Le soleil, lentement, battait en retraite. Il faisait déjà moins chaud qu’à quinze heures et pourtant, Beau restait autour de la piscine. En pleine après-midi, le jeune homme avait décidé d’aller faire un tour dans l’eau, très vite, il avait fait des longueurs. Le garçon s’arrêta lorsqu’il n’arriva plus à les compter – et Beau, en plus d’être magnifique était aussi intelligent, donc le nombre était impressionnant, soyez-en sur – il préféra alors nager tranquillement un moment avant de finalement s’allonger sur l’un des transats autour de la piscine. Sur le dos d’abord, puis sur le ventre. Sa peau dorait légèrement, mais pas trop, il s’était assuré de ne pas ressembler à une écrevisse en se mettant de la crème solaire. Il ne voulait ni être moche, ni avoir un cancer de la peau. Il s’était assoupit et n’avait rien d’autre de prévu donc, il se laissait somnoler au gré du vent qui venait réconforter sa peau encore un peu trop chaude. Finalement, il était très bien ici. Sauf que, avec une vingtaines d’abrutis à côté de soi, tout ne pouvait pas être indéfiniment parfait. Réveillé en sursaut, de l’eau venait de rentrer en contact avec sa peau. Eau température ambiante + Peau brulante = Beau en colère. Il se tourna alors vivement sur le dos afin de voir qui il allait étriper. Etrangement, il n’y avait personne excepté Gabriel qui, à première vue, n’avait rien à voir dans l’histoire. « Tu fais quoi ici ? » Aboya-t-il sans vraiment faire attention.

Journée calme, pour ne pas dire longue et ennuyante. Je n’ai pas fait grand-chose de moi-même hormis dormir et fumer. Une balade dans la forêt pour me dégourdir les jambes en début d’après-midi sous le soleil m’avait fait me rentrer quelques heures plus tard. Du reste, j’avais gribouillé dans le carnet à couverture noire que je tiens. Parce que je suis encore loin d’avoir une mémoire d’éléphant, j’ai besoin de garder une trace des indices qui sont donnés, des évènements, ou de mes propres pensées entre des croquis de tout et de rien et quelques chansons balancées sur le vif. Je sais que ce carnet amuse les Waratah parce qu’il me donne presque l’air sérieux. Alors que lors du prime d’ouverture, je promettais d’être un chef funky. Pas le genre à prendre des notes. Bref, on dirait que j’ai des neurones. Je remarquais que la lumière avait baissé quand le papier eut l’air gris perle. J’étais assis près de l’une des fenêtres du salon. En regardant au travers, le vis Beau à côté de la piscine. Endormi. Je sortis donc le rejoindre rapidement. Quelques gouttes d’eau me tombèrent dessus. Ces mêmes gouttes qui réveillèrent Beau. L’accueil fut chaleureux. « Je viens en paix. Pour te dire qu’il va pleuvoir. Sûrement. » Je dis en haussant les épaules et en montrant le ciel de mon index. « Mais maintenant que c’est fait, j’peux te laisser te transformer en serpillère tout seul, si tu veux. » Une belle serpillère ? Ca j’en doute. J’me dis que voir Beau trempé et ressemblant à un chien mouillé ferait plaisir à Lizzie. Parallèlement, un Beau trempé ferait sûrement baver plus d’une téléspectatrice. Au final, non, je n’aurai pas dû le prévenir.

A peine Beau eut-il finit de râler contre Gabriel – sans aucune raison, on en conviendra – que le garçon reçut encore quelques gouttes sur lui. Premier réflexe, regarder la piscine. Il vit alors qu’il s’agissait de la pluie qui s’abattait également dans la piscine. Super. Gabriel, quant à lui, répondit qu’il venait en paix le prévenir qu’il allait pleuvoir. « Merci Einstein. » Déclara le bel australien avant de passer une main dans ses cheveux encore secs. Plus pour très longtemps. Pourquoi Beau était-il si hargneux ? Peut-être parce qu’il venait de se réveiller de la pire façon possible, à savoir par de l’eau. Insupportable. Beau ne bougea pas pour autant de son transat. L’autre candidat lui dit alors que maintenant que sa BA était faite, il pouvait le laisser tout seul se transformer en serpillère. Beau était sur le point de l’envoyer balader, d’ailleurs, il se mit à parler. « Il se passe quoi avec Ocyllie ? » Heu. Bon, ce n’était pas exactement ce qu’il venait de se répéter dans sa tête, mais soit. Le ton était descendu d’un cran, plus neutre. Il ne pleuvait pas encore tout à fait, ils avaient encore quelques minutes devant eux. Beau avait remarqué qu’il se passait un truc entre Gabriel et Ocyllie. Non pas que cela le dérangeait, il préférait juste se tenir au courant. Ouais et aussi, c’était la binôme de Beau, pas celle de Gabriel. Mais à part ça, il s’en foutait.

Beau. Oui, j’avais tenu plus de deux semaines sans véritablement parler à mon colocataire. Je m’en méfiais. Beaucoup. Chose qui ne me ressemble pas, j’avais glissé dans les mêmes jugements que portent les autres à son sujet. Avec mes propres raisons. C’est Ocyllie qui l’avait remis en question. Il pourra la remercier. Parce qu’elle avait sûrement raison. J’ai abandonné mon acharnement aveugle contre lui. Je pense qu’ainsi, le reste de l’équipe aussi. Et donc, on pourrait croire qu’un accueil comme celui que m’offrit le jeune homme me ferait tourner les talons. Mais il faut dire que je ne suis pas tellement un susceptible qui s’attarde là-dessus. Beau. Ouais, tout de suite, quand on le voit de près, on se dit que le seul nom qui lui irait mieux que le sien serait Apollon. Objectivement, j’crois que je fais plutôt poids plume à côté. Mais je fais quasiment une tête de plus que lui, ce que je trouve plutôt amusant. Je pensais m’en aller tranquillement, maintenant que ma mission était remplie et qu’il dépendait plus que de lui de finir trempé ou non. Mais il articula une question, qui m’étonna moins que ce que j’aurais pensé. Après tout, ce qui concerne Ocyllie le regarde. Je suis pire vis-à-vis de Marilou. Est-ce qu’il se passe quoi que ce soit avec la belle blonde ? Ma main passe sur ma nuque. « Elle me plait. Et je l’aime plutôt bien. Beaucoup. » je réponds avec franchise ; autant ne pas le prendre pour un con, il n’a pas l’air d’en être un, et annoncer la couleur. J’hausse les épaules comme pour dissimuler un certain malaise, mais on ne peut pas dire que ça fasse illusion. « C’est un problème ? » Non, je ne demande pas sa permission. Je me contente de savoir ce qu’il en est. Peut-être que l’un des aspects du jeu, concernant les binômes, a déjà pris sur lui. Qui sait si je ne vais pas finir encastré dans le fond de la piscine.

La question sur Ocyllie était posée, Beau attendit donc une réponse. D’accord, ce n’était pas ses affaires et Gabriel aurait pu l’envoyer bouler mais tout de même, les deux étaient binômes, il avait le droit de savoir. Ou pas. En tout cas, le bel australien observait la réaction de l’autre garçon. Il semblait légèrement mal à l’aise avant de répondre. Ocyllie lui plaisait et il l’aimait bien. Non, beaucoup. Beau fronça les sourcils tandis que Gabriel lui demandait si c’était un problème. C’était une sorte de question rhétorique. Insupportable. Beau ne pouvait tout de même pas se braquer ou autre. Il n’en avait de toutes manières pas l’intention. Il se contenta alors à son tour d’hausser les épaules. « Tant que ce n’est pas stratégique. » Ce n’était pas faux. On va dire ça. Après tout, Ocyllie et Beau n’avaient pas signé de pacte et n’étaient pas condamnés à se regarder entre quatre yeux jusqu’à la fin du jeu. Le jeune fronça ensuite les sourcils, avant de reprendre la parole. « Ton binôme c’est Marilou, c’est ça. » Un faible sourire apparut sur le coin des lèvres du plus beau des deux. Il voulait simplement s’assurer que Gabriel était avec la petite timide toute mignonne. Juste pour information, vous savez. Les deux candidats se regardèrent un instant en chien de faïence avant que le sourire de Beau ne se fasse plus large. « Il va peut-être même y avoir de l’orage. » Conclut-il en tournant la tête vers la piscine. Curieusement, se baigner sous la pluie était une option envisageable.

C’est un peu comme si Beau imposait une condition pour que je fréquente Ocyllie. A croire qu’elle a été mise en binôme avec son père. Quoi que, je ne suis pas bien mieux avec ma propre partenaire. Pas de rapprochement stratégique. Remarque que je trouvais parfaitement idiote, en réalité. Sans chercher à me vanter, si d’elle ou moi la stratégie devait venir de quelqu’un, ce serait elle. Ocyllie n’est pas la plus adorée de tous, or on semble m’accorder une certaine popularité. Un rapprochement serait à son avantage, semble-t-il. Mais je n’accorde pas vraiment de crédit à ce qu’on raconte. Et je ne crois pas dans les rapprochements stratégiques. « Ca l’es pas. » je réponds simplement. Je n’y mets pas les formes pour qu’il comprenne ma sincérité. Il a pas besoin d’en savoir plus, il sait déjà tout ce dont il a besoin. Au fond, j’en sais pas beaucoup plus moi-même. Il me fait ensuite confirmer qui est mon binôme, Marilou. Sans chercher à comprendre en quoi consiste sa question, j’acquiesce bêtement. « C’est bien elle. » Mais nous n’avons malheureusement pas de grandes affinités. Peut-être que je ne lui accorde pas assez de temps non plus. Quelques fines gouttes de pluie continuent de faire leur apparition. Et nous restons dehors, alors que nous pourrions discuter en rentrant. Pourtant, s’il ne bougeait pas, je ne bougeais pas plus. C’était assez étrange. Peut-être y aura-t-il de l’orage, oui. « Raison de plus pour rentrer, non ? A moins que tu veuilles expérimenter le Beau Toasté par la foudre. » je lance en haussant les épaules. Personnellement, je préfèrerais autant éviter de ressembler à un chien mouillé. A vrai dire, je ne sais pas vraiment ce qui m’empêche de le laisser là pour aller au sec. Si ce n’est une question ; « Au fait. Toi, qu’est-ce que pense d’Ocyllie ? » Puisque nous jouions franc jeu, autant profiter de la situation. Au pire, il m’enverra chier et j’aurai une bonne raison de rentrer.

Gabriel lui répondit que la relation qu’il avait avec Ocyllie n’était pas stratégique. En même temps si ç’avait été le cas, il ne l’aurait pas avoué. Donc, il y avait toujours une chance pour que ce soit stratégique. Non parce qu’il n’allait pas croire Gabriel juste parce ce dernier répondait. Bref. Ils verraient bien dans l’avenir. Beau s’assura ensuite que Marilou était la binôme de Gabriel. Pourquoi ? Allez, savoir… Il songerait à aller parler à cette demoiselle, juste comme ça. Bref, leurs échanges étaient brefs mais ça ne dérangeait pas le bel australien. Après tout, allez savoir pourquoi, le garçon n’avait aucune envie de parler littérature, art ou musique avec Gabriel. Ou avec un autre candidat, d’ailleurs. Bon et puis, là il pleuvait, ce qui n’arrangeait rien, on en conviendra. Après que le candidat des Swainsona ait évoqué l’orange, l’autre candidat de l’équipe adverse lui dit que c’était une raison de plus pour rentrer, sauf si Beau voulait se faire foudroyer. L’un dans l’autre, les deux issues se valaient. « Un Beau Toasté peut-être, mais il restera le plus parfait d’entre vous. » Affirma-t-il d’un ton assuré et sérieux. Ce qui était marrant dans cette villa, c’est que personne ne connaissait l’humour autrement qu’en riant soit même à ses blagues, façon gros lourdingue. Beau usait et abusait, sans doute, de ce que l’on appelle le rire sérieux. Impossible de savoir s’il pensait ce qu’il disait ou non. Et c’était tant mieux. Ca ne le dérangeait pas qu’on le prenne pour le mec imbu de lui-même car assurément, il l’était et en jouait quelque peu. Attendez, fallait admettre que la concurrence n’était pas rude, regardez par vous-même, juste devant lui, par exemple. Bref, passons. Gabriel lui parla à nouveau d’Ocyllie. Ce que Beau en pensait d’elle ? Etrange question. Ou pas. Qu’importe. « Elle m’a l’air dégourdi et plutôt futé. » Dit-il d’abord avant de conclure par un : « Et elle est très agréable à regarder. » Tout en esquissant un demi-sourire. Admettons-le. Beau attendit un instant, afin de savoir si le sujet était clos. Il reprit, une dernière fois. « On rentre. » Non, ce n’était pas une question mais non, ce n’était pas un ordre non plus. C’était plus un fait qu’autre chose, dirons-nous. Genre, il pleuvait, il allait peut-être même y avoir de l’orage, donc, ils allaient rentrer comme ‘lavait proposé Gabriel. Beau se leva alors de son transat.