Ft. Beau


Qui était assez con pour traverser une villa avec une assiette remplit de salade verte, de tomate, de concombre, de maïs, bref une assiette pleine de légumes - et de fruits avec les tomates - quoi ? [...] Apparemment, moi. Je n'avais pas spécialement envie de rester dans la toute première villa. Je n'avais pas envie de voir les têtes d'endives de certaines personnes résidant dans cette partie de l'immense baraque que Taziah avait gentiment mit à notre disposition. Je préférais le calme plat de la salle à manger. C'était rare quand quelqu'un se trouvait dans cette pièce. Parfait. En réalité, je n'avais envie de voir personne tout court. Ces derniers temps, j'étais dans ma bulle, dans mon monde. Je ne serais pas dans cette aventure, ce serait exactement pareil pour tout avouer. Mon assiette ainsi que mes couverts venaient heurter la table pour s'y déposer dessus avant que je prenne place sur une chaise. Au départ, droite comme un i, j'attrapais délicatement la fourchette pour venir piquer les dents de cette dernière en plein coeur d'un morceau de tomate. J'observais le morceau de fruit durant un très court instant avant de le porter à ma bouche. Une petite grimace s'emparait de mon visage. Acide. Non, je n'avais pas faim. Pourtant, il fallait bien que je me force à me nourrir si je ne voulais pas tomber malade. La fourchette attrapait un grain de maïs que je venais grignoter avant même que mon autre main ne vienne soutenir ma tête et que je me mette à jouer avec les aliments du bout de ma fourchette. Je laissais échapper un soupir d'agacement, fermant les yeux brièvement, les ouvrant à nouveau en entendant des bruits de pas.

Il était temps d’aller diner. Seulement, au lieu de se diriger dans la première villa et plus précisément dans la cuisine, étant donné qu’il était déjà dans la seconde villa, le jeune homme préféra se rendre dans le cellier, il devait bien y avoir de la bouffe et comme ça, il irait manger dans la salle à manger. C’était vraiment idiot comme système des deux villas, peut-être était-ce pour nous faire perdre du temps, vu qu’il n’y avait pas grand-chose à faire, finalement, autant le passer à marcher d’une villa à l’autre. Bon, le cellier. Beau trouva une petite bouteille d’eau, des gâteaux emballés, du chocolat, des boites de conserve… Rien de ce qu’il voulait. Bon, va pour la bouteille d’eau. De toute façon, le candidat n’avait pas très faim, il n’était pas un grand mangeur et pire que tout, faisait attention à sa ligne. La petite bouteille à la main, alors que ce bellâtre d’Australien comptait ressortir, il vit Cassiopée, seule dans la salle à manger. Sans réfléchir, il se pointa et alla s’asseoir en face d’elle, posant sa bouteille devant lui, il regardait la demoiselle avec un léger sourire amusé. « Ta mère ne t’a jamais dit qu’on ne jouait pas avec la nourriture ? » Arquant un sourcil, il ouvrit sa bouteille d’eau et en bu quelques gorgées. Par la suite, il reposa son regard sur Cassiopée. « Alors, princesse, pourquoi tu manges pas ? » Ouais, il s’inquiétait des autres, voyons, tout à fait son genre. Néanmoins, curieusement, il attendit de voir sa réaction. Juste comme ça.

J'étais stupide par moment. J'avais tellement peur de la personne qui pouvait débarque que je baissais les yeux sur mon assiette tout en espérant que ce geste allait me rendre invisible aux yeux de l'intrus. Raté. Je pouvais sentir la présence d'une personne s'installant face à moi. Mon regard se levait légèrement pour venir se poser sur le visage de Beau. Oh non, pas lui. Alors là, c'était le pompon. Un soupir d'agacement s'échapper d'entre mes lèvres eu même moment où il prenait la parole. « Et la tienne ne t'as jamais dis qu'il fallait balayer le devant de sa porte avant de s'occuper des affaires des autres ? » Ce type m’exaspérait. Il n'avait pourtant pas l'air bête, mais bon sang qu'il pouvait être méchant. S'il avait pu prendre la porte en même temps que la brunasse cela m'aurait bien arrangé tiens. Ou pas. Sa voix de macho en plastique s’élevait à nouveau. [...] Pardon ? Lui aussi il avait de la fièvre ou bien ? Mon étonnement venait se marquer par mes sourcils s'arquaient légèrement avant de venir se froncer. Bizarre. Étrange. « Parce que tu fais attention à moi maintenant ? » J'étais du genre à me laisser avoir un petit peu trop facilement et sa marque soudaine de gentillesse en était le preuve. Comme s'il s'agissait de Gabriel, je poussais l'assiette vers tout en déclarant d'une petite voix de gamine que je n'avais pas faim. Décidément, ce type me surprenait un petit peu plus chaque jour.

Cassiopée n’avait rien de méchant mais qu’est-ce qu’elle avait l’air idiot ! N’était-ce qu’un air ? Allez savoir, dans les deux cas cela avait le don d’agacer Beau. Deux possibilités, soit elle était complètement dénuée de neurones, soit elle essayait de ressembler à ses congénères, ceux de l’aventure, excepté Beau évidemment, et elle tentait d’être aussi débile que son binôme histoire de rester le plus longtemps possible dans le jeu. Non, elle était sans doute réellement idiote. Pas de chance pour elle. De toute façon, tout le monde ne pouvait pas être comme Beau, désolé pour eux. Après que le garçon eut dit qu’on ne jouait pas avec la nourriture, la demoiselle enchaina en lui disant que peut-être sa mère lui avait dit de regarder devant sa porte avant de critiquer les autres. Beau soupira. « Avant ou après qu’elle ait eu envie de m’abandonner ? » Il faisait référence à l’une de leurs conversations antérieures, près de la rivière. Bon, finalement, le candidat lui demanda pourquoi elle ne mangeait pas. Juste comme ça, après tout, ses joues commençaient à ressembler à celle de son binôme, étrange, donc, qu’elle ne poursuive pas la ressemblance en se goinfrant. Elle n’avait pas faim, répondit-elle avant de pousser son assiette. Assiette que Beau récupéra et qu’il approcha devant lui. Après tout, autant profiter des légumes, voilà pourquoi Cassiopée n’y touchait, pas assez de calories dans cette assiette. Bref, attrapant également la fourchette que la demoiselle avait utilisée, le bellâtre piqua dans quelques légumes de saisons avant de l’enfourner dans sa bouche. Après qu’il eut avalé, il reprit. « Non. » Dit-il simplement, répondant à la question de savoir s’il faisait attention à elle. « Alors, tu fais quoi ici toute seule ? » Quoi ? Il faisait la discussion pendant qu’il mangeait dans l’assiette de Cassiopée, rien de plus.

Il n'y avait rien à dire. Le prénom que portait le teigneux lui allait à merveille. Dommage qu'il soit si bête, si méchant. Je suis certaine que j'aurais très bien pu m'entendre avec lui. Ou pas. Remarquez, peut-être que si je faisais un effort, en le complimentant à longueur de journée, il finirait par m'apprécier. Mais, après tout quand on y réfléchissait bien, je n'en avais strictement rien à faire qu'il m'apprécie ou pas. Et puis je ne le pensais pas bête au point d'être berné par deux ou trois compliments. Alors que je continuais de jouer avec les légumes qui se trouvaient dans mon assiette, du bout des dents de la fourchette que je tenais dans l'une de mes mains, la voix du garçon s'élevait à nouveau. Avant ou après que sa maman ai eu l'envie de l’abandonner ? Parce qu'en plus de ça, il avait une mémoire d'éléphant le bonhomme. Je poussais un soupir, laissant tomber la fourchette dans l'assiette. « Avant. Après. Et puis, comme si ta maman avait déjà eu l'envie de t'abandonner. » Mes yeux roulaient vers le plafond alors que je poussais un soupir d’exaspération. « Elle aurait tellement peur que tu te fasses piétiner, seul dans la rue, à cause de ta petite taille, qu'elle ne l'aurait jamais fait. Les mamans sont vraiment extraordinaires n'est-ce pas ? » Pardon, mais c'était bien trop tentant. Je ne pouvais m'empêcher de lui adresser un sourire railleur. Finalement, il attrapait mon assiette pour venir se goinfrer de légumes avant de me répondre que non, il ne prenait pas soin de moi. Le contraire aurait été bien trop étonnant. Une autre question ? Sérieusement, il était malade non. Je faisais quoi ici toute seule ? « J'avais pas envie de voir la tête de certaines personnes. » J'haussais les épaules, l'observant manger ma nourriture. Il n'était vraiment pas gêné celui là. Il aurait au moins pu demander. Parce que ouai, j'avais faim maintenant. « Tu m'en donne un peu ? » Demandais-je tout en désignant l'assiette d'un bref signe de la tête.