Plus tôt dans la journée, Taziah avait annoncé que le binôme de Beau avait été trouvé. Et pas par Beau. Abusé. Il était donc avec Ocyllie. Le garçon avait du prendre deux indices et avait essayé plusieurs fois de trouver son partenaire, en vain. Et finalement, c’est elle qui l’avait trouvé. Heureusement, être nominé lui aurait sans doute donné un aller simple pour un retour chez lui. Mais d’un autre côté, elle n’était pas tellement son idéal amoureux. Pas du tout, même. Du moins, pas d’après le portrait que le présentateur avait fait d’elle. Ca promettait. Il était presque minuit lorsque Beau décida d’aller pour la première fois dans le jacuzzi. Vêtu d’un de ses maillots de bain, il n’était plus dans « sa » villa, ça ne le dérangeait pas plus que ça. Il entra dans la pièce bleue vertes avant de regarder l’eau. Elle avait l’air propre. Avoir l’air, ce n’était pas vraiment suffisant. Après tout, les jacuzzis étaient en général des endroits dégueulasses, du moins, lorsqu’ils étaient publics. Apparemment, personne n’avait cru bon de baptiser le jacuzzi d’une quelconque façon que ce soit, c’était une bonne chose. Beau y entra alors avec grâce, fallait faire plaisir aux téléspectatrices. Se retrouver seul ne dérangeait pas le moins du monde le garçon, après ce qu’il s’était passé la veille, c’était encore mieux. Non vraiment, moins il les voyait, mieux il se portait. D’accord, l’aventure commençait très mal.

J'entrais la pièce où se trouvait le jacuzzi. J'avais envie de me détendre. Moi qui étais pourtant si délurée, je cherchais le calme et le confort. Cette aventure devait me rendre dingue, ou peut-être était-ce l'étrangeté de certains des candidats qui commençait à m'affecter. Je ne comptais plus les débiles, les étranges ou les inclassables. Cette émission devrait s’appeler : bienvenu chez les fous. Je me pensais unique. Désormais, je me sens juste normale. Malgré tout, je crains que leur mentalité d'arriérée soit contagieuse. Et si évidement certain me semble abordable, leur physique ravageur (ne pas prendre ce mot comme un compliment) me désoriente. Foutues baraques. Et voilà que j'avais trouvé l'homme idéal. Ou du moins, mon âme sœur selon la production. Je le connaissais à peine, surtout par des rumeurs et d’après celles-ci, il ne l’était pas, mon âme sœur, comme si évidement, j’en avais une. Il parait qu'il s'était fait cassé la gueule par le transformiste. Pas très chic. C’était le mal aimé de l’aventure. Quoiqu'il en soit, son physique lui rapportait tout de même quelques points dans mon estime. Et alors que mes pensées se portaient justement sur lui, je le vis, installé dans le jacuzzi. Le hasard fait bien les choses. Néanmoins, se sera l'occasion d'en apprendre un peu plus à son sujet. « tiens, serait-ce donc l'amour de ma vie ? » lançais-je avec ironie. Je lui adressais un sourire amical alors que je me débarrassais de la serviette qui m'entourait, la posait au sol pour rentrer délicatement dans le jacuzzi habillée d'un de ses maillots de bain. Je m'installais à ses côtés. « Officialisons les présentations. Ocyllie, enchantée. » Je me retournais vers lui, souriante, en lui tendant la main. Nous n'avions pas eu l'occasion de le faire, ou peut-être pas vu l’intérêt jusqu'à présent. A présent, le cas n'était plus le même.

Beau se croyait seul mais de toutes évidences, il fallait oublier ce mot ici puisqu’il ne le serait plus. Tout le monde prenait apparemment un malin plaisir à venir le déranger, enfin, certaines compagnies restaient tout de même plus agréables que d’autres. Toutefois, lorsqu’il vit que l’intruse n’était autre que son binôme, il esquissa un sourire sympathique, ce n’était pas le moment de se la mettre à dos bien qu’il ne sache rien sur elle, il espérait qu’elle fasse partie de ses agréables compagnies. Elle entama aussitôt la conversation avec une certaine touche d’ironie. « Lui-même, viens donc par ici, ma chérie. » Ironie partagée. Elle enleva sa serviette puis, une fois qu’il eut finit de la regarder – il fallait bien observer la marchandise avant de savoir si oui ou non, elle conviendrait – elle s’installa dans le jacuzzi. Elle reprit la parole en lui disant qu’elle s’appelait Ocyllie. Blague. La jeune femme tendit alors sa main, surement dans l’espoir que Beau la lui serre. A la place, il s’empara légèrement des doigts de la demoiselle et lui fit un baisemain. Autrement dit, il imita un baiser sur sa main, puisque lors des baisemains, on ne pose pas ses lèvres sur la main de la femme. Bref, beaucoup de mecs ne savent pas faire de baisemain, il n’y avait qu’à demander à Cleveland comment faire un baisemain, il répondrait surement que c’était une pratique sexuelle en solo. Bref, restez dans l’ignorance si cela vous chante mais n’allez pas blâmer Beau d’être cultivé. Après cette pensée narcissique, il put enfin se présenter. « Je suis Beau, de même. » Mais elle devait le savoir puisque c’est elle qui l’avait trouvé. L’australien étendit ses jambes dans l’eau et remua un instant ses épaules avant de reprendre. « Passons aux choses sérieuses. Quelle est ta position préférée ? » Plaisanta-t-il, feintant l’engouement de la réponse. Finalement, il enchaina. « Alors, il devait ressembler à quoi ton idéal amoureux ? » Parce qu’il était évident qu’il ne ressemblait pas à Beau.

Pour le moment, il semblait tout à fait correct. Un temps soit peu indiscret, certes, mais au point qu’il restait amusant. Il se prêtait à mon jeu, peut-être même un peu trop. Je lui tendais la main, pourtant, il se ne contenta pas de me la serrer, comme je ne sais quel personnage tout à fait commun. Non, monsieur se permit avec élégance de me livrer un bai-se-main (à la française). Particulier, jamais je n’y avais eu le droit. Je ne sais pas quel était l’effet recherchait, mais il me fit essentiellement rire. Je ne vanterais pas le fait qu’il est doué, ses chevilles me semblent déjà assez enflées. Puis il acheva les présentations : ‘je suis beau’. Amusant. Je me demandais comment devaient être ses parents. Appeler son enfant Beau ? Il faut soit même avoir une certaine part de prétention, hm. Heureusement qu’il est pas sortit avec une gueule de con, il aurait eu mal toute sa vie, plus que tout autre laiderons. J’aurais même adorer faire parti de ses tyrans. Peu importe, reprenons. Il passa directement aux choses sérieuses. Ma position favorite ? Dure de choisir. « A toi de deviner… » Répondis-je. Je plaisantais, de même. Puis plus sérieusement, il me demandait à quoi devait ressembler mon idéal amoureux. Je pris le temps un instant de me remémorer ce que j’avais bien plus avouer comme connerie lors du casting. « J’ai demandé quelqu’un de beau, il semblerait que la prod est jouée sur les mots. » lançais-je accompagné d’un léger rictus. Mais avec plus de recul, il est vrai que la production avait tout de même bien associer ce que j’avais pu dire. Beau convenait, ou plutôt, concordait. Après il est vrai que ce n’est peut-être pas l’idée que j’avais de l’homme idéal, mais je n’avais pas à m’en plaindre pour autant. Surtout que jusqu’à présent, je le trouvais plutôt cool. « Et toi, c’était quoi ton idéale ? » demandais-je.

Ocyllie se mit à rire lorsque Beau lui fit un baisemain. Comme on dit : Opération réussie. Après tout, il fallait séduire son binôme ou du moins, ne pas se faire détester, le but de Beau était donc là. Et puis, il faut également admettre qu’il ne se forçait pas à être comme il était, le naturel, il n’y avait que ça de vrai. Le jeune homme lui demanda furtivement quelle était sa position préférée, ce à quoi elle lui répondit qu’il devrait deviner. « Je le saurais bien assez tôt. » Répondit-il sur de lui, avec toute l’arrogance dont il pouvait faire preuve. Ensuite, intrigué de savoir si l’un des deux avait eu son idéal amoureux, il demanda à Ocyllie si son idéal amoureux pouvait lui ressembler. Franchement, il en doutait. Non, il savait qu’il ne pouvait pas l’être pour la simple et bonne raison que Beau n’avait montré qu’un dixième de ce qu’il était lors de son casting. La jeune femme lui répondit que la production avait joué sur les mots, en référence à son prénom. L’australien se mit à rire. « Tu as tout de même de la chance, non seulement c’est mon prénom mais j’ai également un corps parfait. » Le pensait-il vraiment ? Je vous laisse deviner. En tout cas, afin d’appuyer ce qu’il disait, son regard se baissa vers son torse qui se trouvait dans l’eau chaude du jacuzzi. C’était divin. Finalement, la demoiselle lui retourna la question. Le jeune homme la regarda un instant dans les yeux avant que son regard ne parcourt le corps de la belle. « Physiquement, y a pas de doute. » Pour le reste, il verrait. Mais, il en doutait. Non, il savait qu’elle ne correspondait en aucun point et pourtant, Beau avait pourtant été clair dans sa description. A croire qu’ils n’écoutaient rien. Enfin, à défaut de trouver l’amour – c’te blague, on n’était pas sur Meetic non plus de toute façon – ils pourraient faire un bon binôme de jeu. Beau passa un instant une main dans ses cheveux courts avant de reprendre. « Il vient d’où ce prénom ? » Ouais, parce qu’on entendait des remarques sur son prénom mais alors elle. Même le chien qu’il n’avait pas encore n’aurait pas porté ce prénom là.

Beau n’était pas du genre modeste. Ca avait un certain charme, tant qu’il n’en abusait pas. Ainsi, dans sa prétention, il répondait qu’il ‘saurait bien assez tôt’ ma position favorite. J’aimerais presque lui lancer le défi. J’ai peut-être l’allure d’une garce, mais je ne suis pas une fille facile pour autant. De ce fait, je pouffais un léger rictus, espérant lui faire comprendre que j’en doutais. Nous voilà à présent à discuter à propos de nos respectifs binômes idéaux. Il me révéla, après ma ‘description’, que j’avais plutôt de la chance, étant donné son corps parfait. Je baissais mon regard sur lui, parcourant son corps pour trouver le défaut à lui cracher en pleine face. C’était ardu, je devais tout de même l’avouer. « C’est vrai. C’est juste dommage que tes chevilles soient si disproportionnées. » Lui dis-je, ironiquement, avant de lui adresser un sourire taquin. C’était à son tour de me dire si je correspondais. Et pour le citer ‘physiquement, y’a pas de doute’. C’était déjà ça. Je lui souriais. C’est vrai, je le prenais comme un compliment. Vu l’estime qu’il a de lui-même, son goût pour les femmes ne devait pas se rabattre à la pouilleuse du coin. Malgré tout, il en restait à mon apparence. De toute manière, il était dur de juger la personnalité de l’autre en si peu de temps. Mais au fond, je sentais une certaine déception à mon sujet. « Tu pensais que c’était qui ton binôme ? » lui demandais-je, sachant qu’il ne s’attendait pas à ce que je le sois. J’étais curieuse de l’apprendre. Ne serait-ce que pour voir le genre de fille qu’il appréciait. Sans arrières pensées. Je cherchais uniquement à sympathiser. Normal. C’était mon binôme. Si il y avait bien une personne avec qui fallait-il être complice, c’était lui. Puis il me demanda d’où venait mon prénom. Tiens, c’était le premier à me poser cette question. Avant même de répondre, je riais brièvement. « Mon paternel… une imagination débordante, n’est-ce pas… » Plaisantais-je. « T’aimes pas, hm ? » C’est ce que j’en avais déduis en tout cas.

Ocyllie et Beau discutaient donc du fait qu’ils soient partenaires. Après tout, ils allaient l’être encore longtemps, enfin, croisons les doigts. D’accord, il y avait peu de chance que Beau reste encore « longtemps » dans l’aventure aux vues des antécédents qu’il avait déjà. Mais en tout cas, ils seraient binômes jusqu’à la fin. Quoiqu’il en soit, d’un point de vue physique, les deux candidats semblaient plutôt satisfaits. N’allez pas croire que Beau en aurait douté, enfin de son côté à elle, évidemment. Il se savait beau, voilà tout. Néanmoins, après l’avoie détaillé du regard afin de trouver quelque chose qui clochait, elle lui dit que ses chevilles étaient disproportionnées. Beau se mit à rire, surpris de sa remarque. « Tu marques un point. » Par reflexe, il plia quelque peu ses jambes. Même s’il ne doutait absolument pas de la beauté de ses chevilles, qu’on se le dise. Alors que l’australien ne disait rien quant au caractère de son « idéale », la charmante demoiselle lui demanda qui il avait bien pu penser pour être son binôme. Le jeune homme hésita un instant. Avait-elle vraiment besoin de connaitre la vérité ? Peut-être. Peut-être pas. Après s’être passé uns main dans ses cheveux qu’il ébouriffa, il prit la parole. « Marilou. » Il reprit ensuite. « Notamment. » Ouais, parce qu’il n’avait pas proposé qu’une seule réponse. Il observa un instant son visage, avant de s’intéresser à son prénom. Ocyllie. Elle lui révéla alors que c’était une idée de son père. Il aurait du s’abstenir. Elle cru déceler le fait qu’il n’aimait pas. Beau afficha un large sourire. « C’est original. » Commença-t-il avant de poursuivre. « C’est ce qu’on dit pour rester poli, hein ? Ouais, non sérieusement, c’est pas ce que je préfère chez toi. » Alors là, comment lui montrer que son prénom n’était pas franchement super tout en la commentant. Franchement, respect à Beau.

Il pliait légèrement les jambes. Touché. Heureusement, il ne l’avait pas mal pris. Il en rit même. Puis il répondit à ma question. Il pensait que son binôme était Marilou ou la fille qui doit prendre peur même quand elle voit son reflet. Pour dire que j’ai rarement vue une fille aussi stressée. J’en déduis qu’il aurait aimé qu’elle le soit, sa partenaire. J’étais surprise. Il y avait de quoi. Après tout, Marilou et moi avions autant en commun qu’une gazelle et un léopard. Elle était loin d’être la fille extravertie que je pensais qu’il recherchait, tout au contraire, elle s’est le genre de fille innocente et douce, le genre dont les inconscients ne font qu’une bouchée. Je comprenais un peu mieux pourquoi il ne s’attendait pas à ce que l’on soit binôme, finalement. « Alors comme ça tu préfères les chastes… » Répondis-je, peu convaincue, malgré un large sourire espiègle. Je les imaginais mal ensemble. Mais bon, après, ce sont ses goûts, ses critères, c’est à peine si je pouvais me permettre d’y apporter un jugement. Puis nous en revînmes à mon prénom et à sa captivante origine. Je n’avais pas vu faux, il n’aimait pas. Mais il me l’avoua tout de même avec tact. J’en riais même, brièvement et finement, mais j’en riais. Il était amusant, et je pense sincèrement que je commençais à l’apprécier. Je lui souris avant de détourner mon regard. Je n’étais pas vexée. Je n’avais aucune raison de l’être. Ce n’est qu’un prénom, qu’un foutu prénom. Faut faire avec. « Qu’est-ce que tu préfères chez moi, alors ? » lui demandais-je en rebondissant sur son affirmation avec un large manque de sérieux, alors que je me déplaçais, pour être devant lui, face à lui, accroupie pour que le niveau de l’eau soit à celui de mes côtés, au centre du jacuzzi alors que je me soutenais en déposant mes mains sur ses genoux.