Le début de l'aventure était bien compliqué pour moi. Si les autres candidats ne semblaient avoir aucun mal à s'intégrer et parler avec les autres j'avais bien du mal à me faire une place. Et je savais que en réalité je ne m'en ferai certainement jamais une. Plus les jours passaient et plus je me disais que cette aventure était une très mauvaise idée, j'avais une peur maladive d'aller parler aux autres et je préférais rester dans mon coin en attendant que quelqu'un vienne me parler, mais évidemment personne ne le faisait. Ce qui était normal, je ne suis pas un mec intéressant, et les gens n'ont pas envie de me connaître, je comprends tout à fait. J'avais au moins espéré que mon binôme puisse m'aider à me faire une place, mais je ne savais pas qui cela pouvait bien être et de plus il était hors de question que j'engage la conversation pour savoir qui cela était. Alors comme souvent j'avais décidé de me réfugier dans la lecture, et heureusement cette villa possédait une grande bibliothèque. J'aurais pu y passer des heures, un livre à la main j'étais tranquillement installé dans un fauteuil en train de lire.

Les livres avaient toujours été mes plus fidèles amis, c'était malheureux à dire mais c'était bel et bien le cas. Je n'avais pas à parler en leur compagnie et je me sentais toujours transporté, comme loin de la réalité lorsque je me mettais à lire. Je n'avais jamais eu un quelconque talent pour l'écriture, alors je suis devenu libraire. Mais croyez-bien que j'étais heureux du travail que j'exerçais tant que la seule chose dont je parlais avec mes clients était la littérature, cela ne me dérangeait pas de parler. Alors ici je ressentais toujours l'irrépressible envie de lire, de ne pas me tenir trop éloigné de ma vie. De toute manière il était certain que je ne pourrai pas survivre sans mes livres dans cette aventure, alors je bénissais la production d'avoir eu la brillantissime idée d'avoir installé dans une des deux villas une bibliothèque. Mais alors que j'étais plongé dans ma lecture, une voix me fit sursauter et les battements de mon coeur se mirent à accélérer sans que je n'y puisse rien. C'était la jeune femme qui m'avait parlé lors du prime, mon regard se voulait fuyant encore une fois au fur et à mesure qu'elle me parlait. Elle semblait presque être partie à ma recherche. Non je doutais que ce soit un jour possible que quelqu'un se demande où je me trouve. « Je ... je ... » mes joues commencent alors à s'empourprer parce que je suis gêné par la situation. Je ne sais pas quoi lui dire, et j'ai horreur que l'on me fasse remarquer que je ne parle pas assez. Je savais que cela ne partait pourtant pas d'une mauvaise intention. « Je voulais juste lire. » répondis-je alors dans un murmure ne sachant pas quoi répondre.

Je ne savais pas ce que j'étais censé lui répondre. Quand quelqu'un m'adressait la parole, les mots s'embrouillaient dans ma tête, je me mettais à trembler, à essayer de calmer les battements de mon cœur et je finissais toujours par ne plus savoir quoi dire ou quoi faire mais aussi parfois par bégayer. Je posais alors mon regard sur elle quelques secondes, avant de le détourner immédiatement. Elle m'interrogea alors sur ma lecture, c'était sans doute quelque chose dont j'étais capable oui, parler du livre que j'étais en train de lire. « Je ... Je lis Le diable au corps. Tu connais ? » demandais-je alors plus posément, même si ma voix n'était qu'un murmure parce que je ne parlais jamais très fort de peur de déranger, préférant que les autres ne comprennent pas ce que je disais plutôt que de penser que je racontais n'importe quoi.

Parler n'avait jamais été mon fort, depuis que je suis petit je me veux mutique dès que quelqu'un essaie de s'adresser à moi. Je crois que la confiance m'a toujours fait défaut et que dès qu'il s'agit de prendre la parole en public j'ai peur que l'on se moque de moi et que l'on ne me trouve pas assez intéressant ou assez bon pour pouvoir m'exprimer comme je le voudrais. Alors oui la seule fois où je suis capable de tenir une conversation c'est lorsque l'on parle de littérature, parce que je n'ai pas besoin de parler de moi, j'ai simplement besoin de raconter une histoire qui n'est pas la mienne et cela en devient tout de suite beaucoup plus aisé. « Tu devrais le lire, c'est très intéressant. Tu ... tu aimes lire ? » lui demandais-je timidement essayant tant bien que mal de poursuivre la conversation.