ailleurs à ce qu’il parte, mais non. Il s’installe. Au fond, je m’en fous. C’est pas parce que je suis froid que j’ai quelque chose contre lui. J’suis juste Anglais, quoi. « La plouf m’a nommé chef, j’ai fais des tours en oursons en guimauve et un temple en petit Lu, enfermé une meuf à poil dans une salle de bains, galoché une autre, menacé de tous vos découper en lardons pour un barbeuk, dansé la salsa… » C’est freaky, la vache. « Le bilan est plutôt bon. » J’en conclus en haussant les épaules avec un léger rire amusé. « Ton tour. » J’ajoute en écrasant ma clope. Avant d’en rallumer une aussitôt.

Moi qui pensais que je ne pouvais que bien m’entendre avec un mec qui a une choucroute sur la tête. Si j’avais su que la choucroute envahissait aussi l’intérieur de sa boîte crânienne, je pense que je l’aurai envoyé chier avec un peu plus de force. Pourquoi je pense une chose pareille ? Parce que ce qui ressemble à de la paranoïa me laisse deviner une pointe de sarcasme dans ses phrases, et ça a le don de me mettre sur la défensive. Bah, qui sait, j’me fais sûrement des idées. Depuis l’action ou vérité de la semaine dernière, son air blasé après mon défi… Je sais pas, cherchez pas, c’est sûrement physique. Je lui adresse une sorte de sourire plus poli qu’autre chose quand il me félicite pour avoir enfermé une des candidates à poil dans une salle de bains. « Je suis pas sûr que Cassy ai beaucoup apprécié, en revanche. » j’ajoute, histoire de, en haussant les épaules. Oh, et puis, finalement ça me démange d’ajouter ; « J’pense qu’Elijah ou Cesc’ seraient d’attaque pour se taper une séance de muscu avec toi. Et si vous voulez faire mine de servir à quelque chose, vous pouvez même vous poser bien devant une caméra pour faire grimper l’audience. » Traduction ; on a pas d’atomes crochus, aurais-tu l’obligeance de dégager ? Gentiment, hein.