Ft. Gabriel


Il existe sur cette planète des gens un petit peu tordu qui s’installe en tailleur sur la table de leur salle à manger comme s’ils se trouvaient sur un sofa. J’étais justement en train de me dire que ce genre de personne doit avoir un problème au casque quand j’ai Cassiopée assise en tailleur sur la table de la salle à manger de la villa où est en train de se dérouler la toute nouvelle émission de télé-réalité Australienne. J’ai fait un rêve prémonitoire le peuple. Je vous jure que cette nuit déjà je voyais cette gamine assise sur cette même table. Putain, je suis voyant c’est juste trop énorme. Ce qu’elle était en train de faire ? Dans mon rêve elle était en train de fumer un gros joint. Là, elle est en train d’empiler des oursons en guimauve et en chocolat les uns sur les autres. Euh, petit question. Elle essaye de nous faire la tour de Pise la nana ou bien elle a juste été bercée un peu trop près du mur quand elle était petite ? Non, parce que perso moi je me pose des questions-là. C’est qu’elle a l’air hyper concentrée et tout. C’est limite si elle ne tire pas la langue comme les gamins qui veulent bien faire quelque chose. Elle a les mains qui tremblent. Elle s’entraine pour la plus haute tour en ourson en chocolat non ? « Seize. » Ah parce qu’elle est fière en plus ? Elle vient de poser un seizième bonbon sur sa tour et elle est contente. Y’a vraiment des malades sur cette terre. « Dix-sept. Putain je suis trop forte les gens. » Ah parce qu’elle parle seule aussi ? Chelou la nana. C’est limite si elle ne fait pas peur.

Je viens de me lever. De vrai. Je ne me suis pas encore tout à fait fait à la vie diurne, vu que mon boulot nécessite en général que je sois opérationnel une bonne partie de la nuit. Quand la journée des auditeurs commence, vers neuf heures, la mienne touche à sa fin. Normal. Sauf que dans un jeu télévisé, le noctambule, one ne risque pas de beaucoup le voir, autant qu’il ne croisera pas grand monde dans mon aventure. Ca fait du changement, mais ça va le faire. Ouais. Je suis donc dans mon état naturel d’après passage à la douche; complètement décoiffé, des mèches partant d’ici et là et collées à on visage, en bas de jogging –parce que se balader en caleçon, non merci- et t-shirt. Y’a plus sexy, mais faut dire que je ne suis pas vraiment le genre à exhiber ma sexitude. C’est avec une serviette entre les mains, séchant mes cheveux déjà bien ébouriffés, que j’apparais dans la salle à manger histoire de manger un petit-dej. A treize heures. Normal j’vous dis. Mais lorsque je lève les yeux de ma serviette, ce que je vois est encore plus… normal, que moi. Une jolie brune assise en tailleur sur la table qui empile des oursons en guimauve. Je m’arrête un instant et la regarde, interloqué. Mais c’est qu’elle tient debout en plus, c’te foutue pile d’oursons. J’hausse les épaules ; pourquoi pas, après tout. « Félicitations. » j’annonce avec un sourire amusé. « Permets ? » Je prends l’un des oursons du paquet et tente de le poser en haut de la pile ; pris dans une intense concentration, le bout de ma langue apparait. Ridicule. Je pose l’ourson, observe le résultat ; ça tient ! « Yeah ! » Ma joie enfantine me fait faire un trop grand geste ; je tape dans la tour de friandises qui tombe, anéantissant tout le travail de la jeune femme. « Oh. Zut. Désolé. » Crétin.

La nana elle est tellement concentrée qu’elle n’entend même pas les bruits de pas qui s’approche d’elle, qui s’approche de sa construction en bonbon. Une voix masculine s’élève. La gamine sursaute et manque de tomber de la table en emportant avec elle tous les petits oursons en guimauve et en chocolat. Et merde, elle qui se croyait seule et beh elle était bonne pour devenir la folle de la villa, surtout que les rumeurs se répandent comme une trainée de poudre et ça ce n’est pas vraiment nouveau. Remarque, il ne fallait pas qu’elle oublie que des millions de flemmards sont en ce moment même devant leurs écrans de télévision en train de la regarder. Rien que d’y penser, elle en avait froid dans le dos. Autant oublier et penser à autre chose. Elle se tourne. « Merci. » Après tout il vient de la féliciter alors pourquoi ne pas rester polie en le remerciant ? Elle lui adresse un sourire, le même sourire amusé que lui porte sur ses lèvres. Elle attrape un nouvel ourson. Prions pour que la pile de sucre ne s’écroule pas maintenant, elle ne voulait pas passer pour une mongole. Remarque au point où elle en est. Il s’approche et prends un bout de guimauve tout en l’interpellant. Beh bien sûr qu’il peut après tout ce n’était même pas elle qui avait sorti son fric pour les payer alors il pouvait en faire ce qu’il voulait. Elle acquiesçait d’un signe de la tête en lui adressant un nouveau sourire. Et, mais il fait quoi le type ? Il se met à se la jouer comme Cassiopée. Cool. Un sourire tout bête illumine le visage de la belle. Elle se sent bien moins seule d’un coup. Il y arrive. « Balèze le mec. » dit-elle tout en applaudissant. Non, non mec ne bouge pas, ne fait pas ça. Et merde, trop tard. Trop fier de lui, il vient cogner dans la tour en chocolat et tout s’écrase sur le sol un petit peu comme les tours jumelles en septembre deux mille un. La néo-zélandaise se penche en avant. Elle se rattrape au rebord de la table. Elle regarde sur le sol. Une bonne vingtaine de bonbon se retrouve éparpillaient sur le sol de la salle à manger. « Si on doit passer devant le juge pour le meurtre de toutes les personnes qui se trouvaient dans cette foutue tour, je te jure que je te crève à coup de feuille de papier. » C’est qu’elle avait presque un air menaçant avec sa tronche de petite fille capricieuse et son regard azur. En réalité elle avait plutôt l’air d’une poupée. Au final, elle ne pouvait garder son sérieux bien longtemps. Deux fossettes apparaissaient sous ses adorables pommettes alors que ses lèvres s’étiraient en un sourire enfantin. « Au fait. » Elle se redressait, dévisageant son colocataire. « Moi c’est Cassiopée. Je te le dit parce que ça peut toujours servir non ? » Elle haussait les épaules. Il lui semblait normal de répéter son prénom à longueur de journée cette semaine, après tout, tout le monde n’a pas une mémoire d’éléphant et avec tous ces prénoms à retenir … Mission impossible en réalité.

J’oublie souvent à quel point je peux être maladroit parfois. Cet instant en est le parfait exemple, et je pense bien passer pour un mec pas très futé. Le regard de la jeune femme ainsi que le mien se baissent, et nous observons, dépités, les cadavres d’ours en guimauve étales sur le sol de la salle à manger. Nos relevons la tête en même temps ; moi avec un air désolé de petit garçon innocent, elle avec des yeux de tueuse prête à me sauter dessus. Mais au final, nous sommes surtout comme deux gamins qui font une montagne d’une taupinière –ou dans ce cas, un meurtre d’une chute de friandises. Avec un large sourire angélique, j’hausse les épaules et fourre mes mains dans mes poches ; tu parles, j’ai absolument rien fait, moi ! « Je nie toute responsabilité ; les normes de sécurité dans la construction de cette tour n’étaient pas respectés. » Oui, désolé, mais cette construction était vouée à la destruction vu la stabilité des matériaux. Du coup, je ne pense pas que l’assurance remboursera les dégâts. Mon dieu, jusqu’où je m’égare ? Lorsque je sors de mes pensées, la jeune femme m’adresse un sourire que je lui rends. Un peu dans le genre « Tu veux bien être mon amie ? On fera plein de tours en bonbons. ». Des gamins, j’vous dis. Ou des consommateurs de weed, aussi. Finalement, elle me donne son prénom. Je n’avais pas remarqué que je ne le connaissais pas. Après tout « Hey toi » ou « la-fille-qui-fait-des-tours-en-ours-en-guimauve », c’aurait pu marcher aussi bien. Mais c’est vrai que Cassiopée, c’est pas mal. « C’est vrai, pas bête. Joli prénom d’ailleurs. » Ca me dit quelque chose d’ailleurs. Après une seconde de réflexion, j’ajoute ; « Cassiopée, c’est pas la reine grecque tellement vaniteuse que sa fille se fait bouffer par un poisson géant ? » Ah oui, tout de suite, tu passes pour un mec sympa. Traites là d’Antiquité grecque narcissique, elle va adorer. Un rire nerveux m’échappe, je me rends compte que j’aurai pu garder ma science pour moi à cet instant. « Hm, Gabriel, enchanté. » je reprends pour faire comme si de rien n’était. « Je peux peut-être me faire pardonner en te construisant un temple en petits Lu ? » Grande spécialité de ce cher Gabe, oui oui.

Il était encore là le type ? Il avait du courage et surtout il n’avait pas peur des représailles de Cassiopée. Ouai parce qu’en réalité cette nana là c’est un véritable … petit ange. Elle ne ferait pas de mal à une mouche. Elle est un peu bizarre sur les bords c’est certains, mais elle est adorable comme tout. Le seul problème c’est qu’elle parle un petit peu trop quand elle s’y met. Ils levaient la tête tous les deux même temps. Elle lui jetait un regard de tueuse digne de l’un des feuilletons de Xena La Guerrière. Elle poussait un soupir en faisant une petite grimace des plus enfantines. Comment voulez-vous qu’elle arrive à lui en vouloir alors qu’il a l’air tout gentil ce mec ? Il arrivait même à arracher un rictus aux lèvres de la belle. « Je suis certaine que c’est une entreprise bas de gamme qui l’avait construite de toute façon. » déclairait-elle avant que son regard amusé ne se pose une nouvelle fois sur son colocataire. Elle l’observait un court instant tout en se demandant ce que pouvait bien penser les téléspectateurs devant leurs écrans. Deux fous en train de jouer avec de la nourriture alors que des millions de gens sont en train de mourir de faim en ce moment même. Deux gamins qui s’amusent avec des bonbons alors que des milliers d’enfant rêve de pouvoir goûter à ce met sucré. Deux solutions. Soit ils arrivent à attendrir le public, soit ils deviennent les ennemis publics numéros un. A choisir, Cassiopée préfère largement attendrir le public, elle ne veut pas risquer de se faire agresser à se sortie du jeu pour une histoire d’ourson en chocolat. Elle lui donnait son prénom. Il lui donnait le sien. Il la complimentait. Elle n’avait pas le temps de dire quoi que ce soit que déjà il venait lui parler de la fameuse reine éthiopienne. Elle faisait la moue tout en acquiesçant d’un signe de la tête. Ainsi il s’appelait Gabriel. « Oh comme l’ange. » lâchait-elle sans vraiment savoir pourquoi. Ouai, elle était comme ça la brunette, par moment elle disait tout haut ce qu’elle pensait tout bas. Un temple en petit Lu ? « Tu sais faire ça ? lui demandai-elle d’un air carrément fascinée. « Avec le toit et tout le tralala ? » continuait-elle en posant ses coudes sur ses cuisses avant de prendre son visage entre ses mains. Genre la nana en totale admiration tsei.

« Ouais, comme l’ange. C’est tout de suite plus sympa. » Quoi que, c’est la référence habituelle, c’est pas extrêmement original. Et puis, je vois mal comment faire moins sympa que le nom d’une nana tellement vaniteuse qu’elle faillit faire bouffer sa fille par un poisson. Quoi que, si. Je me dis que des parents qui appelleraient leur gosse Judas, c’est vraiment pour lui faire comprendre qu’ils ne voulaient pas de lui. Finalement, j’hausse les épaules. Bah, on choisit pas son nom, pas la peine de méthaphysiquer là-dessus plus longtemps. Je me propose plutôt de me faire pardonner mon enchainement de bêtises –entre la chute de la tour en oursons et ma référence à son nom- avec un temple de Petit Lu. Ce qui semble soudainement beaucoup l’intéresser. Ouais, je sais faire ; j’hoche vivement la tête pour approuver. C’était ma grande passion étant petit. C’est resté. Certains savent faire des châteaux de cartes, moi je fais des temples en biscuits. Normal. Du coup, je file quelques minutes dans le cellier pour trouver mon bonheur, et reviens avec un paquet de petits beure. Sans un mot, je me mets à l’ouvrage. Premier étage en triangles, comme pour des cartes. Avec un espace vide pour la porte. Un second étage ; ça tient. Un troisième. Quatrième. Au cinquième, une couronne de biscuits croqués en plein milieu. Et parce que tant que je suis dans mon délire, on m’en arrache pas, j’écrase l’un des Petits Lu et forme le prénom « Cassy » avec les miettes en face de la construction. Voilà, j’suis barré. « Tada ! » Cette fois, pas de geste brusque. Histoire que ça tienne plus d’une demie-seconde.

Genre la meuf qui joue les inspecteurs de police. Depuis que Gabriel est dans la cuisine ou dans je ne sais quelle autre pièce à la recherche de petit Lu, elle surveille la porte comme du lait sur le feu. Il faut dire qu’elle n’a pas vraiment envie de manger un plan. C’est pas que ça lui arrive souvent, mais il aurait très bien pu prendre peur le mec et se tirer le plus loin possible pour ne plus croiser la route de cette folle. La belle fronce très légèrement les sourcils. Tic. Tac. Bon c’est quand il veut le bonhomme là. Des bruits de pas. Elle se redresse, droite comme un i. Bingo, Gabriel le retour. Il ne dit rien. Elle fait de même de peur de le déranger. Elle l’observe. Son regard azur passe successivement du visage du garçon à ses mains. On dirait qu’il a fait ça toute sa vie. Il est tellement concentré que Cassiopée n’ose même plus bouger, c’est tout juste si elle ose respirer c’est pour dire. Il monte un étage, puis deux, puis trois, puis quatre, puis cinq. Il écrase un biscuit. Touche finale ? Il forme le pseudo de « Cassy » avec les miettes. Un geste qui fait sourire la demoiselle. Tiens c’est d’ailleurs bien la première fois depuis qu’il a commencé son œuvre que la néo-zélandaise se donne le droit de bouger. « Je suis sûre que ton secret c’est un truc du style je suis architecte spécialisé dans le petit Lu. » lâchait-elle un sourire amusé au coin des lèvres. Elle se penchait légèrement en avant afin de mieux voir la construction de Gaby. Elle n’en revenait pas. Elle était tellement admirative qu’elle ne remarquait même pas qu’à force de se pencher elle allait finir par s’écraser comme une galette sur le tas de biscuits. « Tu m’apprends ? » Non, Cassiopée pas si vite, ne bouge pas, ne … Trop tard. La jeune femme venait de se laisser glisser de son piédestal emportant avec elle le temple de petit Lu. « Oups. » Elle semblait gênée. Elle ne bougeait plus. Elle avait peur de se faire engueuler. « J’ai pas fait exprès. » Honteuse, le rouge commençait à monter à ses joues.

L’hypothèse sur mon secret qu’elle me donne me fait rire. Ca aurait le mérite d’être un intitulé original, c’est clair. Mais j’ai tendance à penser que bien que mon secret soit difficilement trouvable, il n’est pas doté de plus d’intérêt qu’un mec architecte spécialisé dans le petit Lu. C’est ça que j’aurai dû faire de ma vie, j’aurais fait fortune, et j’en serais pas à participer à une télé-réalité pour le fric. « Merde, démasqué. » je dis en jouant le jeu. « T’as plus qu’à courir dans la forêt pour buzzer. » Bon, elle n’est sûrement pas idiote au point de le faire, mais qui sait ; qui ne tente rien n’a rien. Elle promettait bien de me tuer à coups de feuille en papier pour un jugement pour homicide sur oursons en guimauve, y’a pas dix minutes. Désormais, elle me demande de lui apprendre l’architecture en petits beure. « Je sais pas, c’est un secret de famille, tu vois. » Non, pas du tout. J’ai juste envie de voir sa moue de petite fille boudeuse qu’elle sait si bien faire, c’est amusant. Mais voilà qu’elle se penche trop, et encore, et paf ; le tout tombe par terre. Tous les biscuits sont littéralement réduits en miette. Cassy s’excuse, toute gênée ; je lui adresse un sourire amusé, presque attendri. Quoi, elle est adorable, avec ses grands yeux honteux. Je l’aide à se redresser et regarde les dégâts ; « Bah, c’est pas grave. On aurait dû s’en douter, c’était la même entreprise bas de gamme que pour la tour en oursons. » Oui, oui, je rejette la faute sur des gens qui n’existent pas. « Au pire, je t’en referais un. Avec de la colle, t’sais. » Finalement, j’me baisse pour ramasser les cadavres de biscuits, j’en profite pour récupérer les oursons aussi. Je fourre le tout dans la boîte d’origine des gâteaux, parce que j’en ai rien à foutre de mélanger de la guimauve avec des miettes de petit Lu comme si de rien n’était. « Ni vu, ni connu. » J’irai même reposer tout ça dans le cellier, histoire de faire une blague au gourmand qui voudra s’attaquer au supposé contenu, mais qui aura une bonne surprise.

Mais bien sûr ma petite Cassiopée, comme si trouver un secret était si simple. Si c’était le cas tout le monde serait au courant non ? Elle ne pouvait s’empêcher de rire à la remarque de Gabriel. Après Orlando le gigolo, voici Gaby l’architecte spécialisé dans les petits Lu. Après tout pourquoi pas. En parlant de forêt. « Au fait tu sais où il se trouve le confessionnal ? Je suis tellement douée que j’ai fait un tour dans la forêt dans l’espoir de trouver un fauteuil confortable, mais je me suis perdu. » lâchait-elle en faisant une petite moue innocente. On lui aurait donné le bon dieu sans confession à cette garce. Elle était en admiration devant le garçon. Il était plutôt doué de ses mains et elle la seule chose elle ne savait qu’empiler des ours en guimauve les uns sur les autres. Elle en avait presque honte. Un secret de famille. Pfff, le radin, même pas il veut transmettre son savoir-faire à une jeune demoiselle tout mignonne qui ne ferait pas de mal à une mouche. La gamine faisait la tronche. Elle n’aimait pas qu’on lui refuse quelque chose. Changement de tactique. Elle prenait un air triste, genre le chat potté dans Shrek. « Beh imagine que je suis ta petite sœur et comme ça hop tu peux me l’apprendre. » lâchait-elle d’une voix enfantine avant qu’un sourire amusé ne vienne se dessiner sur ses lèvres roses. Elle était vraiment prête à tout pour arriver à ses fins celle-là. Sa sœur et puis quoi encore, sa femme tant qu’on y est. Merde, le temple en petits Lu, mais quelle conne cette Cassiopée. Elle ne savait plus où se mettre. Elle s’excusait sans arrêt. Il la rassurait en lui disant que les constructeur étaient les mêmes que ceux de la tour. Une regarde qui la faisait sourire. Il lui en referait un avec de la colle cette fois. Le sourire sur ses lèvres s’intensifiait. Elle se baissait pour l’aider à ramasser les cadavres de monument. Elle n’allait tout de même pas le laisser faire tout seul, ce n’était pas un domestique hein. Elle ne pouvait s’empêcher de rire en le voyant remettre le tout dans le paquet de gâteau. Oh le salaud. « Maaaaaaa, mais t’es un véritable méchant en réalité. » plaisantait-elle. Machinalement elle venait cogner de son petit poing contre le bras de Gabriel, juste pour l’embêter, juste pour le provoquer un petit peu. On allait bien voir si il était si méchant que ça.

« Je te montrerai si tu veux, j’suis devenu un véritable guide touristique de cette forêt. » Parce que je suis le mec bizarre qui visite les forêts comme on visite une baraque. Parce que Jayde aussi. Et parce que j’ai joué les guides de forêt avec elle. Mais tout ça, Cassiopée ne le sait pas, donc elle ne doit pas comprendre pourquoi je dis ça. Elle n’a pas vraiment besoin de comprendre en fait. Tout ça pour dire que, si elle veut, je peux lui montrer le confessionnal. En revanche, la technique de construction des temples en Petit Lu… Je prétexte un secret de famille, juste pour l’embêter –et pour pas dire que j’ai la flemme. Comme je le voulais, elle me fait la moue de gamine pas contente. Pour que la passation de secret passe mieux, elle dit que je peux la considérer comme sa sœur. Ma sœur est plutôt quelqu’un de coincé, le nez dans les études ; elle est gentille, mais nous n’avons jamais été sur la même longueur d’ondes. Considérer Cassy comme ma sœur, même pour rire, ça me ferait un sacré changement. « Désolé soeurette, mais t’es pas encore prête pour récupérer le flambeau. » je réponds en lui tapotant la tête doucement. « Mais bientôt, jeune padawan. Bientôt. » Ou non, aucune idée, on verra bien. Faudrait déjà qu’elle démolisse pas toutes ses constructions pour que je lui montre. Et là, c’est raté. Tout partout. Du coup, on s’y mets à deux pour tout ramasser. Tout en vrac dans le paquet, voilà, à l’arrache. Moi, méchant ? Rien qu’un peu, parce que c’est fun. « Carrément, j’suis un rebelle. J’suis capable de prendre ma douche à poil. » Ca c’est de la provoc’.

Un vrai guide touristique de la forêt ? Il voulait dire quoi là ? La brunette fronçait les sourcils, plissait très légèrement les yeux en le regardant. Elle avait presque l’air d’un inspecteur de police devant une porte qui avait été forcé ou un truc du genre. Classe non ? Ou pas. « Ouai en fait tu étais dans la baraque avant nous c’est ça ? » demandait-elle sur un ton presque sérieux, mais un petit sourire au coin de ses lèvres roses venait la trahir. Ce n’est pas comme si un guide touristique connaissait par cœur l’endroit qu’il devait faire visiter hein ; alors soit l’ange Gabriel a une mémoire eidétique, soit y’a anguille sous roche et c’est un mec de la production. Plutôt balèze la nana en déduction non ? Finalement la discussion partait sur les relations familiales. N’empêche que ça doit être énorme de faire l’émission avec son frères ou sa sœur, enfin quand on s’entend bien avec parce que sinon c’est un peu le bordel en deux temps trois mouvements. En tout Cassiopée ne se voyait pas venir ici avec l’un de ses trois frères, ils sont bien trop sérieux comme types et puis ils auraient passés leurs temps à surveiller les fesses de la demoiselle alors à quoi bon venir si c’est pour passer sa journée en col roulé assise sur son lit. Bon apparemment Gabichou ne comptait pas lui donner son secret. Une petite grimace prenait place sur le visage de poupée de la jeune femme alors qu’il venait lui tapoter tout doucement sur le crâne. Ouai genre bientôt. Elle haussait les épaules. « Ouai mais en fait je m’en fou. Je suis sûre que je peux y arriver toute seule. » Ou pas meuf. Il était peut-être temps de ramasser la nourriture qui se trouvait au sol non ? Elle n’était pas méchante la petite aux yeux couleur javel, elle était même un petit peu trop sympa quand on y pense. Elle suivait las actes de Gabriel, remettant les miettes dans le paquet. Un geste qui la faisait sourire. « Ah ouai t’es un comme ça toi ? » lâchait-elle sur un ton ironique en levant la tête vers son colocataire, posant ses yeux sur lui. « Moi je dis même pas cap. » Une nouvelle fois, elle haussait les épaules tout en reprenant le nettoyage de printemps. Elle venait de lui lancer un défi là ou bien ?

La supposition de Cassy, comme quoi j’aurai été dans la baraque avant les candidats, me laisse perplexe. J’aurai pas pensé que ma phrase la mènerait à cette déduction, mais bon. Je me dis, au final, qu’elle en a plus dans la carafe qu’elle ne veut bien le montrer. Je lui souris et réponds avec un faux sérieux ; « C’est exactement ça. » En fait, je suis architecte en Petits Lu et taupe de la production ; la classe. J’aurai rien contre, n’empêche. Après tout, c’est parfois bien fun de jouer les commères. Ouais, comme une vraie meuf. J’suis maladroit comme une meuf, d’ailleurs, à voir Cassiopée s’étaler sur la construction. J’serais curieux de la voir se débrouiller pour la refaire sans mon aide, comme elle le prétend si bien. Ca vaut bien une autre tape sur le haut du crâne. C’est ça, ouais. Continues de ramasser, on verra ça quand tu feras mieux qu’empiler des nounours en guimauve. Mais c’est un autre défi qu’elle me propose ; tenir parole et prendre ma douche à poil. La bonne blague. « Cap. » je réponds avec un sourire. « Et je dirais même ; déjà fait. Désolé ma fille, t’auras pas pu en profiter. » J’avais déjà profité d’avoir une villa presque vide pour me doucher en me foutant des caméras. Ocyllie avait, elle, pu s’en amuser. « Alors c’est plutôt à moi de te dire ; même pas cap. » Alors, petite joueuse ?

« Tant que je n’ai pas eu la chance de voir ça, c’est comme si tu n’avais rien fait. » disait-elle un sourire narquois sur les lèvres. Hors de question qu’il vienne la berner là-dessus. De toute façon il n’avait rien qui pouvait prouver à la brunette qu’il l’avait effectivement déjà fait. Cassiopée était du genre à ne croire que ce qu’elle voyait. Genre il venait la défier ? La gamine ne pouvait s’empêcher de laisser un rire franchir la barrière que formaient ses lèvres roses. « Cap. » Ses petits yeux de fouine venaient se plisser pour donner un petit peu plus d’intensité au défi. « Je peux même me mettre à poil là maintenant tout de suite si tu me le demandais. » déclarait-elle alors qu’un sourire malicieux venait prendre place sur son visage. Elle était un petit peu naturiste sur les bords la jeune femme. Il lui arrivait de se balader en tenue d’Eve chez elle à la sortie de la douche ou même chez des amis. Vous l’aurez compris Cassiopée était loin d’être pudique et puis les défis c’était carrément sa tasse de thé alors pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable.

Hm, ouais, c’aurai été trop facile si Cassiopée me croyait sur parole. Je peux bien lui dire la vérité avec toute le bonne foi possible, rien n’empêche qu’elle me prenne pour un gars qui essaye de faire le malin. Du coup, il est plutôt logique qu’elle ne me croie pas. « Dans ce cas, je t’inviterai sous la douche la prochaine fois. » Comme ça, elle pourra le voir de ses propres yeux, et être convaincue. Et les téléspectatrices seront contentes –à nouveau. Je sens que je vais passer pour un naturiste, à force. De base, y’a rien de plus normal que se doucher à poil, non ? Mais pas ici, pas devant des caméras, et des ados pré-pubères qui matent à la télévision. Bah, une seule fois, pour les jolis yeux de Cassy, et après je me tiendrais à carreau. Promis. La jeune femme, elle, ne semble pas avoir ce même problème de conscience que moi ; elle se propose carrément de se mettre nue là tout de suite. Je la regarde avec de grands yeux surpris. Non, sérieusement ? J’hésite entre être flatté que mon seul ordre la fasse finir à poil, ou me demander si toutes les cases sont allumées dans sa carafe. « J’hésite. » j’avoue finalement. « Je vais passer pour un sacré pervers si je joue le jeu. » Et ce n’est pas vraiment mon but. En une seconde de réflexion, je trouve une alternative ; « Au pire, on règle ça dans la salle de bains. » Au moins, ça passera un peu mieux qu’au beau milieu du salon.

« Mais avec plaisir mon tout mignon. » Voilà qu’elle se la jouait en mode vieille tante toute dégueulasse et qui pue de la gueule en venant lui pincer délicatement la joue comme s’il était un gamin de deux ans. Genre c’est signe affectif quoi. Il faudrait que Cassiopée soit totalement folle pour refuser l’invitation de son colocataire. Elle n’allait pas rater une telle occasion de se rincer l’œil. Elle, perverse ? Mais pas du tout et puis de toute façon sa maman lui a toujours dit qu’il ne fallait pas négliger ce que la nature nous avait donné et justement Dame Nature lui avait offert des yeux pour voir, alors autant s’en servir hein. Bien entendu, elle s’attendait au retour du bâton. Elle ne pouvait pas le défier sans rien demander en échange et du coup quoi de plus normal que l’exécution du même acte pour rigoler un petit peu. Avant d’entrer dans cette baraque, Cassiopée était plutôt du genre fière de son corps et de ses courbes, mais le physique de certaines candidates étaient venue lui rappeler qu’elle n’était pas la seule nana à se trouver sur cette planète. Malgré tout elle acceptait de prendre sa prochaine douche à poil. Elle était même prête à jouer les naturistes tout de suite s’il le voulait. Elle riait à la remarque de Gabriel. « Genre là maintenant tout de suite ? » Après tout pourquoi remettre à demain ce qu’on peut faire tout de suite hein.

Maintenant, là, tout de suite ? Je réfléchis une seconde –genre j’suis pas capable de réfléchir plus longtemps. Ouais, pourquoi pas, après tout. J’me connais, si je reporte à plus tard, ce que je fais souvent, j’vais avoir la flemme, ou je vais oublier au bout de cinq minutes. La salle de bains est pas bien loin, c’est pas dix mètres qui vont me tuer. J’hausse donc les épaules, pose le paquet rempli de Petits Lu et d’oursons en guimauve sur la table de la salle à manger, et réponds. « Ouais, à ct’instant même. Go on. » Je l’attrape par le bras et la tire jusqu’à la salle de bains sans lui demander son avis. De toute manière, c’est elle qui a proposé de se foutre à poil tout de suite, je la vois mal refuser le défi. Alors, hop, en route !

La gamine n'avait pas le temps de dire ouf que déjà Gabriel l'attrapait par le bras pour la tirer avec lui vers l'une des deux salles de bains. Elle traînait les pieds genre nonjeveuxpasyaller. Genre elle va se défiler et ne pas se foutre à poil ? Non pas du tout. Elle l'arrête avant de monter sur son dos genre Lucky Luke sur son jolie cheval blanc. « En avant Jolly Jumper !! » Après tout pourquoi pas.

Terminé pour Cassio.