Même si le troisième prime était déjà passé, je n’ai toujours pas eu de vraie conversation avec la totalité des membres de mon équipe. Beau fait partie des membres à qui je n’ai quasiment jamais adressé la parole. Je ne sais même pas pourquoi, puisque entre coéquipiers, on est supposés être plutôt proche. Pourtant, c’est une personne que j’apprécie. Simplement parce qu’il ne fait pas partie des jeunes adultes coincés dans un univers post-adolescence puéril qui sont présents en grand nombre ici. Heureusement, l’équipe Swainsona n’en comptait pas à ma connaissance. Il faudrait que je parle à tous les membres pour me faire une opinion solide, ce qui risque d’arriver dans longtemps. Seulement, je suis tombé sur Beau alors que je faisais ma préparation matinale en lendemain de prime dans la salle de bains. Bonne occasion pour faire connaissance, pourrait-on penser. Oui, c’est vrai, sauf quand on a la brosse à dents en main, les joues gonflées de dentifrice et les cheveux en bataille. J’avais donc le regard plongé dans le lavabo, m’attendant à ne trouver personne à cette heure-ci ; jusqu’au moment où, en me remettant droit, j’aperçus dans le reflet du miroir Beau qui se tenait derrière moi. Surpris à sa vue, j’arrêtai tout mouvement : j’étais dans mon état matinal « je sors d’un an d’hibernation », qui ne m’était pas favorable. Il fallait cependant saluer le jeune homme : je n’allais pas continuer de me brosser les dents comme si de rien n’était. Après m’être rincé la bouche, je me suis retourné en lui disant « Salut Beau ! T’as passé une bonne nuit, en ce lendemain de prime ? » Oui, c'est sobre, mais je n’allais pas non plus lui sauter au cou. Oui je l’aimais bien, mais on ne se connaissait pas pour le moment.

Lendemain de prime. Beau n’était pas un grand dormeur ou du moins, il savait se lever avant midi et ne pas rater sa journée, contrairement aux autres idiots qui passaient leurs journées au pieu et leurs soirées à brailler. D’accord, on aurait pu dire que le bel australien était vieux avant l’âge. Mais ce n’était pas le cas, qu’on se le dise. Bref, huit heures arrivaient lorsque Beau se leva de son lit. Premier geste, s’étirer. C’était très important, on oubliait souvent de s’étirer. Pas le genre à se faire craquer les os, juste s’étirer convenablement. L’étape suivante était la salle de bain. A peine fut-il entré qu’il vit un mec de dos et au bruit, il se brossait les dents. Tant mieux, Beau comptait justement en faire autant. Alors qu’il s’approchait des lavabos, la tête de Chase apparut dans le miroir. Chase était sans doute l’un des types les moins cons de l’aventure. Enfin il fallait se rendre à l’évidence, les types les moins cons se trouvaient dans les Swainsona. La production - ou Taziah ou qui vous voulez je m’en fous – avait bien choisit cette équipe puisqu’un minimum de demeurés s’y trouvait, contrairement aux autres qui en débordaient. Bref, même si Beau n’avait rien contre Chase, le fait qu’il se mette à lui parler comme ça en lui demandant s’il avait passé une bonne nuit eu pour effet d’hérisser les cheveux de Beau. Répondre à des questions connes sur sa nuit de sommeil, non merci. Bon, une erreur pour Chase, espérons qu’il n’en fasse pas plus. Beau attrapa alors sa brosse à dents, mit du dentifrice sur celle-ci et enfourna le tout dans sa bouche. Ensuite, il fit un sourire désolé à Chase en lui disant qu’il ne pouvait pas parler. Oui, ces choses là ne se faisaient pas. Trois minutes de calme. Trois minutes qui seraient les dernières avant que toute cette journée ne soit une grosse blague. Durant toute la journée on allait venir parler à Beau et s’en doute le saouler. Il profita donc de ses trois minutes qui, malheureusement, prirent fin bien trop tôt. Une fois qu’il eut reposé sa brosse à dent, la journée pouvait commencer. « Chase. » Le salua-t-il poliment. « Et c’est reparti pour une semaine. Ca va, tu risques pas trop d’être nominé de si tôt. » Beau n’en savait rien, ce qu’il s’avait était que Chase avait été nominé d’office et non par les autres. Ces mêmes autres qui nominaient depuis deux semaines Beau. Ce qu’il savait aussi, c’est qu’il n’avait pas répondu à la question de Chase. Ce dernier croirait donc qu’il avait oublié la question en trois minutes. Parfait.

Visiblement, je n’étais pas la seule personne qu’il fallait laisser en paix tôt le matin. Quelque part, j’ai compris sa réaction, car il m’est moi-même impossible d’adresser la parole à quelqu’un sans avoir eu ma dose de caféine. Ce matin-là, je m’étais réveillé plus tôt. Je suis donc assez vite passé par la cuisine pour commencer ma journée correctement. Ce n’est qu’après cela que je me suis autorisé la communication avec les autres. Beau n’était vraisemblablement pas d’humeur à être questionné sur sa nuit. Bon, ça ne changeais absolument rien pour moi, au final, c’est juste que je n’allais pas m’attarder à me préparer ; j’avais juste un besoin urgent de me raser, mais vraiment. J’ai donc appliqué une généreuse couche de mousse sur mon visage avant de saisir le rasoir et commencer. Quelques mouvements plus tard, le côté gauche de mon visage était devenu imberbe, et Beau avait fini de se brosser les dents. « Chase. » me lança-t-il. « Et c’est reparti pour une semaine. Ca va, tu risques pas trop d’être nominé de si tôt. » a-t-il poursuivit en reposant sa brosse à dents. Je n’ai pas répondu immédiatement, car je m’occupais du dessus de mes lèvres, et je voulais éviter de me couper inutilement en répondant. « J’espère. Je me demande seulement dans combien de temps je ne serai plus sans arrêt nominé d’office… » ai-je fini par répondre. En même temps, la réponse était logique : quand l’équipe ne sera plus systématiquement la dernière, nous aurons peut-être un avenir. En attendant, Beau a été nominé à plusieurs reprises par le vote des candidats et téléspectateurs, chose que je ne comprenais pas quand on voit toutes les créatures qui peuplent la villa. « …Et quand ceux qui devraient être nominés arrêteront de te nominer. » continuai-je.

Alors que Beau finissait de se brosser les dents, Chase avait entreprit la lourde tâche de se raser. Intéressant. Non, vraiment. Ce mec avait apparemment décidé d’entretenir une barbe de deux ou trois jours, façon trentenaire bobo. Apparemment, les filles appréciaient. Enfin, nul doute qu’elles préféraient le style de Beau mais assurément, tout le monde ne pouvait pas lui arriver au tibia. Chase tentait donc de ne pas se louper tandis que le candidat attendait sa réponse tout en se passant une main sur son menton. Non, pas de rasage ce matin. Finalement, la réponse de Chase le stoppa dans sa contemplation dans le miroir. Son coéquipier se demandait quand il ne serait plus nominé d’office. « Cette semaine, je dirais. » A sa connaissance, il ne l’était pas. Quoique, il avait peut-être loupé quelques épisodes durant le dernier prime, c’était à envisager. Ce n’est pas comme si ç’avait été de la folie non plus, mais Beau avait l’incroyable capacité à ne pas écouter lorsqu’il n’était pas concerné. D’un autre côté, il y avait toujours un risque que Chase soit nominé. Comme Beau, comme les Swainsona. Notamment. Mais non, il doutait qu’il soit nominé. Il avait l’air d’être apprécié. Le candidat le moins beau des deux conclut alors en disant qu’il se demandait quand est-ce que ceux qui nominaient Beau seraient nominés. Le bel australien esquissa un sourire amusé. Ils étaient plusieurs à ne pas supporter Beau, ce qui était inexplicable, on en conviendra. « Ca arrivera. Bientôt. Croisons les doigts. »Dit-il avec humour avant de poursuivre. « Après tout, ce n’est pas de ma faute si je suis nominé parce que trop parfait pour eux. » Il haussa finalement les sourcils et accorda à Chase un regard sérieux, à travers le miroir. Beau s’étira un instant avant d’envisager l’idée d’aller sous la douche. Bon, quand faut y aller. « Tu m’excuses, le devoir m’attend. » Et sans attendre, Beau retire ses fringues et enfile un maillot de bain avant de filer sous la douche. Pour une fois qu’il ne craint pas qu’un mec le reluque d’un peu trop près. Ouais, Chase a pas l’air d’en avoir quelque chose à foutre des mecs. Non pas que Beau soit homophobe ou autre, c’est juste que se faire matter constamment, ça n’a pas que ses avantages. Ouais, pauvre petit être parfait qu’il est.