stay home a lot, no tv
just thoughts, and a heap of good weed.

Le déjeuner venait de prendre fin. Je n'étais pas de corvée de vaisselles, j'en profitais pour m’éclipser vaillamment pour terminer ce repas en toute beauté en allant m'aérer l'esprit et les poumons avec une bonne clope. J'avais arrêté de fumer. Je venais de reprendre. Je suis aussi faible qu'idiote, n'est-ce pas ? Mais la tentation était trop forte. Avec tous ses abrutis qui n'arrêtaient pas de cloper à toutes heures, tous endroits, c'est comme si j'avais déjà repris. Quoiqu'il en soit, mon addiction m'avait conduit jusqu'à la terrasse. La vue était prenante d'ici. Je pouvais observer le jardin sur toute son étendu, ajoutons qu'elle n'était pas moindre. Je ne me rendais pas véritablement compte du luxe dans lequel j'étais entrain de vivre ; la production avait mis les bouchées doubles à ce niveau, on pouvait mal demander plus ou espérer mieux. J’appréhendais déjà mon retour sur Terre. Une fois qu'on y a gouté, on n'a pas envie de revenir en arrière. Le luxe, c'est comme les clopes tiens ! Une fois qu'on y goute, on peut plus s'en détacher. La seule différence réside encore dans le prix. Mais peu importe. Je m'installai sur une chaise longue qui s'y trouvait, sortis une clope de mon paquet pour l'enfiler entre mes lèvres. J'attrapais le briquet qui se trouvait dans ma poche, espérant en faire jaillir le feu. Espérant, uniquement. J'essayais, encore et toujours, sans gain de cause. Il ne fonctionnait plus. « Aller, aller... » voilà que je me mettais à l'encourager. C'était le genre de chose qui m'énerver, tomber sur un briquet vide. Je persistais, sans fin. Je la voulais cette foutue étincelle, je la voulais sans l'avoir. « Vas te faire foutre, connard ! » Je jetai le briquet par dessus la rambarde. J'étais agacée. Me voilà condamnée à devoir en mendier un nouveau auprès de mes colocataires. J'attrapais ma cigarette et la déposait sur la table. J'étais peut-être impatiente, mais plus encore, j'étais fainéante.

Dimanche, quatorze heures. Putain, la pire période de la semaine. Il détestait les dimanches. Enfin comme à peu près tout le monde dans ce monde. Non parce que, généralement, le dimanche, tous les magasins sont fermés, et puis y'a jamais personne dans les rues. Non, vraiment, il détestait les dimanches. C'était le jour des vieux. Et même dans ce jeu, quoi ! Même les gens ici bougeaient pas, de gros flemmards, si si ! Sly était peut-être un petit con et il avait envie de faire le dawa un peu partout, mais il avait besoin de quelqu'un, parce qu'emmerder les autres tout seul, c'est pas marrant, enfin pas trop. Du coup, il se retrouvait dans le jardin après avoir mangé, à frapper dans des cailloux, les mains dans ses poches. Putain, il était triste, il se faisait chier, là, tout de suite ! Enfin bon. Il arrivait très vite à la terrasse, et son regard fut très rapidement attiré par une masse de cheveux blonds le long d'une chaise longue. Il aurait très bien pu passé son chemin mais visiblement, la jeune femme était énervée, à tel point qu'elle lança un objet au dessus de la rambarde. Il n'avait pas vraiment eu le temps de voir ce que c'était, mais il s'approcha de la jeune femme, voyant ici une occasion de faire passer le temps. Et qui sait il pouvait peut-être l'aider. Il contourna la chaise longue et vit une cigarette sur la table. L'objet volant non identifié était donc le briquet de la jeune femme ? Le pauvre, lancé au dessus d'une rambarde, il ne méritait pas ce genre de fin. Il sortit de la poche arrière de son jean son paquet de clopes, où le briquet était posé, et apostropha la jeune femme. « Tiens, attrape ! » lui fit-il, histoire de capter son attention, avant de lui lancer le briquet. « Je sais ce que c'est. » Les siens, souvent ils finissaient cassés ou alors perdus, ou alors il les mangeaient ou bie.. oui, non c'était une blague. Bref. Mais, pour l'instant, lui, il ne fumait pas. Il n'avait pas envie, pas tout de suite. Et puis de toutes façons c'était sa camarade qui avait possession de son briquet à ce moment précis, donc bon.

Je ne l’avais pas entendu arriver. Je sursautai, surprise, mais pas déçue pour autant. Il arrivait avec le précieux ; celui que je ne détenais pas, ou ne détenais plus. J’attrapai son briquet plus dignement qu’une pro, sous un large sourire. Il en fallait peu pour me rendre heureuse. Me sauver dans ma détresse faisait partie de ce peu, même si ce n’était qu’avec un simple briquet. Il compatissait. C’était pas étonnant, tous les fumeurs sont amener à connaître la galère d’une clope sans feu, faute à un briquet qui aurait rendu l’âme bien trop tôt, se serait évadé,... ou que sais-je encore. Peu importe. « T’es mon héro. » lançais-je, particulièrement reconnaissante envers ce damoiseau. Je rattrapais ma clope, la renfilais entre mes lèvres pour y approcher le briquet qui précisons le, marchait comme jamais un briquet n’avait marché auparavant –l’émotion parle pour moi. Je l’allumai, vorace à l’idée de remplir mes poumons de cette fumée cancérigène, ce que je ne tardai pas à faire. Je la soufflais aussitôt. Je me retournais vers mon bienfaiteur, lui tendait son bien. « Je ne pourrais jamais assez vous remercier, très cher. » dis-je, manquant pourtant de trahir mon sérieux par un sourire en coin. Je pourrais commencer par me rappeler son prénom. Dans mes souvenirs, il n’était pourtant pas bien compliqué, mais j’avais même du mal à retenir le nom de mon équipe. Je ne suis pourtant pas quelqu’un de distrait. Je me souvenais d’ailleurs clairement ne jamais lui avoir adressé la parole, ou du moins, ne jamais avoir eu l’occasion de le faire. Chose qui, à présent, n’était plus vérifiée. « Tiens, je t’la dois bien. » Avouais-je, lui tendant mon paquet de clope. Il devait avoir les siennes, mais peu importe, c’était une question de principe. Qu’il s’en fume une, ma solitude partirait en fumer en même temps que sa clope.