Et hop direction la véranda, il faut dire que c'est le seul endroit de la villa où je ne me suis pas encore aventuré pour l'instant et vu que là j'ai genre tout sauf envie de croiser un des vingt-six candidats restants -beaucoup trop à mon gout d'ailleurs- je me dirige donc vers cette fameuse véranda en quête de tranquillité, tranquillité qui m'est finalement accordé. Me voilà à présent allongé sur un des canapés, laissant mon esprit vagabonder, m'imaginant déjà mon retour à la réalité une fois l'aventure achevée et je finis par m'assoupir, je plonge dans un sommeil tellement profond que je n'entends pas les voix se rapprochant petit à petit de mon cocon de solitude.

(pardon, mais Gabyllie, c’est p’tain la classe comme nom )

Une journée de plus où je ne trouvais pas grand-chose de mieux à faire que trainer, parler avec quelques candidats, et trainer encore. Parfois seul. Et c’était seul que j’étais sur le point d’aller dans le jardin, jusqu’à croiser Ocyllie dans le salon. Sans trop lui laisser le choix, je l’ai attrapé par le bras pour la trainer dehors avec moi, profiter d’un Soleil orphelin dans un ciel dégagé, et partager une cigarette, ainsi que quelques paroles. Rien de bien méchant, puisque je supposais qu’elle s’ennuyait autant que moi. Je gardais son bras sur le mien, le mien sous le sien. C’était une manière que je trouvais amusante. Nous marchions donc et avancions là où nos pas voulaient bien nous mener. La véranda se profila bientôt devant nous. Un endroit où s’assoir tout en restant à l’extérieur, un peu isolés des autres. C’était sans compter sur la présence d’un Elijah endormi dans l’un des canapés. Trouvez-moi bizarre, je lui trouve un air de marmotte, à ce gars. Et c’est pire quand il dort. Un large sourire étire mes lèvres. J’ai une envie irrésistible de le réveiller, juste pour l’embêter. Mais je me souviens de la réaction d’Ocyllie durant le prime, et préfère autant éviter de réitérer l’expérience. « Avec un peu de chance, il est mort, non ? » je demande à Ocyllie en haussant les épaules avant de tirer sur ma cigarette. Oui, non, ça ne serait pas une chance, c’est un peu de la cruauté gratuite. Je l’aime bien, ce gars. Surtout quand il dort.

Je m’étais retrouvée sous la véranda, au bras de mon cher compatriote, Gabriel. Il avait eu la bonté d’égayer un minimum mon après-midi qui se révélait particulièrement maussade. Notre balade nous mena finalement en ce charmant lieu, où tombions sur un indésirable, si je puis dire. Un homme était affalé sur le canapé, sûrement entrain de virevolter dans un bien plus beau monde, celui des rêves. Cet homme n’était autre que Elijah. Cette situation saurait presque me rappeler celle de vendredi dernier. J’en gardais d’ailleurs un arrière goût amer. Espérons qu’ils n’en viennent pas à rejouer la même scène. J’espérais mal. Gabriel ne sut tenir sa langue, et rapidement, dit qu’avec un peu de chance, il devait être mort. Je soupirais, me détachais de son bras, et répondais. « T’es con. » Je gardais néanmoins un sourire discret sur les lèvres. Se montrer vexante n’était pas ma priorité, et à vrai dire, c’était à peine si je le pensais. « Mais voyons si le beau au bois dormant est toujours vivant. » lançai-je en lui adressant un sourire taquin. J'hésitais rapidement à appeler Cleve, histoire de ne pas trahir ce délicieux conte, mais finalement, je trouvais que j'endossais plutôt bien le rôle de princesse. Je m’approchais de l’ourson en pleine hibernation. Je m’asseyais sur le bord du canapé, juste à la hauteur de son abdomen. Je glissais une main sur son épaule et doucement, me penchais sur lui. Mon visage proche du sien, je me contentais de coller mes lèvres sur sa joue, y déposant un délicat baiser avant de me redresser. Il n’avait plus qu’à ouvrir les yeux.

Doux sommeil: je peux discerner une plaine qui me semble s'entendre jusqu'à l'infini, sans plus attendre je me déshabille entièrement et me roule dans cette magnifique pelouse, la plus verte que je n'ai jamais vu puis tout à coup deux personnes surgissent devant mes yeux: Adam et Eve, putain je crois qu'ils veulent qu'on fasse un truc à trois, donc je... suis coupé dans mon rêve des plus tordus par le contact d'une main sur mon épaule, merde ! Je préfère rester parfaitement immobile, on ne sait jamais, ça doit surement être Cleveland et il s'en ira très certainement en voyant que je dors profondément, mais très vite je sens qu'on m'embrasse sur la joue, je me redresse immédiatement près à cogner « Non mais pour qui tu te prends sale.. » et je m'arrête en pleine déclaration lorsque que je me rends compte que ce n'était pas Cleveland, mais Ocyllie qui me faisait face et pour couronner le tout, Gabriel aussi est présent et doit sans doute être en train de se foutre de ma gueule, je soupire « Je parie que c'est encore une de tes idées foireuses ? » dis-je en m'adressant au brun.

Oui, j’suis con. Un peu. Mais je ne faisais que plaisanter, et j’étais certain qu’au fond Ocyllie ne blâmait pas totalement ma réplique foireuse. Elle se propose de vérifier si Elijah est en effet mort ou non. Je m’assied sur la table basse face au canapé dans lequel le brun était étalé de tout son long. La jeune femme, elle, prit place sur le bord. Non mais, eh, elle comptait vraiment se la jouer prince charmant ? Parce que je ne suis pas certain de totalement adhérer à cette idée. Je sers les dents et fais mine de m’en foutre. C’est un truc pour lequel je possède un don. Elle dépose un baiser sur la joue de l’endormi, qui se réveille aussitôt de merveilleuse humeur. Je me mets à rire, ce qui me vaut d’être accusé d’être le cerveau du coup. Je lèves les mains en l’air. « Non coupable. Moi, j’espérais que tu sois mort. » je réponds avec un sourire qui traduit bien entendu le fait que je plaisantais. Mais je ne comptais pas sur Elijah pour en rire. « C’est l’idée « foireuse » (et j’insiste sur le mot en mimant des guillemets) de la sale… » Mon sourire s’élargit, narquois à souhait. Je porte ma cigarette à mes lèvres en poursuivant ; « Sale quoi, déjà ? Je crois qu’il manquait la suite de ta phrase. Qu’est-ce que tu allais dire ? « Sale… » ? » Ocyllie va encore dire que je suis con, mais c’est irrésistible ; taquiner Elijah devient mon pêché mignon. Il prend tellement tout au pied de la lettre.

Elijah se réveillait, en furie. Déjà vu. Je crois qu’il finira par m’effrayer, à force. Mais ça faisait rire Gabriel. Tant mieux. Ca faisait moins rire Elijah et moi. Tant pis. Il soupçonnait le sale gosse dans le coup foireux. Quel coup foireux ? J’avais eu la gentillesse de le réveiller de la manière la plus tendre qu’il soit. Ce n’était pas mignon ? Je trouvais ça mignon, presque affectueux, même. Mais pas lui. Je restais bouche bée. La prochaine fois, je le laisserais mourir, et ferais à cette occasion, sûrement plaisir à Gabriel. Je me tournais d’ailleurs vers ce dernier, qui avait pris la parole. Il s’innocentait. Puis en ajoutait une couche. ‘La sale quoi ?’. Je me rendais compte des propos de l’ingrat que je venais de réveiller. Je me retournais à nouveau vers lui. « Oui, la sale quoi… ? » Je défendais une mine vexée tout en arquant un sourcil, pourtant mon sourire en coin trahissait mal mon surplus de susceptibilité. « Je voulais te réanimer, abruti, t’appelles ça une idée foireuse ? » dis-je sans agressivité, d’un ton plutôt bas, simplet.

Me voilà bêtement en rogne face au futur petit couple -qu'ils n'essayent même pas de le nier- il me semble maintenant évident que l'autre idiot n'y est pour rien et que cela ne devait certainement pas non plus être une blague d'Ocyllie. Et merde, ça partait d'un bon sentiment en plus, bon bah je m'en veux un peu de lui avoir crié dessus là à la pauvre Ocyllie, surtout que ce n'est pas la première fois... Bref, je suis sur le point de m'excuse lorsque Gabriel décide qu'il doit encore ouvrir sa bouche et bien évidemment Ocyllie le soutient dans ses propos, que répondre à ça ? « Rho c'est bon, excuse-moi Ocyllie, j'ai juste crû que c'était Cleveland qui tentait encore une de ses approches complètement déplacées » J'ignore magnifiquement la dernière déclaration de la blonde, tout a déjà été dit. Je soupire donc une fois de plus et me laisse retomber sur le confortable canapé avant de les questionner, le regard ailleurs « Je suppose que vous cherchiez un petit coin tranquille pour vous câliner ? »

Elijah s’excuse platement auprès d’Ocyllie. Je fais pas noter que je serais pas contre des excuses, moi aussi. Parce que bon, se faire accuser de manière infondée de la sorte, y’a plus sympa. Mais au fond, je m’en fous pas mal. Il sait qu’il a eu l’air d’un crétin maintenant, c’est bien assez. Ainsi, il pensait que Cleveland viendrait le réveiller avec un baiser sur la joue. Un sourire ne quitte pas mes lèvres. Pauvre Clev, ses tentatives d’approche envers le brun n’avaient pas eu le moindre succès. Son attitude pourtant si dévouée envers son binôme n’avait fait que le desservir. C’en était presque cruel. Elijah se permet une question que je qualifierai bien de « foireuse » pour faire la conversation. Mon regard passe d’Ocyllie au jeune homme plusieurs fois. Et sinon, de quoi je me mêle ? « Eh bien, j’en connais un autre qui est doué en approches déplacées. » je fais remarquer avant de tirer sur ma cigarette. C’était bien évidement non sans une petite référence au prime de vendredi dernier et la manière dont Elijah s’était incrusté entre Ocyllie et moi. « Bon, puisque toi tu semblais chercher un petit coin tranquille pour rêver de Cleveland, je propose qu’on aille se trouver un autre coin pour se « câliner ». » dis-je en m’adressant d’abord au beau au bois dormant, puis à la jeune femme. « T’en fais pas, je suis sûr que la prochaine fois, Clev viendra te réveiller gentiment. » j’ajoute en tapotant l’épaule du brave Elijah. Allez, j’suis sûr qu’il adore les approches déplacées. C’est juste qu’il ne le sait pas lui-même.