▬ OCYLLIE & GABRIEL ▬
Mercredi 9 mai – 19h

Fin de journée. Je me fais doucement à l’idée que, oui, à dix-neuf heures, ce n’est pas le début de la journée ici. J’ai l’impression d’avoir atterri dans une autre dimension dans laquelle je suis tel un Vampire ; habitué à dormir le jour et vivre la nuit. Je m’y ferais. Autant que je finirai bien par vivre normalement avec cette vingtaine de candidats, et à supporter les membres de mon équipe. J’aime bien cet endroit, n’empêche. Je suis certain de finir par m’y plaire. Fin de journée, je file donc sous la douche. La cabine forme une sorte de couloir entièrement vitré, du genre que je n’avais jamais vu avant. Et où il semble nécessaire de rester avec un short de bain. Pas que j’sois pudique, mais faut pas pousser. Je suis sous l’eau depuis un bon quart d’heure maintenant ; l’un de mes plaisirs consistant à me vider la tête durant de longues minutes dans la salle de bains, tant qu’il n’y a personne. Finalement, je tourne le bouchon et ferme l’eau. J’attrape ma serviette et entoure ma taille avec. D’une main dans les cheveux, je me débarrasse des mèches brunes qui se collaient à mon visage. Mais une fois hors du couloir de douche, en relevant les yeux, je tombe nez à nez avec une jeune femme blonde. Je manque de sursauter ; à croire qu’ils ont tous décidé de me faire avoir une crise cardiaque. « Je crois que… » Je remets facilement son visage, mais pas son nom. Je sas néanmoins qu’elle fait partie de l’équipe Sollya… dont la salle de bains se trouve dans l’autre villa. Mais savez, ce genre de surprises, pourquoi pas. « … que tu t’es gourée de villa. » Je lui adresse un léger sourire gêné ; pas que je voudrais donner l’impression de la jeter dehors.

Je marchais où, sans aucun doute, il m'était proscrit de marcher. J'avais franchi les barrières ennemies, les frontières des clans, les limites du franchissables... Autrement dit, j'avais simplement pénétrer dans la seconde villa. Rien de bien grave, surtout pour l'ambition qui m'y avait mener ; j'aurais pu saccager leurs dortoirs, piller leurs dressings, salir leurs effets personnels, mais je n'étais pas mesquine à ce point, malheureusement. Non, j'avais juste envie de prendre un bain. Pourquoi ici ? Parce que "chez moi", pour espérer prendre un bain il s'agissait de le réserver une bonne demi-journée en avance, ce que je n'avais pas fait. Mon impatience m'avait ainsi mener ici. Il me semblait, de plus, avoir vu les différents membres des deux clans habitants squatter pour certains, la cuisine, pour les autres l'extérieur, histoire de s'aérer les poumons, à leur manière. Néanmoins, je me rendis rapidement compte que j'avais tord en tombant nez-à-nez, dès mon entrer dans la salle de bain, sur un jeune homme qui venait lui même de se rafraichir. Il s'en effraya. Je m'en amusa, d'un bien léger rire. « Je crois que… » commença-t-il. Je l'observais. Il me disait quelque chose. Malgré tout, ma mémoire n'arrivait pas à m'en dire d'avantage, même si son minois n'était pas celui de quelqu'un que l'on oublie. « … que tu t’es gourée de villa. » fini-t-il. Il avait une serviette autour de la taille, les cheveux trempés. Ainsi, il était à croquer, sexy à souhait et je m'en voulais de ne pas pouvoir coller un foutu prénom sur sa tête. Peu importe, je lui répondais. « Tu crois mal. C'était tout à fait mon intention. » Je lui adressais un sourire délicat. Je n'étais peut-être pas la bienvenue... je ne m'étais même pas posé la question, mais pour tout avouer, je m'en grattais de savoir si je l'était, ou non. « Mais je pensais passer inaperçue. » avouais-je. « Je te pensais avec les autres, dehors, et habillé plus chaudement. » Je souriais d'un air taquin alors que je désignais la misérable serviette qui l'entourait.

Il y a plus classe comme tenue, que la serviette et le torse nu. Mais je ne m’arrête pas sur ce détail. A tous être enfermés ici, nous finirons par tous nous voir à poil les uns et les autres un beau jour –surtout si les membres de l’autre villa viennent squatter cette salle de bains-, alors personne ne sera à ça près. J’essaye de mettre un nom sur le visage de la demoiselle, en vain pour le moment. Je l’ai sûrement vue, croisé à de nombreuses reprises, mais je n’ai pas le souvenir de lui avoir à proprement parlé adressé la parole. Il faut dire que nous sommes bien nombreux ici. Néanmoins, je me souviens de son visage. Comme n’importe qui, j’ai une bonne mémoire quand cela concerne les jolies choses. Je me vois donc mal la jeter dehors. Après tout, il n’a jamais été dit que les candidats d’une villa ne peuvent pas utiliser la salle de bains des autres. Qui les en empêcherai ? Pas moi. Je suppose quand même que la jeune femme s’est simplement trompée, a tourné au mauvais croisement dans le dédale que sont les villas. Mais ce n’est pas le cas. Elle se trouve là parfaitement intentionnellement. Je ne cherche pas à comprendre, je m’en fiche bien. Je me contente de lui sourire lorsqu’elle avoue avoir pensé qu’elle ne serait pas repérée. « C’est raté. » je réponds gentiment. Il est vrai que tous les autres sont ailleurs, ce qui fut ma raison de venir prendre une douche à ce moment précis. Disons que le bain est un moment que je ne partage qu’à de rares occasions, avec des partenaires choisis avec soin, et sans caméras. « Peut-être est-ce toi qui est habillée trop chaudement. » Je lui rends son sourire, amusé, et hausse finalement les épaules ; « T’en fais pas, tu peux bien rester. Je ne le dirais à personne, promis. » J’attrape une autre serviette qui me servira à sécher ma nuque ruisselante des gouttes d’eau tombant de mes cheveux. « Mais ça te fera une dette à rembourser. » j’ajoute pour plaisanter. Je ne pense pas qu’elle accepterai de me payer en me cédant quelques dollars de sa cagnotte pour si peu. Dommage, n’empêche.

« C’est raté. » Je haussais les épaules avec un sourire en coin. Mon passage inaperçue au sein de villa n'avait duré que quelques minutes. Le temps pour moi de visiter furtivement les lieux. Je préférais ma maison. Non pas parce que c'était la mienne -quoique, simplement que la décoration était d'un meilleur goût, surtout dans la salle de bain. Peu importe, le comble serait que j'ose encore me plaindre. « Peut-être est-ce toi qui est habillée trop chaudement. » J'en ris doucement. J'observais ma propre tenue : un débardeur sur un jeans. Banal, avouons le, mais sachant que dans moins de deux minutes je n'aurais plus que maillot de bain sur le corps, je n'avais pas chercher à sortir sur mon trente-et-un. « Peut-être. Mais plus pour longtemps. » répondis-je d'un ton révélant une certaine fierté, ou simplement une malice naissante. « T’en fais pas, tu peux bien rester. Je ne le dirais à personne, promis. » Elle n'attendait pas son autorisation. Encore moins sa complicité. Je m'était proclamée reine de mon destin, je m’accordais des droits que je n'avais peut-être pas, mais si il approuve, autant en profiter. « Je ne m'en fais pas, je savais que t'étais un chic type. » lui dis-je spontanément. Je souriais bêtement. C'était peut-être un enfoiré. Il avait la tête d'un enfoiré. Il avait le corps d'un enfoiré. Mais pour le moment il est sympa, presque amusant, du coup, je l'aimais bien. « Mais ça te fera une dette à rembourser. » Du coup, je l'aimais moins. Il plaisantait, moi aussi. « Parles, qu'est-ce que tu veux ? » Je le regardais fixement, dissimulant avec mal ma gaieté alors que je me voulais sérieuse, attendant qu'il fixe le prix, même si je ne parlais pas forcément d'argent.

Mon chantage ne vaut pas grand-chose. Quel intérêt aurais-je à dénoncer sa présence dans cette salle de bains ? Les autres doivent s’en tamponner au moins autant que moi. Alors bien entendu, je ne faisais que plaisanter lorsque j’annonçais que la jeune femme devra rembourser cette dette envers moi. Je passe moins pour un chic type, d’un coup, hm ? Maintenant, mon souci est de trouver quoi demander en échange de mon silence. On se dit facilement que dans une telle situation, n’importe qui profiterait d’une salle de bain vide et d’être dans ma position pour lancer quelque sous-entendu bien cliché et rentre-dedans pour faire comprendre que, oui, la jeune femme est bonne. Mais aucune de ces fameuses répliques salaces ne me vient à l’esprit ; on aura beau dire de moi avec raison que j’ai tendance à jouer les girouettes avec les femmes, je pense qu’il y a franchement mieux qu’un tel dialogue pour une première rencontre. Qu’on soit presque nu ou non. Et que l’interlocutrice semble elle-même enclin aux sous-entendus. Je me contente d’hausser les épaules en passant la serviette sur ma nuque, on ne peut plus naturellement. « J’accepte les dollars, les livres, les euros… » Cash, évidement. Mais à dire ça, j’ai l’impression de me vendre comme une pute. Glorieux. J’ajoute ; « …et les indices sur les secrets. » Oui, je sais jouer. Peut-être pas le jeu auquel on s’attend. Auquel elle aurait pu s’attendre. Mais passer pour le mec qui ne pense qu’à ça m’intéresse moins que débuter la chasse aux secrets.

Son silence valait de l'or, semblait-il. Heureusement qu'il restait ironique, le contraire aurait été honteux. Quoiqu'il en soit, entrer dans son jeu n'était sans me déplaire. Et alors que les premières options étaient assez prévisibles, celle qui suivit était plus étonnante. Il réclamait un indice. Étonnant, en effet. Il se montrait joueur comme à ce stade de l'aventure, je ne m'y attendais pas, mais au moins, il me rappelait un des buts du jeu. Je lui souriais largement en hochant négativement la tête. « Se serait tout de suite trop intime ça, tu ne trouves pas ? » répondis-je. « Mais si tu insistes… bon d’accord. » Je m’avançai vers lui, m’en approchai, tout en le regardant fixement dans les yeux. Je cherchais à le rendre attentif, ou du moins assez pour à se méfier d’autre chose. Alors que je m’apprêtais à parler, je n’eus pas meilleure idée que de tirer sur la serviette qui entourait la taille du jeune homme, simplement pour la faire glisser, et si il avait des réflexes, il n’aurait pas à rougir de quoique se soit. Je reculais aussitôt, riant bêtement. « Excuse moi, c’était vraiment trop tentant. » lançais-je. Il n’y avait pas de quoi être fière, pourtant je l’étais. « Je suis sûre que les téléspectatrices me remercient. »

Ainsi, je fixe le prix à payer ; bien que je n’aie rien contre un bout de sa cagnotte pour acheter ce silence qui ne vaut pas un sou, je propose un indice sur son secret comme monnaie d’échange. J’arbore un léger sourire joueur, curieux de savoir si elle accepterait de payer aussi cher une plaisanterie. Quoi qu’elle pourrait parfaitement me donner la première ânerie lui traversant l’esprit comme soit disant indice, autant qu’elle pourrait refuser. Mais elle m’a l’air joueuse elle aussi. Je ne sais pas encore dans quel sens, et à quel point ; je me doute seulement qu’elle ne m’enverra pas chier. Ma pensée se confirme ; elle a beau faire mine de refuser, elle s’approche finalement pour enrayer sa fameuse dette fictive. Elle s’approche, s’approche ; j’attends, intéressé. Mais lorsqu’elle ouvre la bouche, c’est pour mieux faire diversion et tirer sur la serviette qui entoure ma taille. Je mets une bonne seconde à réagir avant de la rattraper ; on en voit déjà largement assez comme ça. Ce fut juste. Quant à la jeune femme, elle rit de son coup. Je fais mine de l’observer avec un regard mauvais, mais mon rictus amusé me trahit. « Très malin. » J’aurai sûrement dû m’en douter. Cela aurait été bien trop facile qu’elle accepte de se laisser faire chanter pour rien après cinq minutes face à un inconnu. « C’est vrai que c’est une approche tout de suite moins intime, hm ? » Ironique, je décide finalement de jouer sa carte à fond ; du bout des doigts, je détache la serviette de ma taille et ne la tiens plus que de manière à cacher uniquement ‘ce qui doit être caché’ de devant. Le reste… « Voilà, comme ça nous franchissons un bon pas dans ce problème d’intimité. » Au moins, c’est fait. « J’oubliais, j’suis Gabriel. » Tant que nous y sommes, être pratiquement nu par défi devant une belle jeune femme et des caméras me semblait le moment opportun pour se présenter, n’est-ce pas.

Je pouvais être fière. Je l’étais. Je découvrais malgré tout qu’il avait de bon réflexe. Je ne savais pas si j’en étais déçue ; enfin, à ce stade là, ce n’était plus nécessaire de le cacher. Si, j’étais déçue. Mais l’essentiel était qu’il ne le prenne pas mal, et c’est ce qu’il fit. Très malin. Pour l’être, ça l’était. Je lui adressais un petit signe de la tête, le remerciant. J’aurais aimé me vanter d’avantage, mais finalement non. C’est sûr, il y a moins intime comme approche, mais je n’avais aucune raison de m’en plaindre. Je riais à sa réplique. J’haussais les épaules, d’accord, mon excuse précédente ne tenait plus la route, mais ça n’avait plus d’importance. Et aussitôt, la partie reprit. Comment dit-il ? ‘Franchissons un bon pas dans ce problème d’intimité’. C’était le cas de le dire. Et me voilà éprise d’un nouveau rictus alors qu’il se tenait pratiquement nu devant moi. Il tenait sa serviette de quelques doigts, ne cachant plus qu’une partie stratégique de son corps ; je me demandais si c’était l’audience ou moi-même qu’il voulait affoler. « Au point où tu en es, autant tout enlever. » ajoutais-je, sans gêne alors que je me rapprocher à nouveau de lui. Il estima que c’était le moment idéal pour se présenter. Ainsi soit il. J'avais à faire à Gabriel. Ca coller bien avec sa bouille innocente. Je repris mon sérieux un instant. « Ocyllie, enchantée. » Je lui tendais la main. Évidement, cela équivaudrait à ce qu’il lâche prise autre part. Et mon sourire confortait mal la franchise de cet acte.

Je n’ai jamais caché le fait que j’aime attirer l’attention. Je l’assume même plutôt bien. Néanmoins, je cherchais plus à m’amuser, et optionnellement amuser la jeune femme, qu’à faire le buzz. Quoi que j’admette qu’on puisse en douter. Quoi qu’il en soit, je n’ai pas de honte à me tenir ainsi devant la candidate –et les caméras que j’avais complètement oubliées. Elle ajoute que vu tout ce que je montre déjà, la serviette ne sert pas vraiment à grand-chose. Que je peux carrément l’enlever. Puisque nous sommes partis sur ce jeu, je réponds donc ; « Je te laisse l’honneur, j’ai cru comprendre que t’en mourrais d’envie. » Oui, la demoiselle a des mains baladeuses qui ont un besoin plus fort qu’elles de tirer sur les serviettes, d’après mon expérience. Tandis que je prononçais ces mots, elle s’est rapprochée un peu plus. La belle me donne son nom ; Ocyllie. Je crois pas avoir déjà rencontré qui que ce soit avec ce prénom jusqu’à aujourd’hui. C’est… intéressant. Sa main se lève, tendue vers moi. Ah, oui, je vois. « Chez moi, on se fait la bise. » je rétorque. Je tiens pas à avoir l’air d’être le naturiste de la baraque, au fond. Alors je me penche et dépose une bise sur chacune de ses joues avec un sourire mutin. « Bien, Ocyllie, à moins que tu n’aies besoin d’aide pour te mettre dans une tenue moins chaude, je suppose que je vais devoir te laisser. Je ne voudrais pas perturber ton chakra. »

Voilà qu’il me donnait l’autorisation de le mettre à nu. Intéressant. C’est sûre qu’à présent, il n’y avait donc plus aucun souci concernant ce fameux ‘problème d’intimité’. Sauf que je n’étais pas vicieuse à ce point. Dommage. Pourtant je faisais comme si je l’étais. Proche de lui, je lui répondis tout d’abord. « Tu aimerais, hm ? » …‘Que j’en meurs d’envie’. Je pinçais délicatement ma lèvre inférieure entre mes dents alors que mes mains s’approcher peut-être même trop du tissu qu’il retenait toujours captif entre ses doigts. Mais finalement, je les retirais. « Mais tu crois mal, une nouvelle fois… » repris-je en faisant la moue. Je lui adressai pourtant un sourire traître. Mais tant qu’il ne devenait pas le naturiste de la baraque sous mes doigts, je ne deviendrais pas la nympho et c’était sans aucun doute mieux ainsi. Puis vint les présentations. Certes, il n’était pas sot au point de me serrer la patte et alors, de lâcher prise pour dévoiler ce qu’il dissimulait. Il estimait que la bise était plus convenable. Puis il reprit qu’il comptait me laisser, tout en me proposant malgré tout, une précieuse aide s’il s’agit de mettre dans une tenue moins chaude. Quel gentleman ; il se souciait même de mon chakra. Je souris largement. « N’ais pas peur pour mon chakra, je m’inquiète plus du tiens… » plaisantais-je avant de poursuivre. « Mais c’est bien gentil de me proposer ton aide, surtout que je m’apprêtais à prendre un bain. » Je m’éloignais justement pour aller vers la baignoire. Je m’y penchais pour ouvrir équitablement les robinets d’eau chaude et d’eau froide ; la solution de l’équation se traduisant ainsi par une baignoire remplie d’eau tiède. Je me redressais et tout en glissant mon jeans à mes pieds, je repris accompagnée d’un léger rictus. « Tu peux quand même te rendre utile si tu y tiens. Je n’arrive pas à me laver le dos. »

Si j’aimerais qu’Ocyllie veuille m’ôter ma serviette ? Ma tête dit non. Mon expression, en revanche, n’esquisse qu’un « peut-être ». Si une telle proposition peut lui faire se mordre les lèvres de cette manière, je pourrais même dire oui sans hésiter. D’ailleurs, jusqu’au dernier moment, j’ai tendance à penser qu’elle serait capable de le faire. Elle pourrait être du genre à jouer le jeu à fond. Un peu trop. Je n’ai, à vrai dire, pas de grande admiration pour les jeunes femmes qui se savent belles et en jouent de manière trop extrême dès le départ, se croyant très malines, amusantes et attrayantes. Elles le sont, mais plus comme un singe dans un zoo qu’autre chose. Du coup, je suis plutôt rassuré lorsqu’Ocyllie dégage sa main. Je crois que le sourire que je lui adresse le traduit bien, d’ailleurs. Sur ce, je pensais qu’il était temps pour moi de laisser la jeune femme avoir son intimité dans la salle de bains, pour ne pas la déranger. Elle me rétorque que c’est plutôt pour moi qu’il faudrait s’inquiéter. Je ne réponds rien, mais n’en pense pas moins que, ouais, elle a pas complètement tort. Surtout si elle accepte l’aide que je lui ai proposé. Que j’aurais pas dû lui proposer. Parce qu’elle l’accepte. Pendant qu’elle ouvre les différents robinets d’eau, j’en profite pour rattacher correctement ma serviette autour de ma taille. Quand je relève les yeux, c’est pour suivre les interminables jambes nues d’Ocyllie. Son jean à ses pieds, elle me propose de me rendre utile en lui lavant le dos. Je reste muet une poignée de secondes avant de me reprendre. « Et mon pauvre Chakra alors ? » Moi qui croyais qu’elle s’en souciais ; je ne crois pas que ceci soit la meilleur manière de ne pas me perturber.

Il hésitait, ou bien ne savait pas quoi répondre. Je devais en faire de trop, sans aucun doute. Tant pis, c’était trop tard à présent pour faire marche arrière. J’avais oublié son Chakra. Bien évidement. Pourtant je riais brièvement. « Espèce de p’tite pucelle. » dis-je avec sarcasme, avant de lui adresser un sourire plus amical. Je ne le défiais pas, non. Pas du tout… Ou presque. Je n’allais pas non plus l’obliger à rester ; enfin, concrètement, je ne pouvais pas. Je me retournais et enlevais mon débardeur. J’étais à présent en maillot de bain. Ca ne devrait pas trop chambouler son Chakra ; surtout que contrairement à lui, je ne me pavanais pas nue. Cette idée me fit d’ailleurs sourire. Bref. J’attrapai quelques produits moussants, j’en déversais dans l’eau. Le parfum de la fraise embaumait la pièce. Je détestais cette odeur. Trop artificielle à mon goût. Comme quoi, les lieux ont beau être chic, ce qu’il y a à l’intérieur l’est nettement moins. Je ne parle pas forcément des habitants qui y résident… Enfin maintenant que j’y pense, si. Mais seulement de certains. Quoiqu’il en soit, je ferais avec. Je refermais les robinets d’eau, pliait mes fringues et les mettais sur le côté. Je venais de me rendre compte que j’avais oublié de prendre de quoi me changer. Tant pis, je n’aurais qu’à faire le tour des deux villas en serviette, ce qui sera plutôt cool –ce qui est plutôt faux. Je m’assis sur le bord de la baignoire, y entrant délicatement mes pieds. C’était le moment pour lui de déguerpir ou bien de rester, mais pas sans bouger.

Petite. Pucelle. Hm. Serais-ce un défi mêlé à une pointe de provocation ? J’hausse un sourcil, dubitatif. Qu’attendait-elle que je réponde à ça ? Malheureusement pour elle, je suis loin d’être du genre à me laisser mener par le bout du nez à force de coups dans la fierté ; je ne cherche jamais à montrer que je suis le meilleur dans une quelconque discipline, en général. Ou pas sans avoir mon idée derrière la tête. Or, depuis ces quatres mots prononcés par la jeune femme, mon unique envie est de tout faire pour ne pas lui donner satisfaction. Croit-elle vraiment que je vais immédiatement rappliquer comme un bon chien parce qu’elle aura tiré sur la corde sensible ? C’est pas dans ma nature ; je suis plutôt le je m’en foutiste de service. Alors je reste le temps qu’Ocyllie ai ôté ses vêtements –pourquoi rater une occasion de se rincer l’œil, me direz vous. Elle me tourne finalement le dos, les pieds dans l’eau du bain. Je m’approche d’elle et glisse à son oreille ; « J’te souhaite un bon bain. » Sur ces mots, je dénoue ma serviette pour de bon et la pose juste à côté d’elle. Faute d’avoir des yeux derrière la tête, elle n’en verra rien, la demoiselle. Rapidement, je m’écarte et enfile un caleçon de rechange, avant de quitter la pièce. Laissant ainsi Ocyllie à son bain.

Son temps de réaction me laissait douter de ses intentions, mais finalement, je n’avais plus de quoi espérer qu’il reste. Tandis que mes pieds faisaient trempette il songea tout de même à s’approcher. Il me souhaitait un bon bain. Vicieuse petite fiotte. Il m’abandonnerait ainsi, jubilant en plus. Tant pis. Dommage. Que dire ? Qu’ajouter ? Strictement rien, si ce n’est un léger rictus mêlé à un soupire -amusé, déçu, nerveux,… je ne savais même pas vraiment, pour tout dire- alors je me laissais glisser dans l’eau chaude de mon bain, trempant directement ma tête sous celle-ci. Quand je l’a ressortit, il s’était évaporé. Il ne restait de lui que sa serviette, je présume, bien en évidence. Qu’est-ce qu’il en attendait ? Que je la renifle, peut-être ? Mesquin jusqu’au bout, le salaud. Peu importe, cet instant de confort ne serait pas moins appréciable et apprécié, c’est ce pour quoi j’étais ici, après tout.

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