LE MARDI 08 MAI 2012 – 00h34
☞ Ocyllie

Il commençait à se faire tard et la suite logique de cette journée serait d'aller se coucher ou du moins, se préparer à y aller mais je n'en avais pas la moindre envie. La soirée était loin d'être terminée selon moi et j'avais pour habitude de dire que je pourrais dormir une fois que j'serais mort. Alors, j'explorais une nouvelle fois la première villa puis la deuxième, à la recherche d'une quelconque occupation. Mais rien ne me venait. Je n'avais pas spécialement envie d'aller discuter avec d'autres candidats, d'autant plus si c'était pour reparler des mêmes conneries, genre d'où j'viens, ce que je fais dans la vie et tout. C'est chiant. J'parlerais avec les autres candidats quand ils changeront de disques. Alors, je tourne en rond, à chercher quoi faire. Et là, je tombe sur la piscine. Enfin, je « tombe ». Disons que quand je suis sorti, l'idée m'a traversé l'esprit alors sans plus attendre, je suis allé enfiler un maillot de bain, genre le truc ultra banal que tous les mecs sur cette planète enfilent quoi. Finalement, je retourne à l'extérieur et quand je m'arrête près du bassin, je vois une créature marine genre une sirène ou j'sais pas, qui nage. Je continue de regarder la silhouette féminine avant de reconnaître l'une des candidates, un prénom qui commence par un « O », j'crois. Pas sûr. Bref. Quand elle relève la tête, j'essaye de trouver quoi dire. « Salut » ? Non, j'vais passer pour un con. « Putain, t'es canon » ? Non, j'vais passer pour un type dragueur ou une connerie du genre. « L'eau est bonne ? » Parce que je préfère passer pour un con apparemment.

La nuit avait sombré, pourtant, la journée ne faisait que commencer, ou du moins, pour moi. Je n’aimais pas me coucher tôt, quitte à rien foutre de la soirée. C’était un peu le cas ce soir. Les habitants étaient réunis en petit groupe, répartie dans chaque coin des deux villas. Et je n’avais aucune envie de me mêler à eux. Ne me prenait pas pour une ermite, ni même pour pauvre fille solitaire ; je ne voulais simplement pas passer mon temps à répéter et épeler mon prénom à cette bande de dadais. De ce fait, j’avais décidé de prendre un bain de minuit, seule, mais contrairement à ce que ça implique, non, je n’étais pas nue. J’arrivai au bord de la piscine. Je déposai ma serviette et aussitôt, je plongeais. J’oubliais à quel point profiter du calme était agréable, par moment. Je visitais la piscine dans toute sa longueur à coup de brasses. J’arrivais au bout et m’apprêtais à faire demi tout quand un jeune homme m’interpella. Il me demandait si ‘l’eau était bonne’. Je l’observais. A savoir qu’il n’y avait pas que l’eau qui semblait bonne. Reprenons. Je reconnaissais son minois, celui d’un Sollya. « Plutôt fraîche... mais ça m’convient. » lui répondis-je dans un sourire amical. Je ne l’avais même pas vu arriver. Mais il ne me gênait pas. Tout au contraire, il avait vraiment une bonne tête, et rien que pour ça, je l’aimais bien, sans même avoir à le connaître. J’attendais qu’il rentre dans l’eau pour reprendre. « Alors, qu'est-ce qu'un type comme toi vient faire dans les parages, si tard ? » Demandais-je, curieuse avant de lui adresser un bref sourire en coin. En effet, j'avais plus la sensation qu'il serait entrain de sympathiser avec les autres habitants que dans l'eau alors que plus personne ne s'y trouve.

Un petit bain improvisé, c'était cool, non ? Un petit plongeon rapide avant d'aller se coucher, sympa. D'autant plus si j'avais droit à la compagnie d'une sublime blonde. Je ne cracherais pas dessus. Quitte à avoir de la compagnie, autant que ça soit la sienne, non ? Et donc, pour commencer la conversation, je l'ai interrogée sur la température de l'eau. Des fois que le brun moustachu ait des pulsions sadiques et qu'il fasse en sorte que l'eau soit froide à longueur de journées. Mais non. La blonde m'avoue que c'est un peu frais mais que ça lui allait ainsi. Tant mieux pour elle, après tout. Et maintenant que j'ai une idée de la chose, je rentre doucement dans l'eau, loin de moi l'idée de crever d'une hydrocution quand même. C'est légèrement frais, c'est vrai mais c'est largement supportable quand même. Je nage doucement, puis je me contente de flotter pendant que la demoiselle me parle à nouveau, la fixant d'un regard curieux. Elle me demande ce que je fais là et très logiquement j'aurais pu simplement y répondre, mais un truc m'a interpellé. « Un type comme moi ? Parce qu'un type pas comme moi n'aurait pas le droit à la question ? » Un sourire railleur prend place sur mes lèvres. Un type comme moi, un type comme moi. C'est bien beau mais ça veut dire quoi, ça ? Et puis, je suis là alors c'est déjà pas mal, non ? Pourquoi avoir à poser la question, elle n'a qu'à apprécier ma si agréable compagnie. Mais bon, elle est blonde alors je lui pardonne.

Merde, il se torturait vraiment l’esprit. Ou bien, souhaitait-il torturer le mien. Peu importe. Il jouait sur les mots, sans même répondre à ma question. Un type comme lui, un type pas comme lui ? Qu’est-ce que ça changeait au fond ? Strictement rien, pourtant, il semblait se sentir fier de son questionnement. Je souriais doucement, ne sachant pas si il m’agaçait gentiment ou si son comportement distinct de celui des autres me donnait une lueur d’espoir. « Non, je m’intéresse pas aux types pas comme toi. » Semblais-je prétentieuse en disant cela ? Parce que ce n’était pas du tout mon intention. Mon sourire espiègle rectifiait le tir. Je rentrais simplement dans son jeu, quitte à lui faire entendre se qu’il souhaitait entendre. Mais bon, c’est vrai, un brun ténébreux, c’est toujours intéressant. C’est le genre de mec qui te semble mystérieux. Ca restait sacrément cliché, mais pourtant, c’était le cas. Mettez un rouquin enjoué à côté, c’est à peine si je lui porterais attention, même s’il avait beau être l’homme le plus charmant au monde. Tandis que lui, si, j’avais envie de le connaître. D’une part parce qu’il était dans mon équipe, chose qui était particulièrement importante à mes yeux, d’une autre, parce qu’il n’avait pas l’air bien vilain, ou même s’il l’était, je ne doutais pas une seconde que j’avais déjà connu pire. De ce fait, je préférais nettement paraître amical que froide.